C'est un drôle de petit livre. Emouvant, bien qu'à l'eau de rose, il fait la morale, mais gentiment, pointant du doigt ce qui est le plus facile dans la relation sociale. Se moquer de qui est différent, donner des surnoms de préférence non choisi par ceux contraints de les porter et profiter de la gentillesse d'autrui. Au-delà de l'histoire, en fait, ce livre dit beaucoup. Il questionne. Profiter d'autrui, certes, ce n'est pas bien, tous en conviendront. Cependant, considérer la gentillesse spontanée en lui ôtant d'abord toute valeur, en la traitant avec dérision, en dit beaucoup sur les modes de vie et l'intégration sociale consentie. Dénigrer l'acte désintéressé et faire passer pour idiote la personne qui l'accomplit, a toujours existé, c'est humain, dirions-nous. Certes, mais ce n'est pas avec ce genre de réflexion que l'on fera avancer quoi que ce soit et sûrement pas l'acceptation pleine et entière, de ceux pour qui la vie ne se joue pas avec les mêmes cartes et les mêmes objectifs.
Parfait est quelqu'un de gentil, on dirait même avec cette infime touche de dérision « gentillet ». Toujours prêt à rendre service, parce que c'est sa vie, parce que cela correspond à son échelle de valeurs. Mais c'est aussi celui dont on se moque, gentiment ! Essentiellement parce qu'il ne saisit pas toutes les subtilités d'une société qui veut que tout travail mérite salaire et que la valeur de quelqu'un se mesure, d'abord, à sa position sociale et à la hauteur de son compte en banque. Parfait ne sait même pas ce que c'est, mais il sait ce que signifie apporter son aide à quelqu'un qui en a besoin ou pour faire plaisir. Quelle place accorderions-nous à ce genre de personnes ? Accepterions-nous ce qu'elle offre ? Ce qu'elle est ?
Alors, oui, ce livre est un peu fleur bleue, naïf et tendre, chamallow et toutes les expressions du même genre. Pas mièvre, certes pas, car il n'est pas fade, juste plein de bons sentiments. de ces envolées du coeur dont on se détourne car cela fait trop « old school », mouchoir brodé et leçon d'éducation civique et morale. Cependant, vient toujours un temps où la vertu de l'intégration ne se mesure plus aux belles paroles. Alors si cette histoire peut y participer, lisons-là souvent.
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- Monsieur l'imprimeur, j'ai une faveur à vous demander, dit Fortunat. Pouvez-vous remplacer la Saint-Parfait par la Saint-Glinglin ? C'est pour faire une surprise à un ami...