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Concrete tome 5 sur 4
EAN : 9781593075590
208 pages
Dark Horse (06/06/2006)
5/5   1 notes
Résumé :
Celebrity has its benefits... and its costs. Due to his status as the world's most unusual travel writer - being a thousand pounds of walking, talking rock will do that - Concrete is approached by a group of radical eco-warriors to see firsthand and write about their efforts to save old-growth forest. What begins as a lark soon turns into a harrowing struggle, and Concrete must decide whether to dispassionately observe or to join these people who would risk anything... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Killer smile qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il comprend les 6 épisodes de la minisérie "Think like a mountain", ainsi que des histoires courtes parues dans "Dark Horse presents" 16 et 28, "Concrete celebrates Earth day", "Dark Horse presents 5th anniversary", "San Diego comic-con comics" 2. Toutes ces histoires sont en noir & blanc, écrites, dessinées et encrées par Paul Chadwick.

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- Think like a mountain – Dans la première séquence, Concrete regarde son émission télé favorite : "A sky of heads". L'une des têtes explique que son propriétaire était un éco-activiste qui s'était enchaîné sur une voie ferrée, et qui a été écrasé par le passage du train. Puis il reçoit une copine de Maureen Vonnegut : Penelope Caloveglia, une membre de l'association Earth First, spécialisée dans les actions de sabotage industriel. Concrete lui explique rapidement qu'il est hors de question qu'il se compromette dans ce genre d'acte criminel.

Pris de remord quant à son comportement un peu cassant vis-à-vis de cette dame, il accepte de la recevoir à nouveau, en compagnie des autres membres de sa cellule. Il se laisse convaincre de les accompagner au Canada pour être le témoin d'une de leurs interventions, et d'en rédiger un article, de manière anonyme.

L'ouverture de cette histoire est assez déstabilisante car Concrete regarde une émission de télévision fictive dans laquelle une tête flottante parmi d'autres (dispositif scénographique psychédélique) évoque une mort particulièrement idiote et même irresponsable (car l'éco-activiste a causé sa propre mort, mais aussi celle de 2 de ses camarades). du coup Paul Chadwick semble condamner par avance toute forme de résistance illégale contre l'autorité en place, ou toute action entravant la bonne marche d'une entreprise.

La première visite de Penelope Caloveglia dissipe tout malentendu : Paul Chadwick va confronter son personnage à des éco-activistes. Dans un premier temps, le lecteur peut se demander si le scénariste poussera le bouchon jusqu'à l'éco-terrorisme. La réponse est non : ces activistes n'hésitent pas à détruire du matériel, à saboter des installations, à manipuler l'opinion publique, pour arriver à leur fin, mais ils ne vont pas jusqu'au meurtre.

Dans les tomes précédents, le lecteur avait pu constater l'existence d'une fibre écologique chez l'auteur, essentiellement de type protection de la faune et de la flore. Dans ce récit, son personnage confronte sa propre culpabilité de citoyen, aux ravages perpétrés par l'humanité à l'encontre de la planète mère. Néanmoins il ne s'agit pas d'un pamphlet ou d'un réquisitoire. Concrete est un individu au caractère posé et réfléchi, qui refuse de se laisser emporter par la ferveur militante des éco-activistes. Il observe et se fait sa propre opinion en les voyant agir. Bien sûr, les circonstances l'empêchent de rester simple observateur et il doit prendre parti en faisant usage de ses capacités physiques exceptionnelles.

Le lecteur rend donc grâce à Paul Chadwick pour avoir adopté une narration qui refuse de jouer sur la culpabilisation. Bien sûr, l'inclination de ce créateur oriente la sympathie au bénéficie des éco-activistes, mais sans cautionner leurs actions. Concrete est obligé de se mouiller et de s'impliquer. Sa présence au milieu du groupe Earth First établit le point de vue de la narration, au sein de cette cellule de ladite organisation.

Paul Chadwick emmène le lecteur dans son récit, parce qu'il évite la caricature, et le manichéisme. Les éco-activistes ne sont pas des fanatiques, mais des individus aux convictions bien arrêtées, joignant le geste à la parole, refusant la destruction de leur lieu de vie, c'est-à-dire de la planète Terre. Ils ne sont pas non plus dépeints comme des anges, des agents du bien face aux forces du mal. Les membres de la cellule ne sont pas plus intelligents que la moyenne, et il existe des frictions entre eux, comme dans toute équipe.

L'auteur prend soin de montrer par touches discrètes quelques-unes des difficultés propres à ce mode de fonctionnement. Par exemple, les membres d'une même cellule ne se connaissent pas si bien que ça, et peuvent même avoir des doutes sur les dires des uns et des autres. Untel a-t-il vraiment participé aux actions dont il se vante ? L'autre a-t-il vraiment travaillé avec tel activiste à la renommée internationale ? Pire encore, ce feu qui vient à point nommé pour emporter la décision de Concrete, est-il vraiment accidentel ou le membre le plus véhément aurait-il commis un acte criminel pour faire pencher la balance ?

Bien sûr, le récit fait état des destructions du milieu naturel, à commencer par le déboisement (avec des moyens toujours plus performants). Chadwick évoque également ces filets de pêche fantômes, qui dérivent avec des cadavres de poissons coincés dans les mailles. Il montre comment les sociétés de l'industrie du bois laissent une bande d'arbres le long des routes pour masquer le déboisement à quelques mètres derrière.

Les dessins montrent également les constituants de l'écosystème de la forêt, avec ses différentes espèces animales, les insectes. Les images transcrivent avec exactitude l'ampleur des forêts canadiennes. le lecteur éprouve la sensation d'être dans ce milieu naturel, qu'il s'y soit déjà trouvé en tant que touriste ou non. Il peut voir l'efficacité des machines-outils utilisées pour abattre les arbres. Chadwick prend également grand soin de ne transformer aucun personnage, ni en idéal romantique, ni en monstre dépourvu d'empathie. le récit se focalise sur les éco-activistes, mais les bûcherons qui apparaissent ne sont pas diabolisés, de simples êtres humains souhaitant faire le métier pour lequel ils sont payés.

Au-delà de ces considérations inévitables dans une bande dessinée sur l'écologie, le lecteur constate que Paul Chadwick équilibre avec art sa narration, en développant les thèmes de sauvegarde du patrimoine naturel, sur la base d'une aventure réaliste. le lecteur suit les pérégrinations de Concrete, ses actions, sa progression dans le milieu naturel. Il sourit quand il voit que Concret est obligé de manipuler avec délicatesse un crayon pour appuyer sur les touches de sa télécommande, qu'il fracasserait sinon, avec ses gros doigts. Il sourit également quand les circonstances font qu'un employé des douanes fore le crâne de Concrete avec une perceuse.

Avec cette histoire, Paul Chadwick décide de parler de ses convictions de citoyen sur la sauvegarde des milieux naturels. A priori, le lecteur de comics ne recherche pas forcément ce type de sujet dans son divertissement. Il a le plaisir de découvrir que Paul Chadwick n'oublie pas de raconter une histoire, avec du suspense, des touches d'humour, des personnages humains et complexes. Il constate également que les cases renvoient une image des milieux naturels visités, très enrichissantes, comme peut l'être une excursion touristique.

Certes, le récit est guidé par cette immersion au sein d'une cellule d'éco-activiste, et la narration est bâtie sur ce thème principal et omniprésent. Chadwick se montre un auteur assez sophistiqué pour ne pas transformer son récit en un réquisitoire, pour mettre en scène la complexité de la question, tout en prenant parti pour l'urgence à agir, à ne pas laisser faire, à prendre conscience de ne pas détruire irrémédiablement notre lieu de vie, la Terre. 5 étoiles.

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- Ce tome comprend également 7 histoires courtes. (1) Like Disneyland, only toxic (6 pages) – Concrete répète le discours qu'il prononcera à l'occasion du Jour de la Terre. (2) A billion conscious acts (6 pages) – Concrete prend conscience de toutes les composantes de l'écosystème qu'il dérange à chaque fois qu'il fait un pas dans un champ. (3) Objects of value (8 pages) - Concrete organise une action civique de ramassage de déchets au sol dans son quartier.

(4) Steel rain (4 pages) – Lors d'une croisière sur le fleuve Amazone, Concrete fausse compagnie à l'équipage pour aller sauver un arbre. (5) Riotous life (13 pages) – Concrete prend Maureen et Larry chacun sur une de ses épaules, pour progresser dans la forêt amazonienne. (6) Stay tuned for Pearl Harbor (8 pages) – Lors d'un trajet en voiture, Maureen Vonnegut imagine qu'elle ne fait plus qu'un avec la nature environnante, et essaye d'imaginer la nouvelle perspective qui est la sienne. (7) A sky of heads: with a wimper (8 pages) – Concrete oblige Larry à regarder une émission de "A sky full of heads", où un individu évoque un camarade de classe devenu champion de course à pied.

Ces 7 histoires ont été choisies du fait qu'elles s'insèrent dans la thématique écologique du récit principal. Comme dans les tomes précédents, le lecteur constate que Paul Chadwick maîtrise avec élégance l'art de la nouvelle, chaque récit étant consistant et disposant d'une solide structure narrative. le premier récit prend la forme d'un discours en bonne et due forme, très convaincant. Il fait un peu froid dans le dos car les solutions proposées par Concrete à l'échelle de l'individu (pour enrayer le gaspillage des ressources) sont toujours d'actualité aujourd'hui (en 2015), et toujours pas généralisées, alors que leur pertinence a été attestée à maintes reprises depuis la parution initiale de ce récit.

Dans les récits suivants, Paul Chadwick adopte un ton plus léger, mais toujours aussi décillé. Lorsque Concrete organise une action citoyenne de ramassage des déchets, il constate que très vite l'appât du gain supplante les bonnes volontés. Il varie les formes de narrations, avec la très belle rêverie de Maureen Vonnegut, qui permet de changer de point de vue sur l'activité humaine, donnant une autre dimension à son besoin de nourriture et à ses déjections. Mais à nouveau il ne s'agit pas pour l'auteur de simplifier le propos, de diaboliser les êtres humains, ni même de passer d'un point de vue centré sur l'homme à un point de vue centré sur l'écosystème. Son objectif serait plutôt de rétablir un équilibre entre ces 2 approches de l'utilisation des ressources, et de l'aménagement du territoire.

À nouveau, Chadwick apporte une attention particulière à dessiner de manière réaliste les milieux naturels, qu'il s'agisse de la faune ou de la flore. Une partie de la qualité divertissante de ces récits provient de cette dimension naturaliste, qui ne tombe jamais dans le documentaire animalier.

Alors que le lecteur aurait pu craindre que ce tome se réduise à un pamphlet écologique, toute l'intelligence de Paul Chadwick reste mise au service d'une narration naturelle, avec comme trame de fond la question de l'impact de la vie humaine sur les milieux naturels. Son mode de présentation modéré fait qu'il est impossible de ne pas s'interroger sur son propre impact individuel, sur l'état de la Terre quand nous la laisserons à nos enfants, sur l'obligation de préserver le milieu naturel, ne serait-ce que pour pouvoir continuer à y faire des affaires. Une très grande réussite !
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