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Citations sur Dans sa chair (44)

“On ne craint que pour ce qu’on aime. Ne pèse que ce qui compte. Mon amour.”
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Meriem lui apparaissait apaisée, il avait senti son ancrage profond parmi les gens, il y avait en elle une simplicité qui le reposait, un refus de penser, de commenter, une aptitude à vivre sans transformer ce qui était vécu, sans se l’approprier, une spontanéité qui rappelait la sûreté de ses gestes au bloc opératoire, l’intuition immédiate de ce qui est donné.
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Il y avait eu dans cet amour, dont elle avait senti la croissance en elle comme on sent qu’on porte une vie nouvelle qui affecte la sienne propre de manière irréversible, une urgence désespérée à se retrouver en marge de leurs vies vécues ailleurs, la sienne à lui pleine à craquer de déjeuners familiaux, de liens sociaux joyeux et cossus, du moins l’imaginait-elle ainsi, les dimanches où elle l’attendait, le jour déclinant, dans son appartement où persistaient – elle avait pourtant largement entamé la trentaine – des traces de sa vie d’étudiante libre et insoucieuse d’un confort organisé, fils tendus dans la salle de bains minuscule où séchait le linge, ses soutiens-gorges en coton et dentelle blanche, les bas noirs ou couleurchair, un jean aux jambes minces raidies par la chaleur du chauffage à gaz sur roues en hiver, le vieux canapé de la pièce à vivre recouvert d’un plaid coloré pour dissimuler les accrocs du tissu qui le revêtait initialement, les livres posés en piles sur la table, des rideaux de brocart ancien cousus par sa mère.
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Il le savait, les temps sont durs pour ceux qui vieillissent, lui-même avait pris autrefois part à la curée, alliant à la sûreté de son geste la morgue rentrée du jeune chirurgien qui voit la première fois chanceler son maître, une grimace de douleur au cours d’une intervention trop longue, des lombaires qui trahissent, parfois le scalpel tremble à peine dans la dure lumière du bloc ; mais c’était un signe pour l’équipe à l’affût, et lui, prompt à soulager le maître, suppléant adroitement un geste incisif, dont la justesse le saisissait, qu’il terminait sur un signe de tête de celui à qui il devait tout, et dont il anticipait déjà la déchéance prochaine.
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Il savait ce qui l’avait blessée, son commentaire sur un geste audacieux, Meriem avait tendance à prendre des risques pour réparer le plus précisément possible une lésion cérébrale, mais lui désapprouvait la confiance insolente de certains chirurgiens dans leurs gestes, ne jamais mettre en danger une fonction essentielle, améliorer encore et encore, avec pour limite absolue la mise en danger de ce qui était intact.
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Il lui semblait avancer sur une terre qui se dérobait sous ses pieds, ses mains aveugles tâtonnant à la recherche de ce qui hier encore était là sans qu’il eût le souci d’y penser.
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Quelques jours sans alcool, il se l’était promis pour atténuer le tremblement de ses mains, mais la première rasade creuse dans son corps une coulée chaude, vivante et sa chair s’éveille à la caresse du soleil qui envahit la terrasse où règnent les chats étalés sur le sol tiédi. Il poursuit son chemin, bousculant un matou qui s’étire, et regagne la paix de sa chambre ouverte sur le jardin avec un soupir de soulagement, avale une longue goulée du liquide ambré, à nouveau cette sensation tiède jusque dans les reins, comme au sortir du bloc, quand il rejoignait Meriem dans la pièce de repos des internes, verrouillant la porte derrière lui, le ventre en feu, vivant jusqu’aux orteils, que pesait le reste face à la fête de sa chair embrasée ?
 
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Toujours il y avait eu entre sa mère et lui l’ombre de l’autre fils, son frère Jawad, si doué, elle le répétait à l’envi, évoquant les facéties du jeune enfant d’une voix légère qui ressuscitait celle qu’elle avait dû être avant et dont il ne se souvenait pas, ou à peine, image fugitive d’une jeune femme joyeuse, pleine de candeur, qui adorait danser, tournoyant, son jeune enfant dans les bras au rythme des chansons mélancoliques d’Abdelhalim.
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Avant l’éblouissement de Médée, il y avait eu cette fille rencontrée à la faculté de médecine de Rabat, Siham, native de Marrakech, vive et douce, si dévouée pour le jeune interne qu’il était alors. Elle l’avait accompagné longtemps, n’exigeant rien, attentive à ses besoins, comme si le charisme du jeune médecin, sa bonté nonchalante, ses attentions sporadiques étaient pour elle un viatique suffisant.
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Ismaïl la regardait sans bienveillance, ouverte, ba­­varde, désireuse de plaire, et d’une partie de lui-même qu’il n’aimait pas, ne respectait pas, surgissait ce jugement qu’il avait entendu de nombreuses fois prononcé par sa mère, s’agissant de jeunes filles qui franchissaient le seuil de l’appartement de célibataire qu’il occupait dans le quartier de l’Agdal, où elle venait séjourner avec lui, lavant son linge, cuisinant pour le fils prodige les plats qu’il affectionnait, lui que les années de spécialité terminées à Paris avaient éloigné : “Elle manque de réserve”, la sentence tombait comme un couperet, tranchant les prémisses d’un lien mort-né.
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