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Citations sur Les destinées sentimentales (43)

Dans la crèche pleine de foin il y avait un mort, boutonné dans sa capote bleue, son képi sur la tête. Personne n'y prenait garde. Il est venu là, pensait Jean, se tenant le ventre ou le côté, comme tant d'autres qui, une fois touchés, se lèvent du sillon et s'en vont debout dans la fusillade, indifférents à tout nouveau danger. Il s'est couché dans cette crèche qui ressemblait à un lit. A-t-il pensé aux siens, à un pardon, à une affaire mal arrangée qui, au dernier moment, l'a turlupiné, ou s'est-il revu bambin dans les foins? On donne sa vie, quand on est vivant, mais on garde sa mort pour soi. Dans cette ultime pensée du soldat blessé qui, plus que le malade, se voit mourir, que trouverait-on? Sans doute des figures douces, plus de femmes que d'hommes, et plus de vieilles que de jeunes; ou bien seulement un "enfin" qui n'a pas besoin d'être dit.
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Jean tenait le bras de Pauline et ils marchaient sans parler, unis par ce pas confiant, cette intimité de leurs corps rapprochés, communicative et inépuisable.
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Il envisage le retour de Nathalie sans inquiétude. Leur passé a été vicié par une erreur qu'il peut corriger maintenant. Jadis, son attitude était faussée par un souci de défense personnelle, hypocrite et aveugle. Aujourd'hui il connaît l'amour: une indulgence infinie, un ravissement pour des riens, une bonté involontaire, un complet oubli de soi-même. Il peut recommencer l'existence commune avec Nathalie; il se proposera uniquement de la rendre heureuse; il ne pensera plus à lui-même; il pardonnera les propos irritants, la frivolité enfantine, la vanité, le caprice, tout cela qui paraîtrait peut-être exquis chez une autre.
Songeant à cet avenir, il se dit que le sacrifice n'est pas une contrainte, un choix difficile et qui implique une privation, mais une pente naturelle du coeur, où l'on s'abandonne avec un sentiment de plénitude...
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- Dans la vie, tout de même, il y a de jolies choses... Il faut de la patience pour les voir, il faut les chercher... Ce qui se perd dans le monde d'aujourd'hui, c'est l'amour...
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La plus grande épreuve pour l'homme est d'être toujours ramené à sa mesure. Il doit se contenter pour toute grandeur d'accepter ses limites.
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Dans la chambre, il voit une blouse de Pauline sur le lit, ses souliers jetés au milieu de la pièce, son peigne avec quelques cheveux enroulés. On sent un parfum d'iris, la chaleur odorante du feu de bois dans le poêle de faïence et comme un silence animé, caressant, une présence féminine en suspens dans l'air. Il se dit: "J'habite chez une femme. Je ne suis pas chez moi, ici. Elle est toute la maison."
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" Le sentiment, la méditation, la contemplation rendent l'homme plus conscient, exclusif et enivré de soi. La pensée la plus haute s'oppose à l'effacement de soi, à l'accord nécessaire entre le particulier et l'universel, entre l'homme et la mort".
Cet effacement de soi que la pensée refuse s'opère naturellement dans l'action. "A la Fabrique, se dit Jean, je suis dépouillé de mes réactions élémentaires". Mais il a conscience de cette soumission. S'il est absorbé dans un organisme étranger, absent de lui-même, transformé dans sa substance, une voix libre que rien ne submerge, centre de l'être protégé contre toutes les vicissitudes, continue en lui son murmure.
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"Aimer une femme c'est le bonheur", se disait Jean. Par une femme, seulement, on adhère à la vie, on saisit un objet réel, on connaît la beauté, on a une raison d'être. Mais cet amour suppose un cœur apte à le recevoir et une complète soumission, afin que la femme domine par sa douceur même. Pauline n'aura jamais tort, elle ne sera jamais vieille, elle sera toujours la plus charmante, la plus sage, la plus noble. Elle n'impose rien. Son pouvoir vient de Jean; elle n'existe que par lui. Cette abdication, cette création, c'est l'amour.
Elle règne dans la maison, compétente et divinatrice. Mais l'homme ne disparait pas entièrement. Dans cet amour où il semble aveuglé, réduit, satisfait, il ne cesse d'exister; il cherche encore; il n'est pas sûr d'aimer ou d'être aimé; il doute s'il est heureux; un dialogue sans issue commence où chacun parle pour soi, reconnait sa propre faiblesse dans l'autre, l'effrayante complexion humaine, l'abîme des êtres, l'impossibilité d'aimer sans exigences terribles.
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L'aimer sans l'admirer, est-ce possible ? Il faudrait reconstruire une autre image, l'aimer avec ses petitesses, se résigner, s'accomoder... L'aimer davantage à cause de ses faiblesses, la préférer humaine...
"L'accepter telle qu'est... A partir de cette acceptation commence vraiment l'amour... Elle est attachée plus que moi à certaines formes de la vie (...)".
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Par une femme, seulement, on adhère à la vie, on saisit un objet réel, on connaît la beauté, on a une raison d'être. Mais cet amour suppose un coeur apte à le recevoir et une complète soumission, afin que la femme domine par sa douceur même. Pauline n'aura jamais tort, elle ne sera jamais vieille, elle sera toujours la plus charmante, la plus sage, la plus noble. Elle n'impose rien. Son pouvoir vient de Jean ; elle n'existe que par lui. Cette abdication, cette création, c'est l'amour.
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