Le bonheur de Barbezieux /
Jacques Chardonne
Dans ce court récit autobiographique,
Jacques Chardonne raconte sa jeunesse dans une province française, la Charente, le pays du cognac, qui vivait alors au rythme des vendanges et des lunes. Il écrit : « La vraie passion de ces gens était pour leur travail, pour la vigne, pour ce cognac dont ils buvaient très peu mais qu'ils respiraient volontiers et qui demande pour s'accomplir sans artifices en sa lente maturation beaucoup de mérites de tout un peuple. L'amour pour les choses bien faites ou pour la bonne substance , et le discernement que cet amour implique , et la patience , le courage qu'il veut , c'était la seule religion du Français dans ma province , et pour moi c'est encore une philosophie . »
Il faut savoir qu'alors le maître de chai était une véritable puissance à tous les niveaux et que le tonnelier était fier de sa doloire qui évidait une douve sans aucune bavure. Cependant les « grands n'étaient pas toujours dépourvus d'âme et le peuple avait beaucoup d'esprit, » ajoute l'auteur. Il parle là de la grande bourgeoisie provinciale.
Tout au long de l'évocation,
Jacques Chardonne vante la lumière particulière de sa Charente natale : « La lumière de la Charente existe, sans pareille en France, même dans la Provence. Elle n'est pas traduisible en mots. »
Ce texte paru en 1938, reste un des plus célèbres de l'auteur, il touche les citadins que nous sommes devenus car nos racines paysannes ou provinciales restent enfouies au plus profond de notre enfance et de la mémoire de notre famille. Chacun d'entre nous retrouve alors ses propres souvenirs en lisant.
Un très beau livre de réminiscences évoqués dans un style magistral, limpide, sobre et plein de tendresse.