j'eus dix-sept ans jadis
mes yeux les queues rouges de comètes folles
déchirant les cieux dans un fracas de feu
j'ai bondi de planètes en abîmes
tout mon corps balafré déchiqueté
après la lutte corps à corps
contre les araignées pourries de l'Infini
mes mains pleines d'étoiles frémissantes
comme tisons incrustés dans mes chairs
mais aujourd'hui je suis guéri
du mal de vivre de mon pays
j'ambitionne d'écrire
un hymne à la splendeur du monde.
J'écoute la musique de la lumière
parfois c'est la voix douce du matin qui chante
et les notes qui brillent
se déposent avec grâce
sur les feuilles comme gouttes de rosée
parfois tous les reflets de la rivière scintillent
comme les cuivres et les bois d'un grand orchestre
une petite branche que le vent balance
est la baguette d'un invisible chef
caché parmi les arbres de la rive
j'écoute debout ...
lisez-moi dans le vol d'un oiseau
et je vous parlerai de liberté
avec des mots de plumes et d'azur
lisez-moi sur la neige
dans les pistes rousses d'un renard
et je vous parlerai de la fourrure du feu
lisez-moi dans les sillages du vent sur l'eau
et je vous parlerai des sourires de l'été
lisez-moi dans le cœur des rivières
et je vous parlerai des profondeurs des femmes
où nagent des enfants d'espoir
lisez-moi dans la flamme d'une bougie
et je vous parlerai de son combat
fragile contre la nuit
lisez-moi dans les couleurs de l'arc-en-ciel
et je vous parlerai d'un pont de joie
entre le rêve et le réel
lisez mon cri d'amour
dans les flamboiements rouges du couchant
lisez mon roman de passion
quand la mer ouvre ses cuisses de houles
pour accueillir son amant de rayons
lisez-moi dans le soleil
lisez-moi dans le soleil
qui d'est en ouest sur la page bleue du ciel
narguant la mort
traçant le feu de son sillage d'or
écrit chaque jour d'une main ferme
son si miraculeux poème
j'ambitionne d'écrire
un hymne à la splendeur du monde
et les mots chantent battent des ailes
dans le feuillage touffu de mon coeur
quand ils prendront leur vaste essor dans la lumière
j'aurai ouvert pour eux le ciel tel un haut livre
où ils pourront planer dans le poème immense
d'un univers réinventé
par mon grand rêve de beauté
Les oiseaux ce matin
sont les paroles qui s’envolent
de l’arbre en fleurs de mon cœur
aujourd’hui je suis guéri
du mal de vivre de mon pays
je recommence ma vie
je compose aujourd’hui le poème
que je voulais écrire à dix-sept