"La forêt est un piège à ciel ouvert et si la leçon est mal apprise, elle se referme sur vous, tel un tombeau."
Une femme mystérieuse (on ne sait rien d'elle, ni son passé, ni son nom) vit seule depuis 6 ans dans la vallée de Chavagne (clin d'oeil au nom de l'auteur), au coeur de la forêt du Paradis, dans une grotte qu'elle a aménagée. Elle mène une vie spartiate, s'imposant une discipline stricte, quasi religieuse, et sa vie est parfaitement réglée entre surveillance, chasse et méditation. Un jour, une détonation vient perturber cet équilibre...
C'est du Nature Writing à la française, et l'auteur s'inspire de la poésie et des romans à couper le souffle de
Jim Harrison pour la description des paysages, de
Cormac McCarthy pour l'ambiance noire du roman et de
Ron Rash pour construire la psychologie de son héroïne.
Nous sommes complètement immergés dans cette forêt, et plongés dans le silence : il n'y a pas un mot de dialogue dans ce court roman. Nous suivons sa survie quotidienne, dans les moindres détails. Les descriptions sont précises et font appel à nos cinq sens (on sent l'amertume de sa galette à la farine de glands !). Elle se fond dans le paysage jusqu'à devenir végétale. Nous apprenons qu'elle s'est volontairement retirée de la société mais la découverte d'une liseuse électronique et de son panneau solaire la reconnecte brièvement à un semblant d'humanité.
La tension est constante. Pourquoi s'est-elle imposée ce mode de vie ? Pourquoi a-t-elle perdu son humanité ? Il y a une vraie tension tout au long du roman, un doute entretenu : on l'aime, on la déteste, on s'interroge, puis on cesse de la juger.
Ce roman ne peut laisser personne indifférent : on aime ou on n'aime pas, et je vous invite à le lire pour vous faire votre propre opinion...
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