LES VENTS NOIRS
En langage nombreux
les hommes dévastent la terre
la déchirent de rafales
l'écrasent d'épouvante
l'enterrent sous les morts
Dans la spirale des âges
Aux vents noirs de la haine
l'amour est trop léger
Pas de clé à la poésie
Pas de ciel
Pas de fond
Pas de nid
Pas de nom
JEUNESSE
Jeunesse qui t'élances
Dans le fatras des mondes
Ne te défais pas à chaque ombre
Ne te courbe pas sous chaque fardeau
Que tes larmes irriguent
Plutôt qu'elles ne te rongent
Garde-toi des mots qui se dégradent
Garde-toi du feu qui pâlit
Ne laisse pas découdre tes songes
Ni réduire ton regard
Jeunesse entends-moi
Tu ne rêves pas en vain.
PORTEURS DE CICATRICES
Les morts aux visages rompus se redressent
La langue des humiliés se gonfle
Orageuse se lève la marée des victimes
Mais prenez garde porteurs de cicatrices
Éteignez dans vos chairs les volcans de la haine
Piétinez l'aiguillon et crachez le venin
qui vous apparenteraient un jour aux bourreaux
Étouffez ces clairons ces sonneries
qui forcent la ressemblance
qui commandent le talion
Questionnez vos viscères
Percez vos propres masques
Soyez autres !
REGARDER L'ENFANCE
Jusqu'aux bords de ta vie
Tu porteras ton enfance
Ses fables et ses larmes
Ses grelots et ses peurs
Tout au long de tes jours
Te précède ton enfance
Entravant ta marche
Ou te frayant chemin
Singulier et magique
L’œil de ton enfance
Qui détient à sa source
L'univers des regards.
Mais, je le sais, jeunesse se lasse
Avant que l'âme n'ait déserté.
Accepterons-nous d'être sans âge,
Demain, sous le soleil de mai ?
DEBOUT DANS MON PRÉSENT
Debout dans mon présent
Le passé l'avenir sont mes fleurs de saison
J'aurais pu ne pas être
Ignorer cette histoire
Et le sort de l'amour
Aventure sans raison
J'aurais pu ne pas être
Et plus mort que les morts
Debout dans mon présent
Le passé l'avenir sont encore mes saisons
LES MONTAGNES
[...]
Les vents qui se cachent aspirent la trace de mes pas
Destination: arbre
Parcourir l'arbre
Se lier aux jardins
Se mêler aux forêts
Plonger au fond des terres
Pour renaître de l'argile
Peu à peu
S'affranchir des sols et des racines
Gravir lentement le fût
Envahir la charpente
Se greffer aux branchages
Puis dans un éclat de feuilles
Embrasser l'espace
Résister aux orages
Déchiffrer les soleils
Affronter jour et nuit (...)
" Debout dans mon pésent
Le passé l'avenir sont mes fleurs de saison"