Entre eux, entente à demi-mot,
Sans que le mot entier soit dit.
Un jour pourtant, l'un le dira,
Quand l'autre ne sera plus là.
Le centre est là
Où se révèlent
Un Oeil qui voit,
Un Coeur qui bat.
Le sort de la bougie est de brûler.
Quand monte l'ultime volute de fumée,
Elle lance une invite en guise d'adieu :
"Entre deux feux sois celui qui éclaire !"
ENVOI
Ne quémande rien. N'attends pas
D'être un jour payé de retour.
Ce que tu donnes trace une voie
Te menant plus loin que tes pas.
L'invisible s'est fait sentir : les foudres ont frappé ;
Le mouvement tellurique a changé de cadence.
Les arbres ont tremblé ; les bêtes ont couru.
Déracinés, les humains seuls dans l'ignorance.
Au bord de l'immense, à l'heure fixe de l'été,
Le soleil tombant dru oblitère notre ombre.
Senteur d'herbe bourdonnant de mouches, d'abeilles,
La prairie nous déporte loin, où naît le tonnerre.
Nous longeons tard le soir un vallon inconnu,
Espace encore éveillé : arbres en émoi,
Oiseaux en joie, mais nous passons notre chemin,
La nuit hâtant nos pas vers un morne chez-soi.
Le Vide. C'est alors qu'au fond de soi
S'ouvre à nouveau la Voie qui du Rien
Avait fait naître le Tout, où la vie
Vécue se découvre en neuve partance.
La lumière n'est belle qu'incarnée, à travers
Un vitrail ou le verre d'une bouteille de vin...
Consentons donc au sort d'être un œil fini
Qui se fait reflet de l'Eclat infini.
Le vrai toujours
Est ce qui tremble
Entre frayeur et appel,
Entre regard et silence.