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Je remercie chaleureusement les éditions Noir d'Absinthe pour l'envoi, en service presse, du recueil de nouvelles La folie et l'absinthe.
Il y a 13 nouvelles, je ne vais pas toutes vous les présenter mais me contenter de vous parler de celles qui m'ont le plus marquées.
Céline Chevet ouvre le bal avec Je plonge, tu plonges, nous plongeons.
Une nouvelle qui nous fait découvrir un effaceur de crimes. J'ai trouvé ça très intéressant, très bien tourné et ce fût une très jolie surprise pour commencer :)
Brune d'Emilie Chevallier Moreux nous présente une jeune femme prénommée Brune. Une nouvelle à la fois sombre et lumineuse, où folie et réalité se côtoient. J'ai été touchée par le personnage de Brune et j'ai apprécie l'écriture de l'auteure.
Les illusions de Cyprien Eisenberg de Geoffrey Legrand met à l'honneur Cyprien.. et ses illusions dues à l'absinthe. Cela m'a beaucoup plu.
La fée du réservoir de Dorian Lake, est une de mes nouvelles préférées. Cette fée est surprenante, attachante. L'absinthe et la folie sont très présentes dans cette nouvelle, que j'ai adoré.
L'absente de Sarah Buschmann traite de façon très surprenante de la folie. C'est à la fois classique et original de part les idées, et c'est très bien écrit. Là encore, j'ai passé un bon moment de lecture :)
Dans Manuel d'anthropologie botanique d'Audrey Salles, l'auteure nous présente... une plante (l'absinthe) qui pousse à l'intérieur d'une femme. J'ai trouvé ça vraiment excellent. Il y a énormément de bonnes idées dans cette nouvelle, qui m'a captivé.
La dernière nouvelle qui m'a beaucoup plu est Elizabeth de Cécile Pommereau. Nous découvrons une fée verte qui en fait voir de toutes les couleurs à Laurent...
La folie et l'absinthe est un très bon recueil de nouvelles avec un thème très original. Cela change des recueils traitant de la mer, de l'été, d'une région en particulier.
J'ai apprécié que la folie et l'absinthe, cette boisson si mystérieuse, soit au coeur des écrits de ces auteurs inconnus mais qui écrivent sacrément bien. Il y a beaucoup de poésie, de folie, de magie aussi dans ce recueil.
Et j'ai eu un coup de coeur pour la couverture, que je trouve magnifique.
Je suis vraiment très contente de ma lecture, et je mets un très joli quatre étoiles et demie à La folie et l'absinthe.
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La nouvelle c'est compliqué. Il faut être bref mais pas trop implicite, garder du souffle, et monter, monter en pression jusqu'à la chute. La nouvelle supporte mal le délayage, à mon sens. Et ça marche ici. L'ensemble est d'une grande qualité. Chaque texte aborde de manière très personnelle les deux thèmes de la folie et de l'Absinthe sans que l'on sente un quelconque exercice imposé.

Un coup de foudre et deux coups de coeur pour moi : “Je plonge, tu plonges, nous plongeons” de Céline Chevet qui ouvre la danse. Histoire d'un effaceur de crimes et de tentations délictueuses. Je suis restée absolument scotchée par cette plume sûre et nerveuse, par sa capacité à créer un monde en deux ou trois traits secs et précis, par cette imagination débridée.

“Le monde est noir. Les pieds plantés dans une flaque d'eau trouble, je regarde le souvenirs de l'homme défiler en miroir. J'y vois la prison dans laquelle il a croupi toutes ces années, je sens dans ma gorge les palets lyophilisés qu'il se glissait dans l'oesophage, le craquement de sa mâchoire résonne dans le néant. Une bouche se dessine, mâche, crache ; les dents se tendent vers moi comme des serpents prêts à mordre.”

Et puis aussi “Les diables noirs” de Patrice Quélard, sur un bataillon d'infanterie légère pendant la première guerre mondiale. Et “Manuel d'anthropologie botanique” d'Audrey Salles à propos d'une femme qui abrite un plant d'absinthe dans son ventre. Parce que la guerre tenait toute sa place dans un recueil sur la folie pour le premier et que la narration est impeccable. Et pour la douce et douloureuse fantaisie de la seconde qui croque si justement les aberrations de la nature humaine.

Je ne peux pas parler de tout ici, même si j'en ai vraiment envie. Tout ça est vraiment très réussi ! D'une grande qualité littéraire et qui augure vraiment d'un bel avenir pour cette jeune maison.

Merci aux auteurs, merci à Dorian Lake, auteur de la tout à fait déjantée “Fée du réservoir”, et éditeur de ce recueil, de m'avoir permis d'en parler ici.
Lien : https://chikitalit.com/la-fo..
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J'aime les anthologies parce qu'elles permettent d'explorer une thématique sous plusieurs angles. L'unité de ce recueil vient de la diversité des styles, des plumes, de la taille des textes, et de la manière dont les écrivains se sont emparés du sujet.

Fantastique, réalisme, SF. Interludes et textes plus longs. La variété réside également dans le traitement de l'absinthe. On retrouve son pouvoir addictif, son côté romantique chez les poètes du XIXème siècle; sa personnification en petite fée verte, aussi. Mais j'ai aimé ses diverses représentations : elle n'est pas que boisson, elle est aussi pastille, médicament, pilule, ou encore plante parasite dans son ensemble.

La mise en scène des textes concourt également à unifier le recueil. Chacun est à la bonne place, relié aux autres d'une certaine façon, ce qui permet un dialogue entre les nouvelles. La dernière nouvelle clôt particulièrement bien le recueil, comme la scène finale d'un dernier acte. Les interludes sont comme des entractes, redonnant au lecteur du souffle après les émotions ressenties et s'apprêter à replonger dans la folie verte. Ils entretiennent également l'intérêt et la curiosité.

Mais à mon sens, La folie et l'absinthe manque de force dans certains textes; de folie, même. Plusieurs semaines après la lecture, j'ai déjà oublié quelques textes, pas très marquants dans la durée. Je m'attendais à quelque chose qui perde beaucoup plus les pédales, qui explose davantage, qui s'enfonce plus fortement dans le vice et le non retour possible. Tous les textes n'avaient pas la même force, certains m'ont semblé un peu en-dessous.

Mais j'ai eu plaisir à retrouver des autrices que j'apprécie beaucoup, notamment Morgane Stankiewiez et Sarah Bushmann. J'ai aussi beaucoup aimé la nouvelle d'Audrey Salles.

Sur le blog, retour en détail sur chacune des nouvelles du recueil.

Lien : https://zoeprendlaplume.fr/n..
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Une pépite originale à lire !!!

Je suis tombée sur une pépite, avec ce livre. D'habitude, je ne lis pas de recueils de nouvelles, les romans ayant ma préférence. Je me suis pourtant laissée tenter par le sujet de ce recueil : l'absinthe, breuvage mystérieux qui a la faculté de rendre fou et dont abusaient les artistes du XIXème siècle.

Je n'ai vraiment pas été déçue.

D'abord, les nouvelles sont toutes très bien écrites, et de plus dans un style différent : la facilité de lecture m'a plu et j'ai trouvé ce mixage de styles vraiment original.
Ensuite, les histoires : elles s'inscrivent résolument dans le genre du fantastique. Elles tournent toutes autour de l'âme humaine, qu'elles sondent à la recherche de ses vices. Autant le dire tout de suite, elles se terminent mal !
Bien que j'en eusse aimé certaines plus que d'autres, elles m'ont toutes, sans exception, accrochée dès les premiers paragraphes !

J'ai particulièrement aimée la nouvelle "Juste au cas où ", écrite comme un conte pour enfants, qui raconte, à travers les souvenirs d'enfance d'un grand-père, la recette de fabrication de l'absinthe et l'origine du nom "La fée verte" ; une recette horrible, fruit du ruissellement de la fonte des neiges au travers des cadavres d enfants assassinés.

Le fonds du recueil est bien documenté, les recherches sont sérieuses, et je subodore que l'auteur / certains des auteurs ont dû expérimenter eux-même le breuvage pour sortir des histoires aussi originales !

L'ensemble reste cohérent, vraiment agréable à lire, accrocheur, pertinent et sulfureux à souhait. Un vrai parti-pris qui tient la route ! L'ambition d'une anthologie sur ce thème de l'absinthe est pour moi validée. Ce livre est donc une réussite et mérite d'être connu.

Merci à Noir Absinthe pour ce beau recueil.
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Ce recueil de 13 nouvelles entraînera le lecteur dans une folie parfaitement maîtrisée. La fée verte, surnom qui sera donné à cet Absinthe si particulier, sera l'élément central de nos courtes histoires.

Nous allons y découvrir des hommes et des femmes prêts à tout pour goûter à cette fée verte, volontairement ou non, elle attire et attise un feu ardent dans les entrailles de ses proies.

Accrochez-vous bien, car une fois plongé dans ce recueil, vous n'en sortirez pas indemne ! Chaque histoire nous entraîne dans un lieu et un monde différent, peuplée de personnages que la folie guette depuis un coin sombre de leur esprit. Depuis bien longtemps, l'absinthe est réputée pour rendre folle, utilisée par de nombreux artistes au fil des années, l'absinthe est devenue source de curiosité. Entre mythes et réalités, il n'y a qu'un pas à franchir.

Nous aurons la surprise d'y découvrir tout un panel de caractère et de personnages très variés, qui, séduite par cette délicieuse et attrayante fée verte, seront prêt à commettre tout et n'importe quoi du moment qu'ils peuvent ne serait-ce que l'effleurer un bref instant.

Ce recueil de nouvelles joue sur le mythe de la folie lié à l'Absinthe, par différents moyens et différentes formes, nous plongeons dans l'univers torturé de plusieurs protagonistes qui nous livrerons progressivement le commencement de leur folie .. son développement .. et enfin sa fin, si toutefois, il devait y en avoir une .
Le travail dont on fait les auteurs sur la psychologie des personnages est tout simplement fantastique, rien n'est survolé, tout est disséqué pour nous montrer les différents types de folie dans laquelle l'être humain peut plonger.

De mon côté, je n'ai pas aimé toutes les histoires, une question de goût tout simplement, mais il est clairement évident que certaines histoires séduiront ou non le lecteur. Après tout, nous sommes nous aussi capable d'effleurer cette folie, et nous y réagiront chacun à notre façon, alors, comment pensez-vous réagir ? La fée verte saura t'elle vous séduire ?
Lien : https://magicalworldbook.blo..
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Cette chronique ne sera pas aussi longue que d'ordinaire, étant donné que nous ne pouvons pas développer un avis construit pour treize nouvelles différentes au risque de vous perdre.

Soyez toutefois certains qu'en plongeant dans cette anthologie, vous caresserez du bout des doigts les aspérités de l'être humain, révélées pour la plupart par ce breuvage émeraude, tantôt amer, tantôt sucré. Cet alcool qui a fait parler de lui et construit une réputation auprès des artistes. L'absinthe rend-elle fou ? Ou est-ce l'inspiration qu'on lui jalouse au point de la dénigrer ?


Vous rencontrerez treize univers différents, allant de la dystopie, de l'anticipation, à l'horreur et au fantastique. Vous déambulerez dans les couloirs d'un hôpital déroutant, rencontrerez une jeune femme qui ouvre la bouche au soleil, un lieutenant de la gendarmerie prévôtale durant la Première Guerre mondiale, un étrange bonhomme qui se penche devant un réservoir, un pauvre bougre en quête d'une nouvelle vie, une jeune paysanne à la beauté nymphale se plaisant à danser sur la rive… Vous voyagerez à bord d'un étrange vaisseau et dans les tréfonds de l'âme humaine. Vous voguerez entre passé, futur, le possible et l'impossible.

Une série de textes diversifiés aux plumes tout aussi hétéroclites qui titillera la sensibilité de chacun. Amoureux de l'Imaginaire et du décorticage des nuances ronronnant en chacun de nous, vous trouverez forcément votre compte : bien évidemment, toutes les nouvelles sont susceptibles de ne pas être à votre goût, mais toutes ont le potentiel d'être l'élue de votre coeur.


Il suffit d'un personnage plus qu'un autre, d'une intrigue qui vous parle davantage, d'un thème supplémentaire qui titille votre imaginaire, une fin qui constitue l'apothéose de ce que vous attendiez, comme vous surprendre assez pour marquer votre esprit.

Les auteurs et autrices de cette anthologie ont l'air d'affectionner ce sursaut de stupeur final, terminant par un irrémédiable « Oh. » Mais ils peuvent aussi apprécier de ne pas donner de conclusion, justement. de vous laisser là, pantelants, les neurones cogitant sur ce que vous venez de lire… ils entrouvrent une porte derrière laquelle vous trouverez ce que votre propre imagination est capable de produire pour poser le dernier point. Une fin heureuse ? Ou, au contraire, une chute toujours plus vertigineuse ?


Imagination, il y en a. Les auteurs ont su redoubler d'inventivité pour concocter ce breuvage littéraire. L'originalité, la pierre angulaire de Noir d'Absinthe, s'assied une nouvelle fois sur son trône.

Nous sommes suspendus au fil conducteur de tous ces récits : la Fée Verte. Personnifiée, réelle, imaginaire, un fond de verre ou la bouteille pleine, c'est elle qui nous dirige dans les couloirs qu'elle a creusés pour nous, muse de ce collectif d'écrivains talentueux.


À cela s'ajoute une direction soignée, un choix subtil dans l'enchainement des nouvelles. Un mot, une phrase, un thème qui fait écho à l'autre. le rythme aussi, fond comme forme.

On tombe, on remonte, on respire, on suffoque, on ahane, on s'apaise.

Dans notre rétine, les couleurs changent dès que nous passons le portail d'un nouvel univers, d'une nouvelle histoire, mais un seul éclat reste : l'émeraude.

Les treize auteurs vous proposent un verre.

Bois, et ils te diront quelle folie tu es.
Lien : http://marmiteauxplumes.com/..
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D'habitude, les recueils de nouvelles ne sont pas mon genre de lecture. J'étais néanmoins curieuse de les découvrir, le thème central étant original.

Il y a plusieurs nouvelles que j'ai adoré, je pense notamment à celle écrite par Morgane Stankiewiez et Audrey Salles qui sont vraiment sorties du lot pour moi. Les autres sont bien aussi, certaines m'ont beaucoup plu, d'autres m'ont moins marqué.

C'était une lecture intéressante.
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Ce recueil est une très bonne surprise. En effet, dans les anthologies à multiples plumes, on trouve souvent un ou plusieurs textes de moindre qualité (voire, parfois, médiocres). Ce n'est pas le cas ici : tous les textes sont d'un très bon niveau littéraire, aucun ne fait figure de parent pauvre. Qu'ils soient courts ou longs, aucun n'a à rougir, du premier au dernier.
Bien sûr, en fonction des goûts de chacun, on accroche ou pas au thème ou à l'écriture. Pour ma part, je les ai tous lus, sans en sauter un seul, comme cela m'arrive trop fréquemment dans les recueils.
J'ai retrouvé des plumes connues (Patrice Quélard, Cécile Pommereau, Sarah Buschmann), j'en ai découvert de nouvelles. Une chose est sûre, toutes m'ont donné envie de lire plus de chaque auteur !
Le thème qui donne son titre à l'anthologie est décliné de multiples manières, de la dystopie à l'historique, en passant par le fantastique, le poétique, l'anticipation, le steampunk, le burlesque... Dans certains textes, les catégories se mêlent et s'emmêlent avec brio, pour le plus grand bonheur des lecteurs. La folie de la fée verte nous entraîne dans des univers très différents les uns des autres et pourtant complémentaires. Elle circule du passé (excellentissime Les diables noirs), à des présents étonnants ou des futurs improbables, se jouant chaque fois des risibles humains.
C'est brillant, enivrant, une plongée dans l'onirisme dément de cette absinthe tant décriée. Et on en redemande ! J'ai refermé le recueil à regret.
Je connaissais déjà la maison Noir d'Absinthe, l'excellence de ses publications et sa ligne éditoriale exigeante, grâce à quelques titres en ma possession. Avec La folie et l'absinthe, elle prouve, si besoin était, qu'elle n'a rien à envier aux "grandes" maisons d'édition.
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Lu pendant le Pumpkin Autumn Challenge, j'ai beaucoup apprécié les multiples univers proposés par ce recueil et la manière dont leur thème principal, folie et absinthe, est traité de manière créative et différente. Voici donc 13 nouvelles au goût de la fée verte, par 13 auteurs qui vous emporteront des confins de l'espace à des univers d'anticipation, de contes gothiques à des événements farfelus se déroulant à notre époque. Une jolie manière de découvrir la plume de plusieurs auteurs des éditions Noir d'Absinthe

Mon avis général sur le recueil
Tout d'abord, je remercie les éditions Noir d'Absinthe pour ce service presse un peu tardif concernant mon Pumpkin Autumn Challenge bien avancé.

Mon choix s'est porté sur ce recueil car au vu du titre, je pensais y trouver des nouvelles steampunk. En effet, la figure de la fée verte et de l'absinthe sont assez présents dans les récits steampunk et surtout dans les costumes de la communauté. Au final, je n'ai trouvé qu'une nouvelle qui s'approchait de l'esthétique steampunk, mais j'ai quand même bien apprécié la lecture de ce recueil dans son ensemble pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, comme indiqué en introduction, le thème du recueil a beau être identique pour toutes les nouvelles, il est traité vraiment différemment par les auteurs. Cela donne une multitude d'univers différents très intéressants, mais aussi des récits au style complètement uniques qui varient d'une lecture à une autre.

Le recueil comprend 13 nouvelles de 13 auteurs différents : Céline Chevet, Wilfried Renaut, Émilie Chevallier Moreux, Geoffrey Legrand, Amaryan, Dorian Lake, Arthur-Coriolan Wilmotte, Sarah Buschmann, Patrice Quélard, Audrey Salles, Roland Voegele, Cécile Pommereau, Gillian Brousse. Si j'en connais certains, comme Céline Chevet, j'ai découvert totalement les autres avec une prédilection pour Cécile Pommereau et Dorian Lake (alias Morgane Stankiewiez).

Lire un recueil de nouvelles, c'est donc un bon moyen pour moi de découvrir en format court plusieurs auteurs vers lesquels je n'irais pas forcément au premier abord, par méconnaissance ou manque de publicité. Ici, pas de tromperie sur la marchandise : si tu as apprécié la nouvelle ou le style, cela te donne envie d'aller plus loin. Cela tombe bien : La plupart sont édités chez Noir d'Absinthe !

D'une manière générale, le recueil est bien équilibré au niveau des histoires et assez cohérent. On y trouve des nouvelles très courtes de 3 pages maximum à des plus longues d'environ 12 pages. Idéal pour varier le rythme de lecture, ou si l'on souhaite sauter des nouvelles pour y revenir après.

Mon avis sur chaque nouvelle
JE PLONGE, TU PLONGES, NOUS PLONGEONS, CÉLINE CHEVET
Résumé : Dans un futur pas si éloigné, on réhabilite les criminels dans la société grâce à une procédure d'effacement de leurs souvenirs, au nom du droit à une seconde chance. Ce qui les a poussé à tuer, quand ils ont tué, qui et comment : tout est effacé grâce à une drogue appelée Absinthe et à des techniciens, les plongeurs, qui se connectent physiquement aux criminels pour substituer les souvenirs. Notre héros est un plongeur, rongé par la drogue de l'absinthe, ne vivant que pour ces plongées cauchemardesques dans la tête des meurtriers. Sa rencontre avec un nouveau patient va changer la donne. Léon Gers dit semble avoir tué sa petite-amie par accident. Mais était-ce vraiment un accident ?

Mon avis : Un univers bien glauque avec un personnage principal un peu paumé et aux allures de junkie sans avenir, voilà ce qui nous est proposé dans cette nouvelle. Entre les descriptions des meurtres des tueurs en série, et les différentes plongées du héros pour lequel tout s'embrouille au fur et à mesure, on frissonne de dégoût…et on en redemande ! Céline Chevet a réussit à construire un univers cohérent et ultra-intéressant avec des questions éthiques et sociétales particulièrement justes. J'aurais bien aimé aller plus loin dans l'histoire malgré une fin sans équivoque, car il y a là un terreau pour un roman complet. Une nouvelle d'anticipation aux allures d'un épisode de Black Mirror qui ravira les fans d'horreur et les enquêteurs hors pair.

JUSTE AU CAS OÙ, WILFRIED RENAUT
Résumé : République Tchèque, le petit Stépan a fait un cauchemar et a du mal à se rendormir. Il a rêvé qu'on lui mordait l'orteil dans son sommeil et a peur de rester seul dans le noir. Son grand-père décide de lui raconter une histoire qui a eu lieu à Prague il y a longtemps. L'histoire d'un jeune orphelin sans domicile qui avait intégré une école privée assez riche en faisant de menus travaux pour le directeur. Mais ses camarades fils de riches ne cessaient de le tourmenter et de détruire les endroits où il se réfugiait pour dormir. Quand l'hiver vint, le garçon se réfugia alors dans le cimetière….

Mon avis : Cette nouvelle se présente comme un conte tchèque très gothique avec quelques mots (tchèques ?) pour se mettre dans l'ambiance. Elle explique l'origine de l'absinthe en République Tchèque à sa manière, sur fond de harcèlement scolaire. L'ambiance est assez sombre et l'on visite en même temps la ville de Prague au début du siècle, qui n'est pas vraiment reluisante. J'ai beaucoup apprécié l'atmosphère bien sombre et sordide ainsi que les deux rebondissements associés à chaque récit : ce qui arrive au garçon dans le conte, et ce qui arrive à Stepan et son grand-père une fois l'histoire terminée. Une histoire pour dormir qui vous fera faire de beaux cauchemars…

BRUNE, EMILIE CHEVALLIER MOREUX
Résumé : Brune est une jeune fille libre et insouciante qui aime se promener nue dans la brume tôt le matin quand tous sont endormis. Tous ? Pas sûr. le Faune Lidoire a surpris la jeune fille et ne rêve que de la posséder, mais sans son consentement…

Mon avis : Une histoire ayant lieu dans un univers médiéval fantastique avec un faune fier de son forfait et une jeune fille brisée par un viol. Ici l'absinthe jouera un rôle salvateur et tragique dans une ambiance douce-amère et mélancolique. La plume de Emilie Chevallier Moreux est empreinte d'une délicate poésie malgré le sujet assez grave qu'elle évoque. Bien que très courte, cette nouvelle ne vous laissera pas indifférente.

LES ILLUSIONS DE CYPRIEN EISENBERG, GEOFFREY LEGRAND
Résumé : Cyprien est le cadet d'un grand et riche industriel dans un univers situé au début d'un XXème siècle uchronique. Relégué au rang de paria par son père qui lui reproche la mort de sa mère en couches, il ne vit que pour espérer un jour se faire aimer de son parternel. Mais malgré ses efforts, c'est toujours Ferdinand son frère ainé qui remporte les lauriers. Un jour de beuverie avec son ami débauché Ignace, il goûte à l'absinthe. La folie s'empare alors de lui et les digues de sa frustration se déversent emportant tout sur son passage…

Mon avis : Une industrie qui fonctionne grâce à l'exploitation des créatures magiques, une absinthe à la poudre de fée qui rend fou… Geoffrey a su en quelques pages créer un univers et surtout un personnage principal frustré par manque de reconnaissance et d'amour qui craque sous la pression et l'assistance d'une substance assez dangereuse. Pourtant, une citation d'Oscar Wilde en début de nouvelle mettait bien en garde le lecteur ! le message est clair : in vino veritas, ou plutôt la vérité est dans l'absinthe, comme si la folie était une forme de clarté d'esprit. Elle ferait ressortir nos désirs les plus secrets, les plus sordides et nous montrerait la réalité telle qu'elle est. Une nouvelle à la limite d'un univers steampunk qui exploite les failles de l'humain.

FANTÔMES DE GLACE, AMARYAN
Résumé : Espace, un empathe est envoyé sur la planète Encelade pour réaliser un premier contact avec les possibles formes de vie présentes sur place. le contact est effrayant, puissant, un puit sans fond… mais était-il réel ?

Mon avis : J'avais laissé cette nouvelle pour la lire à la fin, car je ne suis pas très fan de Science-Fiction au sens premier du terme. Et pourtant, Amaryan a su me captiver et me glacer d'effroi. Ici, l'absinthe est sous forme de bulles vertes calmantes que l'empathe prend régulièrement pour stabiliser ses émotions et réaliser une meilleure connexion possible. Mais en aurait-il trop pris ? le contact a-t-il vraiment eu lieu ? L'univers tel que le décrit Amaryan est assez intéressant avec ces êtres formés uniquement dans le but de prendre contact avec des entités sur des planètes à explorer. le contact avec la vie que l'on devine est oppressant, effrayant. On vit la descente aux enfers de l'empathe avec lui sans pouvoir se débattre. C'est un grand constraste avec le début de la nouvelle où l'empathe se prépare en toute quiétude à la descente sur la planète. Une nouvelle qui interroge nos perceptions et une possible vie ailleurs que sur Terre.

LA FÉE DU RÉSERVOIR, DORIAN LAKE (ALIAS MORGANE STANKIEWIEZ)
Résumé : Germain a tendance à tuer les gens. Bon, il ne le fait pas exprès, c'est juste qu'il ne se contrôle pas quand il est en colère. Là, il est engoncé dans une camisole de force dans un fourgon blindé, direction la prison ou l'asile, façon Seigneur des Agneaux. Sauf qu'une petite voix venant du réservoir du véhicule est prête à l'aider. C'est celle de la fée du réservoir. Après tout, Germain n'a rien à perdre. Et qui sait ? Peut-être que la fée est bien roulée…

Mon avis : J'ai adoré cette nouvelle pour plusieurs raisons. Tout d'abord, elle se situe dans une sorte de Paris Steampunk où l'énergie qui alimente la ville provient des fées vertes, créatures magiques enfermées dans des réservoirs, réverbères, usines, pour profiter de leurs pouvoirs magiques. Ensuite, elle propose une galerie de personnages assez formidables : le héros est un voyou appâté par l'argent et les jolies filles qui ne recule devant rien pour mener à bien ses ambitions, malgré une intelligence réduite. Absinthia la fée du réservoir est aussi retorse que jolie. Melchior, le roi de l'industrie et l'emprisonneur de fées est aussi important que ridicule physiquement. Et les poètes, privés de leur muse d'inspiration et n'écrivant plus que des documents utilitaires deviennent de parfaits terroristes pour récupérer leur fée verte. Bref, tout est réuni pour une fronde de libération des fées menée par notre ami Germain. La chute est tout aussi mémorable que l'ensemble de cette histoire. L'ambiance rappelle un peu le Paris des Merveilles de Pierre Pevel, mais en plus voyou et plus canaille. Bref, une nouvelle qui ravira les fans de steampunk autant que des anti-héros.

LE MANQUE-TOUJOURS ARTHUR-CORIOLAN WILMOTTE
Résumé : Dans une pièce, enfermé à double-tour, un personnage soliloque avec une personne absente. L'absinthe l'a rendu fou, paranoïaque et triste.

Mon avis : Avec Brune, il s'agit d'une des nouvelles les plus courtes du recueil : elle fait trois pages. le lecteur est plongé dans les réflexions d'un accro à l'absinthe suite à une déception (amoureuse ?). Au fil du temps, par manque d'argent, le personnage tombe dans un état de manque et exorcise ses démons en parlant à une personne absente ou à lui-même. le texte est fort, l'addiction puissante, la folie présente. On ne ressort pas indemne de cette lecture très concise qui fait réfléchir sur l'addiction en général.

L'absente, Sarah Buschmann

Résumé : Clara est dans un hôpital psychiatrique géré par des robots pour cause de troubles suicidaires. Elle se sent en décalé avec les autres qui sont ultra-connectés et recherche le contact humain, apparemment absent depuis un moment dans cet univers. Comme elle ressasse en permanence les souvenirs d'un passé peu glorieux, elle accepte de suivre un nouveau traitement à base d'Artemisia Absinthium. Si au début elle va un peu mieux, elle va devenir peu à peu paranoïaque vis à vis de l'établissement. Ou peut-être que ses peurs seraient fondées ?

Mon avis : Traiter du thème de la folie avec pour décor l'hôpital psychiatrique, c'est facile. Pourtant Sarah Buschmann a su innover en appuyant sur le côté froid de l'hôpital, renforcé par l'absence de personnel soignant humain, l'établissement étant totalement robotisé. Les patients le sont un peu également avec une sorte d'implant qui leur permet de recevoir des données directement au cerveau… sauf si ce sont des hallucinations, bien sûr. La nouvelle mélange deux temporalités : celle de Clara dans l'hôpital suivant son traitement et celle de Clara avant l'hôpital et les raisons qui l'ont conduite à venir. le sujet de la dépression avec ses différentes phases est également abordé de manière sérieuse , en dehors de la paranoïa, ce qui est assez rare en littérature. L'absinthe comme traitement médical qui mène à la folie était une innovation assez intéressante. La chute est totalement inattendue et m'a laissée pantoise. Bref, une nouvelle qui m'a laissée une forte impression et m'a donné envie de découvrir la plume de Sarah Buschmann.

Les diables noirs, Patrice Quélard

Résumé : Gérardmer, Vosges, 1915, le lieutenant Tavernier, ancien soldat devenu gendarme surprend le reste d'un bataillon de chasseurs à pied qui a établi son camp dans une cabane au fond de bois enneigés. Il enquête sur des massacres d'allemands dans les tranchées, retrouvés à moitié dévorés. L'homme passe la nuit avec le bataillon à compter les morts et à boire un alcool très fort qui lui fait voir des choses surréalistes. Au petit matin, il est retrouvé au petit matin dans la neige avec des souvenirs confus sur ce qui a eu lieu la veille… A-t-il rêvé cette soirée ?

Mon avis : Dans cette nouvelle fantastique avec fond historique, l'auteur nous fait réfléchir sur la guerre, son absurdité, ses conséquences pour les soldats. Tavernier a été réformé suite à une blessure et vit sous drogues pour calmer sa douleur. Aussi après sa nuit étrange avec le bataillon, entre l'alcool et la drogue, personne ne le croira quand il racontera ce qu'il s'est passé. Et après-tout, a-t-il vraiment vu une louve-garou ou était-ce les effets de l'absinthe ? Même le lecteur est dans le doute, ce qui rend très inquiétante cette nouvelle. La chute concernant les « soins » apportés aux victimes de guerre et aux aliénés fait carrément froid dans le dos. Une nouvelle située entre l'historique et le fantastique qui ne vous laissera pas indifférente.

Manuel d'anthropologie botanique, Audrey Salles

Résumé : de nos jours, une jeune étudiante sent pousser une plante dans son ventre. Sur son palais des feuilles d'absinthe émergent. Après avoir vu un médecin qui a évoqué un parasite, elle décide de garder la plante comme un secret. Mais en entamant une relation amoureuse avec un certain V., elle va devenir malgré elle le centre de l'attention d'une secte organisée par son amoureux autour de la consommation d'absinthe.

Mon avis : Une histoire qui me rappelle une autre nouvelle lue dans le recueil Elle est le vent Furieux, aux éditions Flammarion. On part d'un fait fantastique pour terminer sur un avertissement associé au monde des sectes, mais aussi à un clin d'oeil sur l'absurdité des arguments contre l'avortement. Si la plante pousse comme un foetus, sa destruction serait associée au meurtre un être vivant. Il se trouve que la plante en question est de l'absinthe aux effets euphorisants et aussi dévastatrice qu'une drogue. Mais visiblement, cela n'a pas d'importance pour la société dans laquelle vit l'héroïne. Au fur et à mesure de l'histoire, on accompagne l'héroïne dans la croissance de sa plante, la construction de la secte, et ce qui en découle en se demandant comment tout ceci va se terminer. La fin est pleine d'absurdité mais très cohérente avec l'univers. Je n'ai pu qu'admirer le détachement avec lequel l'héroïne vit tout cette expérience. Je serais personnellement devenu folle.

Mathilde mon absinthe, Roland Voegele

Résumé : Un poète accro à l'absinthe narre ses pérégrinations entre réalité et fantasme, auprès de sa douce Mathilde. Mais Mathilde est-elle réelle ou plutôt ressemble-t-elle à l'image alcoolisée qu'il s'en fait ?

Mon avis : C'est la nouvelle que j'ai le moins appréciée dans le recueil, car je n'en ai pas bien compris la chute. Néanmoins, le style de l'auteur est assez délicat, avec un vocabulaire très poétique et halluciné, rendant totalement crédible le personnage de sa nouvelle. le poète est comparable à un opiomane qui cherche sa dose en compagnie d'une prostituée. Mais il ne semble pas se rendre compte de l'absence de beauté de toute la situation tellement il est imbibé. Une nouvelle qui décrit parfaitement les dangers de l'addiction : souvenirs confus, réalité illusoire, mais pas l'état de manque. La chute n'en sera que plus brutale.

Elisabeth, Cécile Pommereau

Résumé : A notre époque, Laurent est accro à l'absinthe et se laisse complètement dépasser dans son addiction. La seule chose qui le sauve de la déchéance : Elisabeth, la fée de l'absinthe, qu'il est le seul à voir. Elisabeth l'asticote jour et nuit pour qu'il arrête de boire et reprenne une vie normale… jusqu'au jour où elle disparaît…

Mon avis : J'ai pris grand plaisir à lire cette nouvelle qui m'a fait beaucoup rire, malgré le tragique de la situation. Les dialogues entre Laurent et Elisabeth sont succulents et l'on sent le désir sincère de la fée aux allures revêches d'aider l'humain qui la voie, même si cela signifie disparaître. La fin un peu coquine ravira certains. Une nouvelle sur la métaphore de notre bonne conscience qui nous pousse à sortir de nos mauvaises habitudes. Un vrai coup de coeur.

Please stand by, Gillian Brousse

Résumé : Un écrivain en mal de sensations fortes et dégoûté du monde qui l'entoure décide de réaliser un projet fou, accompagné d'une serveuse enceinte.

Mon avis : Cette nouvelle m'a fortement faite pens
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Le livre en main, on apprécie la qualité du bébé et la classe interdimensionnelle de la couv'.

Noir d'Absinthe, c'est du sérieux.

Au détour des images que les auteurs dépeignent, leur ton, leur langue, j'ai envie de m'enfouir sous terre pour ne pas être dérangé dans ma lecture.

Chacun sa vision, de la langue, du sujet. Chacun son traitement, même si des thèmes et des situations se font échos.

Je ne veux pas trop détailler la sève de ces textes, j'ai quelques coups de coeur avérés, sans pour autant rejeter les autres, qui m'auront juste moins parlé :

Juste au cas où – Wil Fried Renaut.
Grosse baffe dans la mouille, la maitrise de l'ambiance est là et sa version de la fée verte est géniale, tout simplement, pas d'autres mots.
Ah si : Classe. Sombre. Truculent (parce qu'on à jamais assez l'occasion de le placer, celui-là, surtout dans son sens premier : terrible, farouche, féroce.)

Brune - Émilie Chevallier Moreux Auteur.
Saisissant conte où une langue lumineuse dépeint un monde qui l'est beaucoup moins. Une fable amère et adulte.
Merci.

La fée du réservoir – Dorian Lake.
Un Paris Steampunk nimbé de vapeurs d'absinthe, le pari de distiller une histoire de bas fond peuplée de bas du front très humains qui s'opposent à ceux qui leur font courber l'échine. Et un peu d'absurde MontyPhytonesque à mon goût. C'est ma came.

L'Absente – Sarah Buschmann.
La chute qui fait mal autant que le texte vous rend tout moite et mal à l'aise. Une ambiance oppressante à la K.dick. Waouh.

Les Diables noirs – Patrice Quélard.
Trop bon, l'auteur entremêle histoire et Histoire avec une merveilleuse gouaille d'époque. La scène clé, la chute, est ciselée comme un oignon qui fait même pas pleurer, sauf de frustration de n'avoir jamais su écrire quelque chose d'aussi bien mené.
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