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Critique de Cancie


À force de penser à ces longues et douces plaines du Nord-Est, Garri prend l'initiative de partir du camp, maintenant que c'est possible, à pied, pour tenter de les rejoindre. C'est par une belle journée de printemps qu'il se met en route. Jamarr, Saul qui est muet et Emmett un jeune adolescent sont les seuls à avoir décidé de l'accompagner dans ce long périple, espérant pouvoir y reconstruire leur vie. Ils sont tous porteurs d'un sac à dos et Garri et Jammar ont en outre un ballot en bandoulière sur le devant du buste où se trouvent les rations. Deux jours plus tard, ce sera une rencontre inattendue avec un homme qui est en train de s'enfoncer dans une sorte de marais. Ils vont réussir à le ramener sur la terre ferme, lui et ses précieux dessins de pétroglyphes. Il s'agit de Ruslan qui, le lendemain, les conduira à son village où vit entre autres, Tayna. Ces deux personnes se joindront alors à eux pour escalader les montagnes qui paraissent infranchissables afin de pouvoir gagner ces fameuses plaines.
C'est ce voyage ou plutôt cette expédition qui est relatée dans ce roman composé de trois parties : le plateau, la montagne, et enfin les plaines. Cette équipée sera essentiellement physique, notamment lorsqu'il s'agira de triompher de cette barrière redoutable que sont ces hautes montagnes. Elle sera aussi aventureuse quand il s'agira de choisir le bon chemin et pénétrer dans ces villages en ruines.
Mais c'est avant tout le cheminement humain et les personnages qui ont retenu toute mon attention. Des personnages sobres qui parlent peu, mais qui pourtant, chacun à leur manière, expriment leurs sentiments tout au long de ce que l'on peut appeler un exode vers un lieu accueillant. Dans les difficultés et l'inconnu vers lequel ils se dirigent, il est impossible de ne pas être charmé par ce jeune Emmet égrenant ses mélodies tout au long du parcours et par Saul, ce poète muet qui ne l'a pas toujours été. de magnifiques moments de poésie nous sont offerts notamment avec la réaction d'Emmet lors de l'agonie de ce cheval trouvé dans les ruines ou cette séquence bouleversante lors de l'achat de livres par Tyna. Superbement évoquée également la connivence entre ce gamin et Saul. Un grand sentiment de fraternité traverse tout le roman.
J'ai vraiment cheminé et bataillé à leurs côtés, sentant les graminées m'effleurer, appréhendant l'entrée dans ces maisons en ruines et surtout j'ai craint de ne jamais arriver à franchir ces montagnes et descendre cet immense pierrier, avec toujours l'espoir chevillé au coeur, tout ceci grâce au talent de l'auteur également passionné de montagne.
Comme à chacun de ses romans (Le héron de Guernica, La nuit tombée, L'impasse, L'incendie, Une forêt d'arbres creux, Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar, Contre-courant), j'ai été conquise par l'écriture d'Antoine Choplin, une écriture très sobre et pudique, pleine de sensibilité et à la fois très puissante. Sans aucun nom de lieu, sans que l'on sache où se situe ce récit, l'auteur nous embarque dans une quête de liberté à valeur universelle où l'espoir et la solidarité sont les moteurs. Il donne vie ainsi, à tous ces exilés obligés de fuir, prêts à tout supporter pour retrouver la liberté, qui rêvent d'un lieu où enfin pouvoir s'établir et revivre.
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