AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,79

sur 41 notes
5
6 avis
4
7 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
1 avis
Plonger dans un livre d'Antoine Choplin, c'est entrer dans un monde bien à lui, se fondre dans une atmosphère à la fois mystérieuse et envoûtante.
J'avais vraiment aimé lire le Héron de Guernica, L'Impasse, La Nuit tombée, Une forêt d'arbres creux et Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar et je reconnais que Nord-Est est de la même veine avec cette qualité d'écriture inimitable, à la fois simple et soignée.
Antoine Choplin m'a embarqué sur les pas de Garri, Emmette, Jamarr et Saul qui rêvent de rejoindre les plaines du Nord-Est. Ils étaient dans un camp qui semble avoir ouvert ses portes et n'en peuvent plus d'attendre des camions pour les emmener. Ils décident donc de partir à pied et de passer au plus court, par les montagnes, pour retourner dans ces plaines dont ils sont originaires et dont ils éprouvent une nostalgie bien compréhensible.
Dans quel pays sommes-nous ? En quelle année nous trouvons-nous ? Quel est ce régime totalitaire qui a enfermé, torturé ces hommes ? Impossible de le savoir précisément. À chacun de se faire sa propre idée. L'auteur est assez fort pour ne donner aucun indice trop précis.
Par contre, il raconte le périple de ces hommes - auxquels une femme, Tayna, se joint dès le pied des montagnes – d'une façon qui captive l'attention, faisant craindre le pire à chaque page.
Le sauvetage de Ruslan, un homme qui recherche les pétroglyphes gravés autrefois dans la montagne, ajoute un nouveau compagnon à l'équipe conduite par Garri, un homme très avisé.
Avec ces pétroglyphes, ces gravures, j'apprends que des hommes ont tenté de les effacer. Cela fait penser aux destructions de vestiges archéologiques au Moyen-Orient. Ruslan, pour sauver ces traces d'une civilisation disparue, passe son temps à rechercher ces pétroglyphes et à les dessiner pour en conserver malgré tout la mémoire.
La traversée des montagnes est décrite avec une précision remarquable. J'avais l'impression d'être avec ce petit groupe. J'ai ressenti la chaleur, le froid, la pluie, les violents orages, l'humidité pénétrante de la brume mais aussi les tensions, les hésitations de certains, leurs doutes et admiré leur courage.
Sans rien révéler de plus, j'ai été profondément ému par une scène, au coeur des montagnes, après de violents orages, où la poésie est mise à l'honneur grâce à Saul.
Nord-Est, ses plaines, est-ce un mirage, une destination rêvée, idéalisée ? Pour le savoir, il faut lire et se laisser emporter par le dernier roman signé Antoine Choplin.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          1124
À force de penser à ces longues et douces plaines du Nord-Est, Garri prend l'initiative de partir du camp, maintenant que c'est possible, à pied, pour tenter de les rejoindre. C'est par une belle journée de printemps qu'il se met en route. Jamarr, Saul qui est muet et Emmett un jeune adolescent sont les seuls à avoir décidé de l'accompagner dans ce long périple, espérant pouvoir y reconstruire leur vie. Ils sont tous porteurs d'un sac à dos et Garri et Jammar ont en outre un ballot en bandoulière sur le devant du buste où se trouvent les rations. Deux jours plus tard, ce sera une rencontre inattendue avec un homme qui est en train de s'enfoncer dans une sorte de marais. Ils vont réussir à le ramener sur la terre ferme, lui et ses précieux dessins de pétroglyphes. Il s'agit de Ruslan qui, le lendemain, les conduira à son village où vit entre autres, Tayna. Ces deux personnes se joindront alors à eux pour escalader les montagnes qui paraissent infranchissables afin de pouvoir gagner ces fameuses plaines.
C'est ce voyage ou plutôt cette expédition qui est relatée dans ce roman composé de trois parties : le plateau, la montagne, et enfin les plaines. Cette équipée sera essentiellement physique, notamment lorsqu'il s'agira de triompher de cette barrière redoutable que sont ces hautes montagnes. Elle sera aussi aventureuse quand il s'agira de choisir le bon chemin et pénétrer dans ces villages en ruines.
Mais c'est avant tout le cheminement humain et les personnages qui ont retenu toute mon attention. Des personnages sobres qui parlent peu, mais qui pourtant, chacun à leur manière, expriment leurs sentiments tout au long de ce que l'on peut appeler un exode vers un lieu accueillant. Dans les difficultés et l'inconnu vers lequel ils se dirigent, il est impossible de ne pas être charmé par ce jeune Emmet égrenant ses mélodies tout au long du parcours et par Saul, ce poète muet qui ne l'a pas toujours été. de magnifiques moments de poésie nous sont offerts notamment avec la réaction d'Emmet lors de l'agonie de ce cheval trouvé dans les ruines ou cette séquence bouleversante lors de l'achat de livres par Tyna. Superbement évoquée également la connivence entre ce gamin et Saul. Un grand sentiment de fraternité traverse tout le roman.
J'ai vraiment cheminé et bataillé à leurs côtés, sentant les graminées m'effleurer, appréhendant l'entrée dans ces maisons en ruines et surtout j'ai craint de ne jamais arriver à franchir ces montagnes et descendre cet immense pierrier, avec toujours l'espoir chevillé au coeur, tout ceci grâce au talent de l'auteur également passionné de montagne.
Comme à chacun de ses romans (Le héron de Guernica, La nuit tombée, L'impasse, L'incendie, Une forêt d'arbres creux, Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar, Contre-courant), j'ai été conquise par l'écriture d'Antoine Choplin, une écriture très sobre et pudique, pleine de sensibilité et à la fois très puissante. Sans aucun nom de lieu, sans que l'on sache où se situe ce récit, l'auteur nous embarque dans une quête de liberté à valeur universelle où l'espoir et la solidarité sont les moteurs. Il donne vie ainsi, à tous ces exilés obligés de fuir, prêts à tout supporter pour retrouver la liberté, qui rêvent d'un lieu où enfin pouvoir s'établir et revivre.
Commenter  J’apprécie          911
Et voilà l'un de mes nouveaux coups de coeur de 2021.

Ils sont quatre : Garri, le plus expérimenté, Jamarr, Saul, le poète qui ne dit rien, et Emmett, le plus jeune.
Ils quittent le camp – on ne sait pas où se trouve – pour un ailleurs meilleur, au Nord Est.
Mais il va falloir passer au travers des montagnes, et on ne sait pas comment ça va se passer – ce sera assurément périlleux.

Ils vont croiser Ruslan, qui cherche des « pétroglyphes » - ces pierres comportant un dessin symbolique gravé et qu'on peut qualifier d'art rupestre – mais Ruslan est mauvaise posture : emprisonné dans les marais, il a la chance de croiser les 4 hommes, qui vont le tirer d'affaire. En échange, il les guidera vers son village.

Là-bas, ils vont faire la connaissance de la belle Tayna, qui va leur emboiter le pas et les suivre dans la traversée de la montagne. Là-haut, les éléments (la pluie, l'orage, la foudre) leur dicteront leur loi – mais on n'en dira pas plus pour laisser le plaisir aux futurs lecteurs de suivre leurs aventures.
Qu'est-ce qui poussent ces hommes à marcher, sans presque s'arrêter, dans une nature qu'on découvre sous la plume de l'auteur, sans savoir dans quel pays cette aventure se situe ?

L'écriture d'Antoine Choplin, qu'on connaissait déjà avec l'excellent « Héron de Guernica », ou « Radeau » ou encore « Léger fracas du monde » (un titre superbe), se confirme : on suit l'ambiance au travers de ces petits dialogues ponctués de la description des gestes des quatre hommes et on visualise très vite la scène.

On pense à l'écriture de Hubert Mingarelli, trop tôt disparu, dont j'avais chroniqué en son temps « Un repas en hiver », ou encore « L'homme qui avait soif », avec cette écriture découpée comme en plan serré cinématographique.

Mais c'est aussi le regard que porte Antoine Choplin qui est si attachant : les personnages sont crus, avec leurs caractéristiques : on pourra dépeindre Emmett comme un jeune un peu fou, Jamarr comme renfrogné, et on imagine Garri en chef de bande, un peu plus âgé et plus posé, quant à Saul, même s'il ne parle pas, ses mots de poète parlent pour lui.

A la fin du récit, le groupe va toucher au but. Ce passage évoque irrésistiblement ces pays dévastés par la guerre, dont on voit des images dans les journaux télévisés, et dont on imagine la détresse de ceux qui les ont habités. Il ne reste presque plus rien, au Nord Est, mis à part une petite tour et un vieux manège à chevaux de bois.

Pourra-t-on les reconstruire ? Y a-t-il un avenir pour le petit groupe d'hommes et de femme qui ont traversé ces montagnes pour un monde meilleur ? Antoine Choplin nous laissera imaginer leur futur.

Dans un dernier regard, on se tourne vers Garri qui, « le haut du dos à l'abandon contre son sac, bras repliés derrière la nuque » observe le ciel pur. Comme avec une caméra qui s'efface, on quitte le petit groupe sur la pointe des pieds, avec une émotion de les avoir accompagné tout au long de la traversée – une émotion qui perdure après avoir refermé la dernière page.

Commenter  J’apprécie          4114
Lire un roman d'Antoine Choplin c'est l'assurance de se plonger dans une belle écriture , celui-ci ne déroge pas à cette règle.

Un peu plus déroutant que les précédents lus du même auteur car il ne s'insinue pas dans une période précise de l'Histoire ou à une époque bien déterminée mais on peut très bien imaginer l'antériorité de ce qui a pu arriver.

Un camp, où sont parquées de nombreuses personnes qui ressemble à une base de vie puisqu'il est possible d'en sortir .
C'est ce que décide Garri pour rejoindre les plaines du nord-Est où l'avenir lui parait de toute façon plus riant que ce lieu réducteur . Il entraine avec lui quelques hommes , Saul le poète muet, Emmet un jeune homme plein de fougue et avide de découverte et Jammal .
Au début de leur long périple , ils sauvent un homme, Ruslan qui parcoure le pays pour dessiner les pétroglyphes menacés de disparaitre et ils le ramènent à son village . Tanya, une femme de ce village va continuer la route avec eux .

On peut voir dans ce roman , à la fois conte et dystopie , beaucoup de références à l'époque dans laquelle vivons actuellement, les camps de réfugiés, l'exode et le retour au pays , la disparition d'une mémoire d'hommes du temps jadis , l'angoisse d'un futur inconnu avec une belle représentation de caractères différents mais dont les aspirations se rejoignent dans la difficulté, qui s'entraident et apprennent apprécier leurs différences et leur complémentarité .
Une fois de plus, une magnifique lecture .
Commenter  J’apprécie          238
Offrez-vous une parenthèse, direction NORD EST ! Un groupe d'hommes et de femmes se lance à la recherche du Graal, décrit ici comme « les plaines » au-delà des montagnes. Ils vous invitent dès le début du roman à les suivre. Alors allez-y ! , j'ai osé et je ne l'ai pas regretté même si au début j'avais un peu l'impression de les déranger.
Mais l'aventure en vaut le coup. Vous serez votre seul repère, votre boussole intérieure qui vous permettra de vous situer dans un temps et un espace et même dans une société. Car ANTOINE CHOPLIN ne vous dévoile rien de tous ces repères, il vous raconte juste ici l'épopée de 5 ou 6 personnages qui décident ensemble de faire corps pour aller de nulle part vers « les plaines du Nord-Est». Et vous découvrirez alors petit à petit toute l'humanité de ces hommes, leur personnalité si fine, si incarnée, si ouverte sur l'environnement, ici puissant et envoutant, et surtout leur capacité à s'écouter, se respecter, s'encourager, s'honorer. Ce roman est une extraordinaire ode à la chaleur humaine. Aucune violence, même dans l'adversité du voyage, de toutes ses péripéties et de ses drames. Grace à une écriture directe et sensible, l'auteur nous met en lévitation pour nous porter avec ses héros vers une hypothétique quête du bonheur et surtout du respect de soi et des autres. J'ai adoré ce roman !
Commenter  J’apprécie          234
Nord-est, c'est la direction que veulent suivre Gerri et Jamarr pour tenter de retrouver les plaines où ils vivaient avant d'être enfermés dans ce camp dont les portes, après de nombreuses années, viennent enfin de s'ouvrir. N'en pouvant plus d'attendre les camions qui doivent venir les chercher, ils ont convaincu Emmett et Saul de les accompagner et à pied, ils partent à travers la montagne dans l'espoir de retrouver leur vie d'avant.

Découvrant Antoine Choplin pour la première fois, j'ignore si l'univers proposé dans ce court roman est son univers habituel. J'ai trouvé sa construction très originale. Sans précision de date, ni de lieu, l'auteur n'en fait pas un roman historique mais plutôt une aventure humaine dont les personnages vont se dévoiler au fil des pages. La force des liens qui les unissent s'oppose à la froideur de l'environnement minéral qu'ils traversent. Les dialogues totalement intégrés à la narration font du texte une sorte de long poème, une lente épopée où l'espoir se heurte aux obstacles naturels, la nature, omniprésente, étant alternativement bienveillante ou hostile. Regrettant juste cette fin ouverte qui me laisse avec mes interrogations, j'accorde un 14/20 à ce voyage.
J'ai lu ce roman dans le cadre de la sélection pour le prix Charles Exbrayat 2021 attribué lors de la fête du livre de la ville de St Étienne et auquel participe la médiathèque de ma commune. Une fois de plus, il m'a permis de découvrir une autre facette de la littérature.
Commenter  J’apprécie          190
Mais qu est ce que je me suis embêté à suivre dans les montagnes ces personnages insipides qui crapahutent et marchent sans cesse direction les plaines. il n y a rien à dire puisqu'il n y a absolument rien dans cette non histoire. J avais vraiment bcp aimé "La nuit tombée" du même Antoine Choplin et je me faisais un plaisir d y retourner...des paysages, des dialogues vains et stériles, pas d histoire pas de personnages à part, je le dis, le vide un peu comme l écriture facile et sans accroche de l auteur. grosse déception :( c est la vie.
Commenter  J’apprécie          152
« On y pensait, au nord-est. Aux longues et douces plaines du nord-est.
Sûr qu'on y pensait ».

Pour rejoindre les lointaines plaines du Nord-est depuis le camp, ils doivent atteindre le plateau en franchissant les montagnes, c'est un long périple, à pied, que ces quatre hommes entament, dépassant des villages dévastés, traversant des territoires où le minéral et le végétal se succèdent sous un ciel étoilé.

Une expédition humaine et migratoire aux allures de fable, bien au-delà des montagnes ; on lit dans ce court roman un exode, à travers des contrées hostiles ou dépeuplées, vers un ailleurs…en quête d'une vie plus paisible.

En fond, l'histoire des flux migratoires, des pionniers, de ceux qui partent retrouver un chez soi ou fonder autre chose, avec la soif de liberté.
Solidarité et espoir, poésie et traces du passé, mais aussi désolation et humanité en péril…font partie de ce que ce roman m'a évoqué.
L'idée d'un ancien monde dont on se souviendrait et d'une herbe plus verte ailleurs.
J'ai pensé au départ à des airs de dystopie (ne sachant trop à quoi m'attendre) ou bien l'ai-je trouvé tristement réaliste. Mais ce n'est que mon ressenti, tendance sombre.

En dépit d'une belle écriture nous plongeant dans un monde à la fois poétique, mystérieux et inquiétant, avec des descriptions de paysages très bien détaillées, je n'ai pas été emballée par ma lecture. Elle a pris des allures d'expédition laborieuse quelquefois.
Ayant beaucoup aimé du même auteur « le héron de Guernica » et « Partiellement nuageux », je recommanderais plutôt ces deux titres.
Commenter  J’apprécie          121
Il est des livres-totem, de ceux qui jalonnent une vie de lecteur, de lecture, de littérateur. Des livres bouffeurs de coeur, des rois des aulnes, des dessous de volcan, des Texaco. Je ne connaissais pas Antoine Choplin, j'ai ouï-dire, j'aime la fosse aux ours. Quelle beauté. Pure. Ciselée. du bel artisanat, du mot finement ouvragé, choisi, à raison. Des souffles et des regards, quelques silences, des paroles soupesées. On sent toute la sincérité et le coeur qui a été mis dans cette fable-parabole, pas de fioriture, pas d'explication, juste la matière brute, des hommes, une femme, le chemin, la montagne, l'espérance à jamais déçue? C'est sensible, magnifiquement sensible, une volte vers un retour aux sources, à l'humain, peut être. Merci Monsieur Choplin.
Commenter  J’apprécie          120
Encore un roman fort d'Antoine Choplin, malgré l'apparence banalité du roman.
On suit principalement 4 hommes qui partent, un jour, d'un camp pour atteindre les plaines au Nord Est… ils vont croiser d'autres personnages, tous enclin à les suivre pour des raisons différentes…
Entre celui qui écrit des poèmes mais ne parle pas, celui qui tient à répertorier toute trace de cultures anciennes pour les préserver, le meneur du groupe, celui qui suit, celui qui découvre…
Le petit groupe part donc, sans que l'on sache où et quand, et fait son chemin, luttant contre la nature, l'environnement, et leurs volontés et sentiments.
Antoine Choplin propose un roman étonnant à la fois dystopique et contemporain… qui parle de camps, l'exode, de retour, de la mémoire, du futur, et des Hommes… leur trace au fil des ans.
On sort de ce long poème initiatique en se demandant qu'est-ce qu'il y a au Nord Est
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (107) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3681 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}