Ah, les bons sentiments que les femmes éprouvent pour leurs congénères !
La première fois que j'ai vu Hercule Poirot, je ne suis pas très de l'oublier. Bien sûr, par la suite je m'y suis faite - on se fait à tout - mais de prime abord ce fut un choc, mais on ne m'ôtera pas de l'idée que ça doit être le cas pour tout un chacun.
On a tendance à prendre la mouche pour des broutilles, quand on vit en vase clos.
Je pense que c’est à ce moment-là que j’ai senti que le meurtrier se trouvait là, assis avec nous, à l’écoute. L’un de nous…
- Vraiment, ce n'est rien. Il me passait seulement par la tête l'idée que si quelqu'un connaissait ou suspectait quelque chose, il lui était difficile de parler devant les autres... et particulièrement devant le Dr Leidner.
A ma surprise, M Poirot approuva d'un vigoureux mouvement de tête.
- Absolument, absolument. Ce que vous dites là est très juste, mais je vais vous donner mon explication. Cette réunion avait un but. En Angleterre, avant les courses a lieu la présentation des chevaux. Ils défilent devant la grande tribune afin que chacun puisse les voir et les juger. Voilà la raison de ma petite assemblée. En langage sportif, j'ai promené mes regards sur les partants probables.
Poirot eut un geste dédaigneux de la main.
- Inimaginable, Inimaginable... c'est là un mot qui ne signifie rien pour moi ! L’inimaginable, je l'examine toujours de près !
Mr Coleman, penché en avant, me criait dans l'oreille : "Le chemin n'est pas du tout mauvais, n'est-ce pas ?" au moment où nous venions d'être soulevés de nos sièges pour aller donner de la tête contre le toit de la voiture. Et il avait l'air de parler le plus sérieusement du monde !
- Ces secousses sont excellentes pour le foie. Vous devez savoir cela mademoiselle ?
-A quoi bon stimuler le foie quand on risque d'avoir le crâne ouvert ? répliquais-je d'un air de mauvaise humeur. (p.23)