Les animaux pour un jardin écologique !

Quand je suis empêtrée dans la grisaille des rapports humains, je connais un remède souverain : c'est de descendre au jardin, de s'asseoir sur le banc, celui qui est sous le merisier et de confier au merle bavard les tristesses qui voilent l'esprit et de laisser s'envoler au creux de l'aile irisée d'une libellule les larmes qui ne demandent qu'à couler.

Je vous conseille la recette, elle est toujours suivie d'amélioration.
Oui, mais "si on n'a pas de jardin ?" me direz-vous… Alors il vous faut vous plonger dans ce très beau petit livre, qui agit comme une visite dans les allées ombragées et au milieu des carrés potagers, en belle compagnie parfois fugace, souvent insaisissable ou même invisible, mais en évidente présence...

Petit livre qui, après quelques généralités sur la richesse d'un jardin, le grand bonheur d'en posséder un et de pouvoir l'arpenter en tout sens - ou vous menant en imagination dans celui que vous ferez vivre en regard de votre sensibilité en parcourant ces pages -, vous parlera de ceux que vous allez y croiser.

Les oiseaux d'abord et leur frôlements d'ailes, leurs pépiements comme autant de conversations à écouter par politesse puisqu'on n'y entend rien... du rouge-gorge goguenard, surtout observé à la fin de la saison et reconnaissable entre mille au pinson des arbres habillé comme un impressionniste, vous croiserez avec curiosité et bonheur le rouge-queue ou la sittelle qui s'est maquillée rien que pour vous. Peut-être une huppe fasciée comme celle qui, il y a quelques jours, cherchait, ici, une cavité pour y nicher... Et j'oubliais la chouette effraie ou hulotte, mais cela c'est pour ceux qui visitent les lieux au crépuscule !

Autant de porteurs de plumes, autant de descriptions de leurs habitudes et de leurs préférences. le jardin n'est plus seulement "agité d'oiseaux" puisque maintenant vous pouvez les reconnaître et les nommer un à un.


Quand vos yeux auront fini de converser avec les moineaux virevoltants et autres troglodytes mignons, le regard descendra doucement vers le sol et là, bienvenue au royaume des hôtes, de ceux que vous nourrissez par votre labeur. Bienvenue au milieu des petites oreilles toutes rondes et des yeux en perles de jais, des moustaches qui fristouillent.

Ceux qui se servent dans vos plantations, imaginant sans doute que vous cultivez pour eux, se servant et ne débarrassant guère "la table" et vous laissant ainsi marques de leur passage. Si on connaît la souris domestique, on rencontre plus rarement la musaraigne pygmée ou le beau lérot et ses lunettes...
Encore faut-il citer ce lièvre de garenne et ses oreilles hors compétition, celui-là même qui, il y a quelques années faisait la course avec un de mes chiens, un galgo, un prince noir aussi majestueux qu'il avait été malheureux, chacun dans son couloir de chaque côté de la clôture en allers et retours incessants, jusqu'à ce que l'un des deux se proclame vainqueur et devinez qui gagnait ?

Et pour les amateurs de crépuscule, encore une fois, ils ne seront pas seuls, autant le silence que l'agilité des vols de pipistrelles leur tiendront compagnie.

Ayant évoqué justement la présence des chats et chiens, présence que l'on peut rendre tout en harmonie avec les autres visiteurs, le livre après avoir mis en garde contre les "piqueurs", sûrement les plus indésirables des lieux, vous fait vous installer devant la mare et si le héron ne s'y glisse pas en votre présence, certainement converserez-vous avec une reinette ou frissonnerez-vous de douceur quand la libellule vous effleurera...



Bref un petit livre bien apaisant et rempli de trésors pour apaiser votre curiosité, pour comprendre que les uns n'existeraient pas sans les autres, que le jardin ne serait pas aussi beau sans leur présence, pour remercier l'abeille de venir butiner la fleur de courgette pour la rendre fertile et en faire une gourmandise pour le jardinier finalement bien secondé dans son univers, un petit livre que je glisse désormais dans mon vieux panier au milieu des outils et autres ficelles quand je descends au jardin pour le feuilleter quand je fais une pause sur le banc même si, entre temps, l'esprit est devenu plus arc-en-ciel que ciel orageux et que j'ai soufflé sur les idées sombres comme on souffle sur la fleur de pissenlit pour voir s'envoler ses petites "plumes végétales".