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EAN : 9782743639082
102 pages
Payot et Rivages (25/01/2017)
3.36/5   11 notes
Résumé :
Quelque part en plein désert, à l'affût sous un soleil qui le déchire, un homme attend l'heure de l'assaut avec le reste de sa patrouille. Il est l'un des nombreux soldats fantomatiques d'une guerre qui ne porte même plus ce nom. Ailleurs, un homme se réveille un matin raccordé à sa fille de quatre ans par un cordon ombilical. Il déambule, désemparé, dans une ville à la dérive. Deux temps, deux réalités parallèles, mais un seul univers, le nôtre, arrivé au bout de s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
L'écorce, c'est un groupe de quatre soldats livrés à eux-mêmes dans le désert, coupés de leur commandement et qui parviennent à peine à survivre tant ils sont usés physiquement et psychologiquement.
Leur objectif est de reprendre le contrôle du seul point d'eau des environs, contrôle qu'ils ont perdu peu de temps auparavant au profit d'un groupe de soldats ennemis, alors qu'ils s'étaient absentés pour une patrouille.

La peau, c'est un père et sa fille qui se retrouvent un matin liés l'un à l'autre par un cordon ombilical apparu sans raison apparente.
Il vont devoir vivre avec, du moins le temps nécessaire à trouver un moyen de rompre ce lien trop étroit qui les entrave et rend encore plus difficile la vie dans une ville qui semble à bout de souffle, tout comme le monde auquel elle appartient.

Ces deux récits se déroulent en alternance, sans lien explicite si ce n'est la description d'une civilisation, la nôtre, qui semble proche de son terme.
Ici, il n'est pas question d'un monde post-apocalyptique dû à un cataclysme nucléaire ou à un virus particulièrement meurtrier. Mais on comprend que la situation est désespérée, les hommes n'ont pas su s'accorder ni se partager l'espace et les ressources et l'humanité s'est retrouvée scindée en deux.

D'un côté les inutiles, les laissés pour compte, parqués dans les zones de confinement et porteurs d'une marque qui montre leur appartenance au groupe des indésirables.
De l'autre, ceux qui ont réussi à rester du bon côté, sans forcément le vouloir ni se battre pour appartenir à la caste des privilégiés.

Mais les zones de confinement débordent et malgré tout l'acharnement des nantis, les frontières entre les deux mondes ne sont pas imperméables. Les deux parties de cette même civilisation s'affrontent dans un conflit dont les origines restent vagues.

Les soldats eux-mêmes ne savent plus très bien quelle est leur mission, ni s'ils sont réellement différents de ceux qu'ils combattent ou si au commencement leur cause était plus légitime que celle de leur ennemi.

Avec La peau, l'écorce, Alexandre Civico nous offre une brillante métaphore de notre civilisation qui refuse d'admettre qu'elle court à sa perte : le monde qu'il décrit à travers ces deux récits entremêlés est usé jusqu'à la trame, il n'y a plus ni espoir ni joie, la voie est tracée et l'issue est inéluctable.
La responsabilité de ce naufrage n'incombe pas seulement à une poignée de dirigeants malades ou corrompus, mais aussi à une partie de la population occidentale qui n'a pas voulu renoncer à sa main-mise sur la planète, pensant qu'il serait possible de continuer à s'accaparer les ressources et à acquérir toujours davantage de confort sans se soucier du reste du monde qui tente avec peine de survivre.

C'est un roman noir, très noir, duquel on sort quelque peu abattu.
Mais c'est un roman indispensable, qui n'a rien de moralisateur et donne beaucoup à réfléchir.
Merci à Babelio et aux éditions Payot et Rivages de m'avoir permis de le découvrir à l'occasion de la dernière opération Masse Critique.
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Je n'ai rien compris.
L'écriture est certes poétique, le sujet - si l'on peut dire – semble assez philosophique, mais en fait je n'ai rien compris.
Vite lu, c'est un ouvrage d'une centaine de pages qui alterne deux situations : d'une part un homme dans un contexte de combat, avec d'autres hommes, pour récupérer un puits ; d'autre part un homme et sa fille de quatre ans reliés soudainement par un cordon ombilical !
On se situe dans une société imaginaire, peut-être future à la nôtre, peut-être autre.
Quel lien y a-t-il entre ces deux hommes ? C'est là que je n'ai pas compris.
Ou alors il n'y a rien à comprendre mais j'ai la sensation que si, alors j'ai imaginé certaines choses mais comme il n'y a rien ni personne pour confirmer ou infirmer mes suppositions, je reste dans l'expectative et ça, ça ne me plait pas du tout.
D'où ma conclusion : je n'ai rien compris.

Lien : https://chargedame.wordpress..
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Étrange, fantastique, bizarre parfois choquant ...

La peau, l'écorce est un livre court mais remarquablement dense qui se lit rapidement dans lequel il n'y a pas vraiment d'histoire mais plutôt une succession de situations qui incitent l'auteur à interroger le monde, notre monde.

Le style est percutant dès les premières lignes, Alexandre Civico mène son intrigue d'un trait de plume vif, acerbe, cinglant. Les phrases sont courtes, certaines n'ont pas de verbe. L'écriture est technique, poétique et sert admirablement un texte pour le moins énigmatique à l'image du titre : bref et dépourvu de conjonction de coordination.

"C'est si rocailleux qu'on pourrait l'écouter avec les doigts."

"Des ciels de papier déchiré. le soleil troue les nuages à coups de canon. La nature est sublime et modeste. Elle n'écrit pas son nom au bas de ses créations."

L'auteur choque parfois en donnant à voir des circonstances qui provoquent le malaise. Les chapitres se succèdent et nous montrent un monde qui ressemble étrangement au nôtre par certains aspects que nous souhaitons cependant tellement réfuter.

Les lieux habituels et familiers deviennent hostiles, tous les humains sont des étrangers, la mort est présente à chaque coin de rue si bien qu'elle paraît ordinaire ... La solitude est manifeste.

Civico nous offre un roman (poétique ? philosophique ? dystopique ?) efficace et saisissant que je suis ravie d'avoir pu découvrir par l'intermédiaire de la masse critique Babelio (une bien jolie découverte à côté de laquelle je serais sans doute passée) ; je remercie à cette occasion les éditions Rivages pour m'avoir permis d'embrasser ce texte surprenant et original.
Lien : http://www.adeuxlignes.fr/la..
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Après avoir eu un vif intérêt pour Atmore Alabama d'Alexandre Civico, j'ai rapidement voulu retenter l'expérience avec cet auteur. Un autre titre disponible, La peau, l'écorce, titre énigmatique taillé light.

Voila déjà quelques semaines que je l'ai lu et son souvenir n'est déjà plus qu'une trace vaguement stylistique pour un roman à 2 voix qui se cachent derrière les phrases. Épuré, oui. Mais il manque quelques éclaircissements pour ne pas que le lecteur navigue à l'aveugle, ce qui fût mon cas. Un peu Post A mais pas trop.

Comme souvent dans ces cas où je ne comprends pas le projet de l'auteur, son but. Alexandre Civico veut-il nous choquer, nous divertir, nous transmettre, nous impressionner ? Et quand je n'ai pas la réponse, c'est peut-être qu'il n'y en a pas. La peau, l'écorce a-t-il perdu son sens au cours de l'écriture ? Je ne sais pas.

On n peut enlever à Alexandre Civico la force d'un style mais le style n'est pas tout. Et là, je pense à Marin Fouqué à la langue encore plus puissante mais surtout plus justifiée. À vous de voir.
Lien : http://livrepoche.fr/la-peau..
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Post-barkhanisation des conflits de basse intensité et déliquescence cuarónienne des fils de l'homme. Sombre et éclatant, intense et somptueux.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/01/12/note-de-lecture-la-peau-lecorce-alexandre-civico/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
16 mars 2017
Deux récits parallèles qui interrogent l'insensibilité de notre société épuisée, dans une fable noire et éclatante d'Alexandre Civico.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Les instructeurs, ceux qui nous disaient vous respirez, vous bloquez, vous appuyez sur la queue de détente, ils disaient aussi aller au feu, et le feu brillait dans leurs yeux comme le diable danse. On nous préparait à ça, à la danse du diable. A la mort aux sept voiles. Et pourtant, quand on est arrivés sur place, dans ce lieu qu’on appelait là-bas, on a bien vu qu’on n’était pas prêts. Que les semaines passées à s’entraîner et à apprendre n’avaient pratiquement servi à rien. On n’enseigne pas la trouille.
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Nous les observons. Huit pupilles braquées sur eux, ouvertes à les en avaler. Une araignée. Ils ne sont pas assez nombreux, pas assez prudents. Ils ont l’air tranquille. Ils n’organiseront pas de tour de garde, ne laisseront pas de sentinelle veiller sur eux. On effectuera une approche silencieuse. Nous avons appris, avec le temps. Comme chaque fois, juste avant l’assaut, nos anus vont se dilater, ça va couler entre les jambes. Une eau marronnasse. Pas besoin de regarder pour le savoir. Plus tard, une fois sec, le liquide va marbrer l’arrière de nos cuisses et s’imprimer jusqu’aux mollets comme un tatouage. La marque de la honte. Plus je les regarde, plus j’en suis sûr, ils vont faire l’erreur d’aller se coucher tous ensemble dans la baraque. Ils transpirent la fatigue, celle qui réclame la paix. Ou la mort. On va entrer en beuglant.
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Il ne semblait pas porter de marque. Ou peut-être l’a-t-il fait enlever. Des bouffeurs de misère proposant de l’effacer pullulent de nos jours. Ils prolifèrent. La marque est arrivée avec les premières bombes, les premières fusillades au début du glissement. Les dangereux, les à-risque, les présumés, ceux dont on supposait qu’ils pourraient un jour, on les a marqués. Et puis, comme un tache de sang sur une chemise blanche, elle s’est étalée à d’autres, à ceux qui avaient traversé la mer, à ceux que l’épuisement du monde avait rendus inutiles, comme le vieux chiffon mouillé que j’ai aidé à se relever. C’est alors que sont apparues les zones de confinement. On a limité le périmètre d’existence de ceux qui étaient marqués. On a gardé, tenu, jusqu’à ce qu’on ne puisse plus, jusqu’à ce que ça déborde.
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Ils ne sont pas beaucoup mieux équipés que nous autres. Des va-nu-pieds de cette petite boucherie, pareils à nous. Leur matériel, le putain de désert l’a bousillé, sans doute. Le vent, le vide. Et la mort. Chaque fois qu’elle se pointe, celle-là, un engin est foutu. Ou alors on n’a plus personne capable de l’utiliser, ce qui revient au même. Mais ils ont un véhicule et un appareil de transmission. Notre machine à nous a sauté avec un de ceux dont j’ai oublié le nom. C’était peu après notre arrivée dans le coin. J’ai beaucoup dégueulé. Ce n’est pas tant la vue que l’odeur. Poil cramé et steak grillé. Presque appétissante.
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Il faut laisser pousser la nuit. Il la faut bien noire. Enfouis sous la dune. Immobiles. Nous attendons. Pour l’instant, le soleil nous brûle. Rien à voir avec ces lueurs méridionales fluettes qu’on allait chercher, l’été, là-bas. Ici, l’astre te traque, tu es sa proie. Nous sommes sur les terres d’un Dieu de vengeance, chaque rayon est un glaive divin planté en travers de ton corps. La sueur qui coule dans les yeux se mélange au sable et à la poussière. Une boue acide fait grésiller les pupilles.
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