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Citations sur Tous les diamants du ciel (22)

L’époque t’interpelle ? Profite. Egare-toi, et en crabe avance, pince à pince, pas à pas, acquis à tous les heurts, toutes les vitrines, ton cœur rebelle à quelques baisers des nichons au sillon si étroit qu’y glisser l’imagination c’est déjà jouir sans entraves, alors laisse-toi éblouir par ce déluge de hasards que promet ce café, celui-là, oui !, si banal pourtant en sa bakélite inanité, avec ses pieds de chaises chromés, son zinc sale et ses œufs morts sur un carrousel d’alu, avec aussi son formidable flipper – oui, encore un ! -, ce flipper qui est un cercueil sonore au fronton duquel s’affrontent des divinités que tu donnerais éternellement gagnantes, mais qui vont perdre, oh n’en doute pas, et ce sous l’impulsion de tes deux index, soudain rusés, tel Ulysse dédoublé, vite, gagne Ithaque, empoche le spécial bonus qui claque, et reprends une bière, même tiède, même fade, ta paume toujours à l’exacte température du désir, car la nuit, la nuit qui aime à balbutier, s’entrouvre à peine à tes dépendances.
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Seule dans la rue où les passants hésitaient encore entre se hâter et s'attarder, Lucy posa sa langue sur le bout du mot sexe, puis suçota les contours du mot orgasme, faute de pouvoir savourer le relâchement majeur. Lucy en aurait pleuré, parce que trois mois sans baiser, hein, reconnaissons qu'aucune poésie n'y aurait survécu.
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Dans la rue, les fenêtres aspirent l’air chaud, l’air chaud meuble l’obscurité, l’obscurité se détache des pierres, tout est cycle et sensuel, on vit enfin le cœur de l’été.
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Lucy aurait voulu voir des expositions, explorer d'autres quartiers, rencontrer la vie ailleurs que dans sa vérité déchue, prendre le ferry, aussi, aller au cinéma, et contempler, sur la toile tendue, les visages impatients des héros, comprendre la psychologie des gorilles au cœur tendre et des extraterrestres humiliés, mais la rue, la rue trouble et lâche avec sa haine inédite et sans cesse réinventée, exigeait d'elle d'autres dévotions. Son homme n'aimait pas qu'elle rentre les poches vides et le regard fier. Et toujours, dans le musée de ses cauchemars, des touristes aux yeux globuleux commentaient son vagin promis à la noyade avant de lui concéder un quarter ou deux - elle était devenue, même en rêve, le guide de sa défunte anatomie. Quand elle rentrait au bercail, du foutre séché sur les joues, elle savait que le macaque du manque l'attendait, tapi dans l'ombre, ses crocs semblables à deux clés qui luisent mais n'ouvrent rien.
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Elle n’avait qu’une seule gloire, celle de n’être pas devenue une pom-pom pute au cul diplômé, fatalement enculée le 15 du mois par un gentil quarterback dans ce Connecticut auquel elle avait dit adieu – adieu à sa chambre aux draps vomis par Disney, adieu à ses copines manucurées et vite déflorées, adieu au monde gras des barbecues, adieu à son frère, de trois ans son esclave, pulvérisé par un bus, son frère qu’elle avait giflé une heure avant sa mort parce que ce chérubin avait osé lire – lui qui ne lisait pas – une ou deux pages de son journal intime où fleurissaient plus de désirs que de pavots dans la vallée de Badakhchan. Et surtout : adieu aux adieux, à tous les adieux.
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Défoncée, Lucy usait ses dix-neuf ans à même la panse d’un presque inconnu, pour l’amour d’une fumée qui lui coûtait sa bouche et ce qu’elle croyait encore être son cul.
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Lucy s’effritait lentement au soleil de la rue, à l’ombre des allées, partout où s’égarer était monnayable. Ses rares amis l’avaient lâchée une fois l’argent du père dissous, noirci, injecté. Six mois vécus à force d’illusions dans un presque monde aux lumières irritables, un monde si savamment, si bêtement, si lâchement, effréné que la peau, une fois la rencontre consommée, n’était plus qu’une navrante panoplie d’ecchymoses. Six mois d’escales et d’écroulements, sous les porches, sur des matelas, dans des bars où chaque verre de bourbon cliquetait tel un reliquat de squelette mal fondu. Six mois à explorer les arcanes de la crasse et l’absence de joie, poches trouées, jupe déchirée, cheveux gras, tête lourde, pensées lourdes, cœur lourd, les yeux pareils à deux perles privées de nacre, seule ô si seule.
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Le calva moussait un peu, ce qui arracha un rire à Wen. Pisse normande ne vaut pas qu’on se pende ! décréta-t-il, fier de sa rime.
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La France est nucléaire et Paris son noyau dépoli. Quand tout pétera, nous laisserons derrière nous un lambeau de brassard, deux cents billes à roulement et suffisamment de marie-jeanne pour voir venir.
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Vivre est facile, vivre comme un bouton décousu.
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