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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Depuis des siècles, les bateliers faisaient vibrer les rives. Chevaux, coups de gueule, coups de hache, ils n'épargnaient rien et ne respectaient que le fleuve. Avec la vapeur, c'était autre chose.

Les bateaux étaient si gros et si rapides que lorsqu'ils passaient, toute l'eau qu'envoyaient vers l'arrière leurs énormes roues manquait soudain au fleuve qui se vidait de moitié. Brusquement découvertes, les grèves et les digues offraient à la vue de n'importe qui le secret de leur vie. Les millions de bête qui vivent dans les mousses, les graviers, sous les racines, entre les roches, s'affolaient. Les poissons restaient le ventre sur le sable. Et puis, le bateau passé, c'était la folie de l'eau durant un bon quart d'heure. Tout était bousculé, remué, trempé, brassé et saccagé. La vase des mouilles montait en surface et filait sur le large en longues traînées brunâtres. La graisse des bielles, la fumée, les cendres, tout contribuait à empoisonner bêtes et gens. Depuis deux ans, on ne voyait presque plus de castors dans les îles. Des peupliers étaient tombés, minés en dessous par ce flux et ce reflux qui n'étaient pas dans la nature du fleuve.
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Clavel Bernard
Le seigneur du fleuve
4ème de couverture
J'ai vécu plus de 15 ans sur les rives du Rhône, partageant l'expérience des pirates, des mariniers, des sauveteurs. Avec eux j'ai appris à aimer le fleuve et c'est lui qui m'a le premier donné envie de raconter des histoires.
Je l'ai quitté au moment où commençait les grands travaux qui devaient métamorphoser la vallée mais je sais qu'Alexandre Arnoux à raison d'écrire : le Rhône, voyez-vous, une teigne, on ne s'en débarrasse pas facilement quand il coule dans le sang.
Car le fleuve est en moi, et c'est avant tout pour revivre avec lui que j'ai cédé à l'envie de raconter l'aventure d'un de ces hommes d'un autre âge que la vapeur fait disparaître.
Avec ses patrons, avec ses équipages, c'est tout un monde qui s'est éteint pour faire place à notre monde. le monde de la machine. Certes il serait stupide de nier le progrès, bien plus stupide encore de vouloir l'arrêter, mais tenter de retrouver, en écrivant, le parfum et la couleur de cette vie d'autrefois, est une joie que j'ai voulu m'accorder. S'il m'est arrivé dans ces pages de prendre le parti de mes héros, c'est un peu malgré moi et sans doute parce que j'aurais aimé partager leurs peines aussi bien que leurs joies. En fait, en écrivant ce livre, je me suis souvent surpris à rêver que j'étais l'un de ces hommes. C'est beaucoup d'orgueil mais c'est aussi, par moments, beaucoup de souffrance.
C'est tout cela que je voudrais faire partager aux lecteurs, et ce doit être possible car le combat que mènent Patron Merlin et ses batteurs d'eau est de tous les temps. Ce sont seulement des lieux, la forme et les personnages qui changent, mais chaque époque voit naître des êtres qui lui resteront attachés au point de vouloir à tout prix que leurs propres enfants renoncent à ce que le progrès peut leur apporter. C'est qu'ils ne voient en lui que ce qu'il détruit et et non ce qu'il construit. C'est sans doute aussi que les inventions de l'homme se sont si souvent retournées contre lui, qu'il est naturel que certains s'en méfient. Et ce ne sont pas toujours les plus fous.
J'ai beaucoup aimé ce livre, ces personnages, ces paysages, ces peines et joies et cette dureté de la vie mais partagée par tous tout en gardant leur dignité profonde.

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Commment traverse t-on les révolutions industrielles, technologiques ? Celles qui vont transformer les vies, paysages, habitudes des hommes. L'Homme lutte ou s'adapte mais au final les éléments naturels seuls "décident" de se soumettre ou de briser les efforts. J'ai bien aimé ce roman parcequ'il met en avant le courage un peu désespéré des bateliers, les êtres humains. le style est accessible, bien écrit. J'ai apprécié que les héros soient de simples mortels, l'auteur fait vivre des personnages qui sont reliés à leurs bateaux certes mais pas que. C'est toute cette dynamique, les villages au bord du fleuve, les paysages...bref ça n'est pas qu'une histoire, c'est un film à la fois d'autrefois et très actuel qui nous questionne: et nous comment allons nous nous adapter aux nouvelles révolutions ?
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