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EAN : 9782277125907
284 pages
J'ai lu (30/11/-1)
3.73/5   90 notes
Résumé :
Le Rhône coule dans les veines de Bernard Clavel. Durant quinze ans, il a vécu sur ses rives, partageant l'existence des mariniers, des pirates et des matelots. Ce grand fleuve lui a inspiré l'histoire du patron Merlin, l'héroïque " batteur d'eau ", et de ses bateliers, défiant au siècle dernier le bateau à vapeur conquérant.
Le Rhône, de Lyon à Beaucaire, rythme ce combat perdu d'avance contre le flot imprévisible, la machine, le progrès ; il est le décor d'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Philibert Merlin est batelier, fils de batelier et petit-fils de batelier. Sa famille est intime avec le Rhône depuis des générations, et les fils de Philibert sont prêts à ajouter quelques maillons à cette chaîne qui remonte à la nuit des temps. Jusqu'à l'arrivée des bateaux à vapeur en tout cas. Au départ, les habitués du fleuve se sont bien moqués de ces monstres de métal qui répandent un vacarme de tous les diables et une fumée toxique sur leur passage. Mais une quinzaine d'années plus tard, les faits sont là : les bateaux à vapeur vont plus vite, embarquent plus de marchandises, et coûtent moins cher. Les bateliers font faillite un à un, leurs fils passent à l'ennemi.

Philibert ne s'avouera pas vaincu. Dans un bras de fer perdu d'avance, il tentera de prouver que la batellerie n'est pas morte et qu'elle est capable de faire mieux que la vapeur. Il prendra tous les risques, malgré les caprices du fleuve, pour arriver plus vite à destination que ses adversaires, à s'engouffrer dans des passages qui leur sont inaccessibles.

Le seigneur du fleuve raconte la fin d'une époque. Pas seulement celle des bateliers, mais de tout un mode de vie : les petits ports, les auberges, les producteurs qui devaient transporter leurs marchandises, vivaient au rythme du fleuve. L'industrialisation a détruit brutalement cet équilibre en place depuis des siècles ; les petits patrons deviennent ouvriers pour les grandes compagnies.

Ce roman est un bel hymne au Rhône et aux hommes qui ont vécu avec lui. À déconseiller cependant aux personnes d'humeur mélancolique, l'optimisme n'étant pas à la fête dans ce livre.
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Je vous souhaite une douce journée auprès de :
Bernard CLAVEL
dans
LE SEIGNEUR DU FLEUVE

Une histoire de ce que fut les gens d'antan. Nature douce et violente à la fois. Un roman qui se déroule au XIX siècle.
Le Rhône coule dans les veines de Bernard Clavel. Pendant 15 ans il a vécu avec lui. Entouré des matelots...
Berthelet se bat jusqu'au bout. Batelier contre vapeur. La guerre est perdue d'avance. le modernisme la rentabilité va engloutir comme un tsunami des années d'efforts. Un métier où les hommes étaient heureux... Leur retour à la maison était attendu comme un évènement, un accouchement, une vie à jamais anéantie par le feu 🔥 Cette accéléreration de tous les temps.Les vapeurs se tordaient, grimaçaient au passage de la decize et la remonte. Une guerre, des injures à chaque passage envoyé vers ces monstres métalliques qui venaient avec leur gueule ouverte manger le fleuve, les mariniers et la vie des charretiers.......
Leurs yeux creusant le brouillard. L' odeur de charbon se noyait dans les eaux du Rhône. Combattre ce monstre était une affaire de marins, de mousse, de nature. Leur vie, leur salaire en dépendaient. Merlin (Philibert) devait y croire pour l'avenir des pêcheurs, pour protéger le fleuve de la pollution. Et surtout l'amour propre de leur métier.
Une histoire touchante sur nos conditions.
De nos jours, tout à continué, tout a empiré

(Lu en.2021, rappel Facebook)
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Le récit est captivant ; on voit en lisant, Philibert le patron-batelier d'une rigue, diriger son équipage, comprendre la dureté du travail, la force physique nécessaire pour accomplir la descente et la remontée du fleuve et en même temps on comprend les conditions de vie de l'époque avec l'emploi de mots surprenants qui illuminent le récit.
On y apprend des termes que l'on ne trouve pas dans le dictionnaire comme une rigue, c'est-à-dire un ensemble de bateaux en bois aptes à naviguer sur le Rhone, formant un convoi et servant à transporter des vivres et des passagers entre Lyon et Beaucaire. Autre mot typique du transport fluvial, la decize, soit la descente du fleuve qui se fait en 2 jours à partir de Lyon et son mot opposé, la remonte pour revenir au point de départ et qui prenait 3 semaines au convoi, tiré par des chevaux de traits, aptes à ce service.
Autre mot pour désigner certains postes ou fonctions sur le bateau : le baile (conducteur des chevaux), le prouvier, l'homme qui est devant à la proue du bateau, muni d'une longue perche pour sonder la profondeur du fleuve, mais aussi pour écarter tout obstacle à la progression du convoi.
B. Clavel est un excellent conteur ; il emploie les mots, les adjectifs, les verbes qui évoquent tout de suite l'action de la nature et cela nous aide à littéralement voir le paysage, les maisons, les bateaux sans l'aide d'un écran. On imagine les scènes de bagarre entre mariniers et les hommes du bateau vapeur qui commence en cette fin de siècle de concurrencer sérieusement les anciens modes de navigation. Cette lutte sans merci entre les hommes, entre les hommes et la machine à vapeur, entre les hommes et les éléments déchainés de la Nature (eau, vent, froid, tempête) inonde avec force le roman. Ce récit est un hommage aux hommes, à leur force, leur bravoure, leur espoir ou désespoir, une ode à la grandeur d'âme des Philibert, des Claude, des Tirou.
Mais le plus émouvant dans le récit c'est quand Patron Merlin accepte à son bord pour la remonte un ancien, à la retraite depuis des années, qui souhaite une dernière fois partir à l'aventure avec un bon capitaine et tenter de vaincre les bateaux à vapeur dans le trajet de la remonte jusqu'à Lyon.
Magnifiques ces phrases qui vous font monter les larmes aux yeux ! on participe à la joie profonde de ce vieux monsieur qui seconde le capitaine, le remplace, participe au transport comme tous les hommes d'équipage. La fin tragique du roman marque la fin de ce mode de transport fluvial au XIXe.
La connaissance du milieu de la batellerie est vraiment impressionnante : le vocabulaire employé, la description des scènes et des conditions de vie et de travail des hommes à cette époque, la description des manoeuvres des bateaux. J'ai beaucoup aimé ce livre trouvé dans une boutique qui arrêtait son activité. Daté de 1972, il entre en bonne place dans ma bibliothèque aujourd'hui.







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Bernard Clavel a construit son roman comme son héros a mené sa vie : en suivant le cours du Rhône, de la décize à la remontée...

1840 : Philibert Merlin, patron batelier, attend depuis de longs jours que le niveau du Rhône soit assez haut pour naviguer. Il est aux aguets, et quand enfin le sort lui semble favorable, il se jette dans l'aventure, prenant des risques pour avoir le bonheur de battre les bateaux à vapeur qui concurrencent et conduisent à la misère nombre de mariniers.

Sa haine du charbon est énorme, et il ne souffrira de son équipage aucune compromission avec son ennemi, se montrant sans pitié vers son propre fils.

On descend donc le Rhône avec son équipage, puis, après quelques victoires éclatantes et quelques déceptions amères, on le remonte. Mais Philibert saura-t-il faire passer son humanité et son bon sens avant sa rage d'en découdre avec le vapeur ? A l'heure du choix fatidique, fera-t-il le bon ?

Après un démarrage que j'ai trouvé quelque peu longuet et un brin ennuyeux, j'ai pris plaisir à suivre ce brave Philibert dans ses pérégrinations et ses combats. Mais si j'ai apprécié les personnages, j'ai détesté la fin.

En tous cas, avec son Seigneur du fleuve, Bernard Clavel nous offre une bien plaisante leçon d'histoire !
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Ce livre de Bernard Clavel est assez notable dans sa bibliographie, puisqu'il s'agit du premier qu'il voulut écrire, mais qu'il retarda sur conseil de Hervé Bazin. Ce n'est qu'après quelques années qu'il se mit à l'ouvrage et produisit "Le seigneur du fleuve", roman ambitieux qui parle aussi bien du Rhône que d'un homme ...

Ce roman est une sorte de condensé des autres livres de Clavel. On y retrouve toutes les thématiques chères à l'auteur : la fin d'un monde et d'une époque ; la solidarité des ouvriers et les temps difficiles ; les paysages majestueux, enchanteurs, mais aussi violent et impitoyable ; une nature qui donne la vie et sait la reprendre ; la force et la hardiesse de ceux qui oeuvrent de leurs mains. Bernard Clavel nous raconte ceux qui n'étaient pas du grand monde, mais du petit, de celui qui travaillait chaque jour et vivait aussi dignement que leur argent le permettait. J'aime ses portraits de paysans, ouvriers, manoeuvres, marins qui parsèment son oeuvre. Ici encore, une figure centrale sera présente, en la personne du patron de tout cet équipage, Merlin. Figure de fort, mais aussi borné et têtu, ce qui le conduira jusqu'à des actes fous. Merlin incarne cette idée, chère à l'auteur, d'une personne accomplie, travaillant de ses mains à son oeuvre, gagnant son pain à la sueur de son front et faisant face aux éléments naturels autant que technologique.
Si le personnage peut sembler un peu trop lisse dans son côté perfection, il est néanmoins pétri de bonnes intentions et de mauvais côté. Ces mauvais côtés qui mèneront d'ailleurs à un dénouement tragique. Bernard Clavel nous pond une chimère, incarnation de ce qu'il voit et ressent dans ces métiers-là, dans ces personnes maintenant disparues. Il retrace des portraits de ce que fut la vie des gens, avant tout notre progrès et notre technologie. Et sans tomber dans le travers de la complaisance ("c'était mieux avant") ni nier les nombreux risques qu'ils prenaient au quotidien. C'est un portrait de vie, de ce que fut la vie de nombreuses personnes. Bernard Clavel aime se faire porteur de leur mémoire en l'écrivant avant qu'elle ne disparaisse.

Cependant, j'ai un peu de réserve vis-à-vis de ce livre. Par rapport à d'autres livres de l'auteur, je trouve celui-ci plus fade, plus terne. Peut-être par la distance avec le sujet, ou par la géographique qui me parle moins que le Jura qu'il aime tant décrire. Mais aussi, et probablement, parce que j'ai été moins touché par les personnages et leurs histoires. C'est plus terne, plus facile. J'ai moins ressenti ce frisson que certains personnages de l'auteur m'ont déjà donnés. Ma lecture ne fut pas déplaisante, mais je suis resté sur ma faim. C'est dommage, j'apprécie toujours autant l'auteur mais je deviens plus difficile maintenant. Cela ne m'empêchera pas d'en lire d'autres, c'est certain.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Depuis des siècles, les bateliers faisaient vibrer les rives. Chevaux, coups de gueule, coups de hache, ils n'épargnaient rien et ne respectaient que le fleuve. Avec la vapeur, c'était autre chose.

Les bateaux étaient si gros et si rapides que lorsqu'ils passaient, toute l'eau qu'envoyaient vers l'arrière leurs énormes roues manquait soudain au fleuve qui se vidait de moitié. Brusquement découvertes, les grèves et les digues offraient à la vue de n'importe qui le secret de leur vie. Les millions de bête qui vivent dans les mousses, les graviers, sous les racines, entre les roches, s'affolaient. Les poissons restaient le ventre sur le sable. Et puis, le bateau passé, c'était la folie de l'eau durant un bon quart d'heure. Tout était bousculé, remué, trempé, brassé et saccagé. La vase des mouilles montait en surface et filait sur le large en longues traînées brunâtres. La graisse des bielles, la fumée, les cendres, tout contribuait à empoisonner bêtes et gens. Depuis deux ans, on ne voyait presque plus de castors dans les îles. Des peupliers étaient tombés, minés en dessous par ce flux et ce reflux qui n'étaient pas dans la nature du fleuve.
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Allons, petit. On est du même bois, toi et moi. Du même bois que ton père. Et si c'est vrai que la vapeur doit tuer la batellerie, tu sais bien qu'on en crèvera aussi. Mais faut être honnête. Il y a le fleuve. Le métier et tout et tout. Mais ce qui nous en fout un coup, c'est autant de voir les compagnies que de voir leurs bateaux. La vapeur, c'est réservé aux grosses sociétés capitalistes, pas aux artisans comme nous. Ce qu'elle va tuer, c'est pas seulement les bateaux tirés par les chevaux, c'est aussi une façon de vivre... De vivre et de rester son maître.
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Le fleuve a tracé sur cette terre jamais stable des itinéraires qu'il transforme de saison en saison. Il s'y attarde.
Il explore le sous-bois.
Il s'arrête sous les voûtes épaisses des branchages où bourdonnent des millions de moustiques et de mouches.
Pour celui qui ne connaît pas, c'est la jungle.
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Depuis des siècles, les bateliers faisaient vibrer les rives. Chevaux, coups de gueule, coups de hache, ils n'épargnaient rien et ne respectaient que le fleuve. Avec la vapeur, c'était autre chose.

Les bateaux étaient si gros et si rapides que lorsqu'ils passaient, toute l'eau qu'envoyaient vers l'arrière leurs énormes roues manquait soudain au fleuve qui se vidait de moitié. Brusquement découvertes, les grèves et les digues offraient à la vue de n'importe qui le secret de leur vie. Les millions de bête qui vivent dans les mousses, les graviers, sous les racines, entre les roches, s'affolaient. Les poissons restaient le ventre sur le sable. Et puis, le bateau passé, c'était la folie de l'eau durant un bon quart d'heure. Tout était bousculé, remué, trempé, brassé et saccagé. La vase des mouilles montait en surface et filait sur le large en longues traînées brunâtres. La graisse des bielles, la fumée, les cendres, tout contribuait à empoisonner bêtes et gens. Depuis deux ans, on ne voyait presque plus de castors dans les îles. Des peupliers étaient tombés, minés en dessous par ce flux et ce reflux qui n'étaient pas dans la nature du fleuve.
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Il y avait ceux qui pensaient au fleuve avec la peur de le voir envahir la cité et pénétrer jusque dans la cuisine aprés avoir noyé la cave. Il y avaint ceux que les crues terrorisent, parce qu'ils n'ont pour abri que des maisons. Mais il avait aussi ceux que le fleuve porte avec lui et qui portent le fleuve en eux. ceux-là vivent sur des bateaux. L'essentiel de leur existance est là, et ils ne soucient peu de ce qu'ils possèdent sur les rives.
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