"- Enfin, faut bien se rendre service. Le jour où plus personne ne voudra rien donner, le monde ne sera pas loin de crever !"
Ce paysage est beaucoup plus qu'un paysage ; il est un monde où nous trouvons autant à lire dans ce qui est invisible que dans ce qui est écrit clairement.
Aussi rugueuses qu'elles aient pu être, nos jeunes années nous reviennent toujours en mémoire avec un parfum qui nous grise.
Si je suis riche - et je ne parle pas d'argent -, ce n'est pas de rien.
C'est la récompense de l'esprit tranquille et heureux que de pouvoir évoquer les instants passés de son existence.
Si je décide aujourd'hui de feuilleter ces souvenirs, c'est dans l'espoir égoïste - probablement un peu vain - d'en respirer le parfum fané en me racontant ces petits bonheurs de rien du tout dont je ne savais pas, à l'époque, qu'ils allaient imprimer en moi une marque indélébile. B. C.
Lorsqu'on a une nature de romancier, il est très difficile d'être un bon mémorialiste. Pourtant, ici, j'ai tout fait pour museler mon imagination et m'efforcer de me souvenir. J'ai tenté de me retourner, de regarder le chemin parcouru où les herbes du temps ont poussé et fané en laissant subsister quelques fleurs au parfum de jadis. Les cueillant comme ma mère coupait les roses de son jardin, j'ai tenté de les rassembler en évitant de trop y mêler les ronces qui risquaient d'en ternir le frêle éclat. Certes, je sais bien que les heures sombres demeurent, mais j'ai voulu les oublier un peu pour que les bons moments dominent ce qui risque toujours de noircir la vie.
Il arrive parfois que les petits bonheurs se terminent par un grand drame.
Aussi rugueuses qu'elles aient pu être, nos jeunes années nous reviennent toujours en mémoire avec un parfum qui nous grise.
Certes, je sais bien que les heures sombres demeurent, mais j'ai voulu les oublier un peu pour que les bons moments dominent ce qui risque toujours de noircir la vie.