Si l'on peut parler de banalité du mal ce n'est pas en tant que l'accusé a commis des crimes ordinaires ou qu'il y aurait un Eichmann en puissance en chacun de nous, mais parce qu'il faut comprendre son crime dans le cadre du totalitarisme. Ce type de régime se caractérise, comme on l'a vu, par un abandon de la réalité au profit d'une idéologie et de la transformation des classes sociales en masse en mouvement.
Seule une humanité complètement organisée pouvait faire que la perte de patrie et de statut politique revienne à être expulsé de l'humanité entière.
La propagande et la terreur sont caractéristiques des systèmes totalitaires mais l'un implique déjà l'autre. C'est bien plutôt l'organisation totalitaire qui est une nouveauté radicale du XXe siècle et c'est cette organisation qui tend à faire une distinction entre la tyrannie et le totalitarisme.
Les Juifs sont un paradoxe: il s'agit d'un peuple sans nation, dispersé à travers d'autres nations et dont l'assimilation est rendue difficile. Mais leur caractère transnational permet à certains d'entre eux de devenir conseillers ou d'être les premiers à avoir intérêt à la paix, d'où leur rôle historique.
Le totalitarisme, diffère par essence des autres formes d'oppression politiques que nous connaissons, comme le despotisme, la tyrannie et la dictature.