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Citations sur La Machine infernale (89)

LE SPHINX : Est-il donc aveugle ?
ANUBIS : Beaucoup d'hommes naissent aveugles et ils ne s'en aperçoivent que le jour où une bonne vérité leur crève les yeux.

Acte II.
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TIRÉSIAS : Vous conviendrez que votre sacre, que votre mariage, se présentent sous une forme difficile à classer, impropre à ranger dans un code.
ŒDIPE : On ne saurait dire avec plus de grâce que je tombe sur la tête de Thèbes comme une tuile tombe d'un toit !
TIRÉSIAS : Monseigneur !
ŒDIPE : Apprenez que tout ce qui se classe empeste la mort. Il faut se déclasser, Tirésias, sortir du rang. C'est le signe des chefs-d'œuvre et des héros. Un déclassé, voilà ce qui étonne et ce qui règne.

Acte III.
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Beaucoup d'hommes naissent aveugles et ils ne s'en aperçoivent que le jour où une bonne vérité leur crève les yeux.
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TIRÉSIAS : Œdipe ne confondez-vous pas la gloire et l'amour ? Aimeriez-vous Jocaste si elle ne régnait pas ?
ŒDIPE : Question stupide et cent fois posée. Jocaste m'aimerait-elle si j'étais vieux, laid, si je ne sortais pas de l'inconnu ?

Acte III.
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LA MATRONE : Le Sphinx, qu'il dit, c'est un loup-garou pour tromper le pauvre monde. Il y a peut-être eu quelque chose comme votre Sphinx — c'est mon fils qui s'exprime — maintenant votre Sphinx est mort ; c'est une arme entre les mains des prêtres et un prétexte aux micmacs de la police. On égorge, on pille, on épouvante le peuple, et on rejette tout sur le Sphinx. Le Sphinx a bon dos. C'est à cause du Sphinx qu'on crève de famine, que les prix montent, que les bandes de pillards infestent les campagnes ; c'est à cause du Sphinx que rien ne marche, que personne ne gouverne, que les faillites se succèdent, que les temples regorgent d'offrandes tandis que les mères et les épouses perdent leur gagne-pain, que les étrangers qui dépensent se sauvent de la ville ; et il faut le voir, mademoiselle, monter sur la table, criant, gesticulant, piétinant ; et il dénonce les coupables, il prêche la révolte, il stimule les anarchistes, il crie à tue-tête des noms de quoi nous faire pendre tous. Et entre nous… moi qui vous parle, tenez… Mademoiselle, je sais qu'il existe le Sphinx… mais on en profite. C'est certain qu'on en profite. Il faudrait un homme de poigne, un dictateur !

Acte II.
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ŒDIPE
Je suis heureux de te revoir sans aucune pompe, sans tes bijoux, sans tes ordres, simple, blanche, jeune, belle, dans notre chambre d'amour.

JOCASTE
Jeune! Œdipe... Il ne faut pas de mensonges...

ŒDIPE
Encore...

JOCASTE
Ne me gronde pas.

ŒDIPE
Si, je te gronde! Je te gronde, parce qu'une femme telle que toi devrait être au- dessus de ces bêtises. Un visage de jeune fille, c'est l'ennui d'une page blanche où mes yeux ne peuvent rien lire d'émouvant; tandis que ton visage ! Il me faut les cicatrices, les tatouages du destin, une beauté qui sorte des tempêtes. Tu redoutes la patte d'oie, Jocaste! Que vaudrait un regard, un sourire de petite oie, auprès de ta figure étonnante, sacrée: giflée par le sort, marquée par le bourreau, et tendre, tendre et... (Il s'aperçoit que Jocaste pleure.) Jocaste! ma petite fille! tu pleures ! Mais qu'est- ce qu'il y a?... Allons, bon... Qu'est- ce que j'ai fait? Jocaste !...

JOCASTE
Suis- je donc si vieille... si vieille ?

ŒDIPE
Chère folle! C'est toi qui t'acharnes...

JOCASTE
Les femmes disent ces choses pour qu'on les contredise. Elles espèrent toujours que ce n'est pas vrai.

ŒDIPE
Ma Jocaste !... Et moi stupide! Quel ours infect... Ma chérie... Calme- toi, embrasse- moi... J'ai voulu dire...
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ANUBIS _ Obéissons. Le mystère a ses mystères. Les dieux possèdent leurs dieux. Nous avons les nôtres. Ils ont les leurs. C'est ce qui s'appelle l'infini.

ACTE II
La rencontre d'Œdipe et du Sphinx
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ŒDIPE : Je suis heureux de te revoir sans aucune pompe, sans tes bijoux, sans tes ordres, simple, blanche, jeune, belle, dans notre chambre d'amour.
JOCASTE : Jeune ! Œdipe… Il ne faut pas de mensonges…
ŒDIPE : Encore…
JOCASTE : Ne me gronde pas.
ŒDIPE : Si, je te gronde ! Je te gronde, parce qu'une femme telle que toi devrait être au-dessus de ces bêtises. Un visage de jeune fille, c'est l'ennui d'une page blanche où mes yeux ne peuvent rien lire d'émouvant ; tandis que ton visage ! Il me faut les cicatrices, les tatouages du destin, une beauté qui sorte des tempêtes. Tu redoutes la patte-d'oie, Jocaste ! Que vaudrait un regard, un sourire de petite oie, auprès de ta figure étonnante, sacrée : giflée par le sort, marquée par le bourreau, et tendre, tendre et… (Il s'aperçoit que Jocaste pleure.) Jocaste ! ma petite fille ! tu pleures ! Mais qu'est-ce qu'il y a ?… Allons, bon… Qu'est-ce que j'ai fait ? Jocaste !…
JOCASTE : Suis-je donc si vieille… si vieille ?

Acte III.
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LE SPHINX - Inutile de fermer les yeux, de détourner la tête. Car ce n'est ni par le chant, ni par le regard que j'opère². Mais, plus adroit qu'un aveugle, plus rapide que le filet des gladiateurs, plus subtil que la foudre, plus raide qu'un cocher, plus lourd qu'une vache, plus sage qu'un élève tirant la langue sur des chiffres, plus gréé, plus voilé, plus ancré, plus bercé qu'un navire, plus incorruptible qu'un juge, plus vorace que les insectes, plus sanguinaire que les oiseaux, plus nocturne que l'œuf, plus ingénieux que les bourreaux d'Asie, plus fourbe que le cœur, plus désinvolte qu'une main qui triche, plus fatal que les astres, plus attentif que le serpent qui humecte sa proie de salive; je sécrète, je tire de moi, je lâche, je dévide, je déroule, j'enroule de telle sorte qu'il me suffira de vouloir ces nœuds pour les faire et d'y penser pour les tendre ou pour les détendre; si mince qu'il t'échappe, si souple que tu t'imagineras être victime de quelque poison, si dur qu'une maladresse de ma part t'amputerait, si tendu qu'un archet obtiendrait entre nous une plainte céleste; bouclé comme la mer, la colonne, la rose, musclé comme la pieuvre, machiné comme les décors du rêve, invisible surtout, invisible et majestueux comme la circulation du sang des statues, un fil qui te ligote avec la volubilité des arabesques folles du miel qui tombe sur du miel.

Acte II - p94

2.Cocteau propose dans la brochure un effet sonore et une indication de diction : "on entend une note très haute et très douce, une note obtenue de scie, ou d'ondes, ou d'orgue qui n'arrêtera plus d'accompagner le travail du Sphinx et sur laquelle il parle avec une voix grave, coupante, monocorde, hésitant et prononçant chaque syllabe comme s'il lisait un procès-verbal." Cocteau, toujours attentif à la diction, écrit à Jouvet : "Pour Bogaert dis-lui que dès qu'elle est "le Sphinx" elle doit parler comme une mitrailleuse -un télégraphe- une écuyère méchante et insolente."
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TIRÉSIAS : Il fait beau croire aux prodiges lorsque les prodiges nous arrangent et lorsque les prodiges nous dérangent, il fait beau ne plus y croire et que c'est un artifice du devin.

Acte III.
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