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sur 1223 notes
Jean Cocteau nous propose sa lecture du mythe d'Oedipe au travers de cette réécriture contemporaine. Il injecte dans la tragédie antique une bonne dose de comédie moderne mais ce qui n'en fait pas pour autant une comédie, disons simplement une tragi-comédie en quatre actes.

La trame est connue, archiconnue : le roi de Thèbes, Laïus et son épouse Jocaste ont eu un fils, Oedipe. Un oracle prédit que ce dernier tuera son père et épousera sa mère. Afin de déjouer la prophétie, Jocaste abandonne son fils sur un mont isolé, voué à une mort certaine. Mais un berger le recueille et porte l'enfant auprès du couple royal de Corinthe, qui va l'adopter et en faire un prince. En grandissant, Oedipe est mis au courant de la prophétie et décide de quitter Corinthe afin qu'elle ne s'exécute pas. Il n'est bien sûr pas conscient qu'il n'est pas le fils de sang du vieux couple. En chemin, il tue accidentellement un vieil homme qui n'est autre que Laïus. Averti du mal qui pèse sur la ville de Thèbes et représenté par la Sphinx (sorte de démon femelle), il décide de se mesurer à elle et de l'éradiquer. La prix de ce bienfait est la main de la belle reine veuve, Jocaste…

Jean Cocteau examine ce mythe non tant sous la férule des dieux mais sous le sceau du destin, d'où son titre, La Machine Infernale. En somme, quoi qu'on fasse pour échapper à son destin, notre marge de manoeuvre est faible ou vaine, ou les deux. du coup, j'y perçois un message qui n'est sans doute pas si différent de celui d'un Milan Kundera dans L'Insoutenable Légèreté de L'Être ou encore d'un Léon Tolstoï dans La Guerre Et La Paix.

Dit crument, cela donne : « Vous vous démenez, vous vous échinez pour influer sur le cours de votre existence et vous avez parfois la sensation d'y parvenir. Mais vous ne parvenez à rien du tout, si ce n'est à votre trou et dans des souffrances atroces. » Vu avec un regard optimiste, on pourrait cependant penser qu'au moins, pendant dix-sept ans, Oedipe a fait ce qu'il a voulu et qu'il a même tutoyé un sentiment qui était peut-être proche du bonheur. À voir…

Ce qui, personnellement m'a beaucoup plu dans cette pièce, outre la plume alerte de Jean Cocteau que je ne connaissais pas et que je découvre avec plaisir, c'est le personnage du Sphinx. Ce Sphinx qui peut représenter plein de choses et dans lequel chaque spectateur peut y percevoir à la fois son propre vécu et le démon personnel qui l'habite. Pour certains ce sera la guerre, pour d'autres la maladie, pour d'autres encore le malheur ou la malchance ou même la pauvreté.

Bref, ce Sphinx qui symbolise tout ce qu'on peut imaginer de douleur et de ressentiment est présenté, non comme une entité négligeable, car le mal vécu et ressenti est bien réel, mais comme un mal sur lequel on aime à faire peser d'autres maux que ceux qu'il inflige vraiment. Cette pièce a été écrite bien avant la Seconde guerre mondiale mais je n'ai pu m'empêcher d'y voir une sorte d'allégorie de la guerre.

En somme, la guerre est source de tous nos maux, c'est elle la vraie coupable. Mais il n'empêche qu'à y regarder de près, beaucoup des souffrances vécues ou infligées par les malheureux bougres étaient peut-être dues non pas à la guerre en tant que telle, mais au comportement délétère d'autres malheureux bougres. Exemple : on vous impose une guerre, avec son lot d'atrocités et de barbaries ; on vit des heures graves où la solidarité serait de mise et… et non. Certains essayent encore de se faire du beurre sur votre dos, c'est du marché noir, c'est de la magouille, c'est de l'entourloupe, c'est de la médisance, c'est de la délation. Comme si la guerre n'était pas, en soi, un mal suffisant, il faut que monsieur tout-le-monde en rajoute à sa façon.

C'est en tout cas comme ceci que j'interprète le passage de la matrone et du Sphinx à l'acte II. Un grand beau moment de théâtre selon mes critères d'appréciation. Pour le reste, une pièce solide, plaisante, où l'auteur a su habilement alléger le poids du tragique par des notes d'humour à la fois nombreuses et bien senties. Si j'avais un petit reproche à lui faire, c'est que je la trouve peut-être un peu statique, même si on peut, j'imagine, envisager tous les mouvements de scène qui soient, l'essentiel se produit sous forme de dialogue arrêté entre deux personnages, voire, de quasi monologue.

Mais ceci n'obère en rien l'impression générale positive que m'a procurée cette pièce et je vous prie de vous souvenir que ce n'est que l'expression d'un seul avis, qui n'a rien d'une machine infernale, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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♫Quand il est mort le poète
(Le poète)
Tous ses amis
(Tous ses amis)
Tous ses amis pleuraient
Quand il est mort le poète
(Quand il est mort le poète)
Le monde entier
(Le monde entier)
Le monde entier pleurait
On enterra son étoile
(On enterra son étoile)
Dans un grand champ
(Dans un grand champ)
Dans un grand champ de blé
Et c'est pour ça que l'on trouve
(Et c'est pour ça que l'on trouve)
Dans ce grand champ
(Dans ce grand champ)
Dans ce grand champ des bleuets♫
Gilbert Bécaud -1966-

 Jean Cocteau (1932-1963) avait dit de Gilbert Bécaud : « Bécaud a le courage d'être excessif — ce que si peu de gens osent — et de se montrer tel qu'il est, jusqu'au bout ». Bécaud se souviendra de son soutien et de ses encouragements, et c'est avec cette chanson qu'il rendra l'un des plus beaux hommages au poète trois ans après sa disparition.
Si comme moi, tu es un inculte coté "Classique"
Ignare dans la matière du Tragique
Mais Curieux du débat politique à l'ébat érotique
Découvre vite Cocteau, cette pièce mathématico-poétique
son interprétation symbole-hic freudo-oedipique
Écharpe le père quant à la mère tunique
Oserais-je, comment'es ! Quand on se nomme Laïus
"Tuez son père" ressort d'un simple lapsus...
Le beurre, l'argent du beurre et tout le crèmage
Point de tirage, l'orgueil gagnera Oracle-age
Accepte mon pseudo vers pour un Ô mage.
Je ne suis qu'un niais qui s'agenouille
et qui te conjure de lui pardonner.
Le temps m'étant mesuré pour cette chro-nique
il me faut le ménager si je veux en garder toute la considération qu'elle mérite...🙄

Et dire que c'était un livre de lycée destiné au pilon !
D'avoir pu le louper, me donne encore le frisson. 😱

C'était avant, je n'étais qu'un simple Ninosairosse
Et depuis Cocteau, je m'suis enc'Orphée rosse.
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« Un chef d'oeuvre d'horreur s'achève. Pas un mot, pas un geste, il serait malhonnête de poser une seule ombre de nous ».

Après lecture du très beau livre « Moi, Oedipe » de Alain le Ninèze qui nous offre de revisiter le mythe oedipien sous un angle original, une autobiographie, je poursuis ma redécouverte de ce mythe, cette fois en me tournant vers le théâtre et cette réinterprétation très moderne de Jean Cocteau qui, en une pièce en quatre actes, injecte une certaine dose d'humour dans cette lecture toute personnelle.
Une tragédie comique, le personnage d'Oedipe éloigné du roi fier et impérieux de Sophocle ici arrogant et impulsif, la présence de nombreux fantômes, un Sphinx qui perd de son aura fabuleux et féérique pour être plus proche d'un démon sous les apparences d'une femme, Jean Cocteau semble vouloir s'éloigner de la grandeur des dieux pour placer son regard sous le sceau du destin, cette machine infernale à laquelle les hommes ne peuvent échapper. Destin inexorable et impuissance des mortels, cette vision semble plus proche de celle d'un Sénèque.

« Regarde, spectateur, remontée à bloc, de telle sorte que le ressort se déroule avec lenteur tout le long d'une vie humaine, une des plus parfaites machines construites par les dieux infernaux pour l'anéantissement mathématique d'un mortel ».

Cette pièce a été écrite en 1932 et met en scène l'arrivée d'Oedipe à Thèbes, enfin, il ne le sait pas encore nous pourrions dire son retour plutôt, retour vers son propre berceau, après son départ volontaire de Corinthe. La « Voix » dans la pièce nous donne des éléments de contextualisation : le jeune Oedipe, après s'être fait moquer par ses camarades quant à ses origines, est allé voir une pythie et les oracles lui ont annoncé un destin terrible : il tuera son père et épousera sa mère. Il pense pouvoir contourner cette terrible prédiction en fuyant ses parents et donc sa ville, errance le conduisant à Thèbes. En chemin il tue par accident un vieillard.

Le 1er acte est consacré au fantôme de ce vieillard, qui n'est autre que Laïus, le roi de Thèbes, qui essaie de faire passer un message d'alerte à sa femme Jocaste. Acte étonnant où nous voyons un fantôme bégayant ne pouvant apparaitre que dans des odeurs pestilentielles de marais et de marécages, une reine qui ne cesse de s'énerver après son écharpe sur laquelle elle marche menaçant de s'étrangler avec. Ce premier acte pose le ton délibérément moderne et en décalage avec la pièce d'origine de Sophocle et étonne le spectateur. Jean Cocteau nous propose un pas de côté et nous le propose avec humour dès ce premier acte.

Le 2ème acte est consacré à la rencontre d'Oedipe et du Sphinx. Très éloigné des représentations épiques d'un Gustave Moreau, ce Sphinx a forme humaine et peut représenter tout démon personnel qui habite tout un chacun, douleurs, malheurs, maladie…La résolution de l'énigme est présentée sous la forme d'une mascarade, le Sphinx ayant donné la solution avant même qu'Oedipe la donne alors comme si cela venait de lui, d'un air fier. Il me semble que Jean Cocteau réduit considérablement la portée de ce mythe de l'énigme en la colorant d'une auréole de manipulation. Nous nous arrangeons souvent avec nos démons, marchandons avec eux, et sommes fiers d'annoncer une victoire contre ceux-ci, du moins un contrôle de ceux-ci, alors qu'en réalité nous ne résolvons rien, tout est en effet souvent simples annonces et belles paroles…était-ce là le message de l'auteur ? Cet acte est complexe me semble-t-il, il y a certains passages qui mériteraient pour ma part une relecture.

Le 3ème acte est centré sur la nuit de noce entre Oedipe et Jocaste où la différence d'âge entre les époux est mise en valeur. Jocaste découvre durant cette nuit durant laquelle ils s'offrent l'un à l'autre, les cicatrices sur les pieds d'Oedipe, lui rappelant ce bébé qu'elle a abandonné du fait d'un oracle prédisant que cet enfant allait tuer son père. En l'abandonnant elle avait percé les pieds du bébé. le jeune homme évoque un accident de chasse enfant, mais un certain trouble s'installe. Atmosphère étrange accentuée par le fait que le berceau de ce bébé est toujours dans la pièce, contre le lit des amants.

Enfin le 4ème acte évoque Oedipe roi dix-sept ans après, durant l'épidémie de peste qui ravage Thèbes. Un acte qui va porter sur le dénouement de l'intrigue et la compréhension terrible de la réalisation de l'oracle : Oedipe a bel et bien tué son père et épousé sa mère étant l'enfant de Laïus et de Jocaste, et ayant été adopté par un couple stérile à Corinthe qui a en effet trouvé ce bébé aux pieds percés. Jocaste se suicide, Oedipe se perce les yeux et décide de s'exiler.

C'est au final une pièce dans laquelle Jean Cocteau a su prendre de la distance avec le côté tragique et grandiloquent de ce mythe en introduisant de nombreuses notes d'humour, de la dérision, parfois même certains anachronismes (il évoque par exemple la présence de boites où on écoute de la musique la nuit...des boites de nuit en 1932, je ne sais mais c'est troublant).
Elle donne à réfléchir quant à sa portée philosophique, un peu différente sur certains aspects de la pièce d'origine. le Sphinx notamment a une portée que je pressens importante mais complexe. Ses liens avec une matrone tout d'abord puis avec Anubis sont clés et une deuxième lecture me sera nécessaire pour en comprendre toute les significations, ce d'autant plus que je ne suis guère familiarisée avec la lecture de la mythologie et encore moins de pièces de théâtre. L'acte II comporte des clés à côté desquelles je suis passée.
Mais le message central de la pièce dans sa globalité reste le même : pouvons-nous échapper à notre destin ? Ne sommes-nous que l'instrument involontaire de notre destinée ? de simples spectateurs ?

Ce fut une lecture plaisante d'une réinterprétation du mythe oedipien très étonnante de la part de Jean Cocteau, assez inclassable. Pas étonnant de la part de l'auteur qui écrit dans la pièce, comme s'il parlait de lui :

« Apprenez que tout ce qui se classe empeste la mort. Il faut se déclasser, Tirésias, sortir du rang. C'est le signe des chefs d'oeuvre, voilà ce qui étonne et qui règne ».

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Peut-on échapper à son destin ?
La question est posée par Jean Cocteau dans cette adaptation très libre du mythe d'Oedipe ; cependant que la réponse nous est suggérée dans le titre même de la pièce : « La machine infernale » ; une pièce donnée pour la première fois au théâtre Louis Jouvet (Comédie des Champs-Elysées) le 10 avril 1934, avec notamment Jean-Pierre Aumont et Louis Jouvet.

« La machine infernale », ou comment transformer une tragédie antique en tragicomédie moderne… humour, ironie, dérision même, anachronismes ; mais le mythe reste, dépoussiéré, mais tellement présent. Une vision bien pessimiste de la condition humaine : l'homme ne peut-il vraiment rien d'autre face à son destin, que d'en être l'instrument bien involontaire, et finalement le principal spectateur…
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On n'est rarement déçu par les classiques me disait un babelionaute dans un message. Je le concède bien volontiers, d'autant plus que derrière ce choix se cache l'envie de m'essayer à ce format d'écriture et que décortiquer la dramaturgie de Cocteau ne peut être que source d'inspiration et d'humilité.
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En ce moment, je vais de surprise en surprise. Ayant choisi ce bouquin à son titre dans la bibliothèque de ma fille, ô première surprise, je m'attendais à tout sauf à une reprise moderne d'Oedipe !

Surprise numéro deux, voilà qu'on entre de plein pied dans une comédie ! Si ! Oedipe comédie, voilà qui change la donne. du coup, je m'enthousiasme. le ton est volontairement humoristique, et tourne quelque peu en ridicule ces personnages si "pompeux" d'origine !
Anachronismes et modernité résolue sont surprenants et jouissifs !

Hélas, arrive l'acte II avec le sphinx, et là, ouille, je déchante. Je laboure consciencieusement les pages, mais mon regard a une fâcheuse tendance à être irrésistiblement attiré ailleurs.
Ce sphinx trop humain m'ennuie, ses tirades itératives et répétées m'agacent, il faut même que je relise pour comprendre ce que je lis, et ça, c'est franchement énervant ! Je lâche le livre au bout de 2 pages la plupart du temps. J'ai donc mis une semaine pour arriver au début de l'acte III, "la nuit de noces", non mais où va-t-on !?

Ici on trouve un Oedipe gamin, préoccupé de "gloire et de règne", prétendument amoureux de Jocaste, aux côtés d'une Jocaste cougard, préoccupée de son vieillissement, et qui confond amour maternel et amour conjugal, en toute inconscience (quoique, pas tant que ça...), référence à Freud appropriée, et qui change quelque peu, puisque la plupart de ceux qui ont écrit "Oedipe" rendent Jocaste totalement et absolument aveugle à la vérité et à la réalité, sans le moindre petit soupçon de tracicule d'intuition sur celles-ci.

Enfin le dernier acte, avec les révélations qu'on connait, est ultra court. Il est vrai qu'il n'a guère d'intérêt, suicide et culpabilité tout à fait classiques ici, à part la chute, parlant de la "gloire" future d'Oedipe, merci papa Freud...

Bref, c'est une oeuvre surprenante et foisonnante, très dense. Un peu laborieuse à lire par moments, tout de même.
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Mythe d'Oedipe revisité par Cocteau.

Recherche dans la mise en scène, originalité d'un texte assez moderne et accessible mais on se demande parfois ce qu'il a fumé quand par exemple Oedipe joue à cache-cache avec le sphinx déguisé en jeune fille.
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Une alchimie de la tragédie vers l'absurde, du monde des dieux grecs au mon monde contemporain, le mur est tellement haut qu'on doit essayer d'avoir les pieds sur terre pour ne pas chavirer...pour ce qui est de l'imagination Cocteau nous la sert bien...
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Devenir la marionnette des dieux de l'Olympe est une malédiction. le sort d'Oedipe est donc scellé même s'il croit atteindre la gloire en devenant roi. Fier d'avoir répondu à l'énigme du Sphinx et donc avoir chassé le fléau de la ville, le jeune homme ne voit pas que son destin se soldera par une tragédie. Ignorant son parricide, il file droit vers l'inceste en épousant sa mère Jocaste.
Cette réécriture du mythe d'Oedipe apporte un éclairage sur la personnalité du héros: orgueilleux, assoiffé d'inconnu et d'honneurs, il représente la jeunesse qui ne veut pas décrypter les signes du destin.
Cocteau, génie créatif a su m'emporter vers une Thèbes lointaine à l'atmosphère à la fois funeste et poétique.
Revoir ses films serait une vraie merveille même s'ils paraissent vieillots pour la jeunesse.


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Je continue mon épopée théâtrale par la lecture de la Machine Infernale de Cocteau. C'est une réécriture du mythe d'Oedipe que tout le monde, je présume, connaît du début à la fin. Et c'est là tout le talent du dramaturge : nous faire redécouvrir l'histoire, la moderniser. Les éléments de base du mythe sont conservés mais Cocteau introduit par exemple des boîtes de nuits à Thèbes. Il actualise le langage des personnages, plus naturel. Il y a également une sacré dose d'humour : le devin surnommé "Zizi", l'espièglerie de Jocaste... le personnage du Sphinx est formidable : Cocteau en fait une jeune fille désabusée, charmée par Oedipe. J'ai vraiment aimé le passage où ce sphinx version 2.0 apparaît, c'est très intéressant.
L'auteur a véritablement cherché à montrer le caractère implacable, inexorable du tragique. Une Voix résume les scènes auxquelles on va assister. J'ai beaucoup aimé ce parti-pris, ne pas chercher à créer le suspense dans un récit dont on connaît tous la trame. L'intérêt est ailleurs : le ton léger, l'ironie tragique, le souffle de modernité qui balaie Thèbes. J'ai vraiment apprécié ma lecture puisque cela m'a permis de me replonger dans ce mythe que j'aime beaucoup, tout en me divertissant.
J'ai trouvé que Cocteau désacralisait très bien l'histoire, faisait des personnages de simples êtres humains. On sourit, on se délecte surtout grâce à Jocaste et sa liberté de parole. Je n'ai pas eu de difficulté lors de ma lecture, je n'ai pas décroché du texte comme cela m'arrive souvent lorsque je lis du théâtre. de plus l'intervention du surnaturel est ma fois, assez agréable et nous offre quelques moments cocasses.
Au final le dramaturge a réussi son pari : actualiser Oedipe. Toutefois je pense qu'il aurait pu aller encore plus loin dans l'humour, dans la modernisation, dans l'anachronisme. On a parfois l'impression que le détachement d'avec le mythe n'est pas aussi abouti qu'il pourrait l'être. Ceci dit, c'est une très bonne pièce mais qui ne vaut certainement pas l'Antigone d'Anouilh, beaucoup plus lourde de sens.

Lien : http://lantredemesreves.blog..
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