Quoiqu'on en dise, les montagnes symbolisent la grandeur et le détachement dans l'esprit de masse. Vaincre Paphos. Il faut être
Alexandra David-Neel pour célébrer cette fragile collision avec l'éternité. Mais
Paolo Cognetti n'est enclin ni au ravissement ni aux émotions exagérées. Sa narration est lisse, grisâtre, dépourvue de signes de style individuel.
Pietro a un ami, Bruno, qui a vécu toute sa vie dans les montagnes, les Alpes italiennes, qui par l'appel du sang leur appartient. le père de Pietro, au contraire, est un citadin, mais il est attiré vers les montagnes par le fameux esprit edgarien de contradiction. Il se rapproche de Bruno, d'abord avec un adolescent, puis avec un jeune homme qui a quitté le chantier pour la montagne. Quand le père de Pietro meurt, le fils aîné rentre du Népal pour réaliser le dernier souhait du père : construire une maison dans les montagnes. Bruno l'aide. Sans émotions ni agitations inutiles, une amoureuse de Pietro, Lara, rencontre Bruno, dont elle aura plus tard une fille, Anita.
Rien de particulier ne semble se passer dans le livre en dehors de la disparition de Bruno à la fin. Mais si on pense qu'en faisant cette lecture on s'habituera aux personnages et qu'on sera triste de la perte de l'un d'eux, alors on se trompe.
Ce récit n'évoque ni la tristesse ni la réflexion. Il traduit ouvertement une certaine impuissance littéraire, comme une honte pour l'auteur, un jugement qui peut être émis par n'importe quel lecteur assidu, par celui qui a honnêtement essayé de chercher une signification, des signes, des secrets, dans le livre.
Ce roman est très symptomatique de l'amertume d'une impossibilité de vivre qui ne peut s'exprimer et qui s'éboule comme un sédiment périssable dans un gouffre de montagne, au même endroit où toutes les aspirations et tous les rêves ont irrémédiablement coulé, ainsi que le noyau de l'être idéaliste.