AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782490834136
280 pages
Panseur (09/03/2023)
3.79/5   7 notes
Résumé :
Assise à une table, devant son cahier, un ordinateur, elle rédige, maladroite, inhibée, il faut dire qu’elle n’est pas d’ici.
Peu à peu, elle s’apprivoise ; elle regarde comment font les autres ; elle apprend, gagne en habileté, écrit pour la radio et la publicité ; elle connaît des poètes, et invente même une langue qu’elle brode.
Alors plus rien de ce qui s’écrit ne lui fait peur : lettres d’amour, témoignages juridiques, cahiers de réclamation... >Voir plus
Que lire après La rédactriceVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ignore si on peut appeler ça un roman. Moi je dirais plus volontiers qu'il s'agit d'une expérience. Autour des mots, du langage, des sons de la nature, du chant des oiseaux ou de la radio, de Spinoza. Suivre le fil des pensées et des souvenirs d'une vie, rire de la famille et des origines, de la religion aussi, mais toujours avec une immense tendresse.

✍🏻 Mille vies sont racontées, notamment les anecdotes, tour à tour émouvantes ou croustillantes, d'une immense carrière dans la publicité. « Mon cher ami Bernard Fayles se vantait parfois d'avoir écrit « il ne colle jamais », la phrase que l'on peut lire sur les paquets de riz Uncle Ben's. C'est sans doute, disait-il, l'une des phrases les plus lues de la langue française, et personne ne saura jamais que c'est moi qui l'ai écrite. »

Et chérir les mots, tenter de les dompter avec une grande humilité et une grande patience. Pour faire éclore l'écrivain. « Vous vous direz que cette brute vous aura au moins appris qu'un texte ne s'écrit pas dans le génie, qu'il se travaille. »

Surtout il y a cet humour fin, sensible, qui permet de reconnaître l'absurdité d'une situation, même dans un moment solennel où on doit trouver les mots d'une plaque commémorative parlant d'un sujet douloureux. Reconnaître ses erreurs, les retravailler comme on cisèle une oeuvre d'art.

💜 Voilà ce dont il est question. Il est question de trouver le mot juste, la phrase parfaite qui démontre un soucis permanent de vouloir bien faire, une générosité sans bornes. A travers maintes anecdotes, l'auteure retrace un parcours drôle, difficile parfois, toujours plein d'amour et de sensibilité. Car elle a compris, dans sa quête de la formule parfaite, l'importance des mots et leur pouvoir. Cette quête qui a débuté par cette phrase assassine « le style est d'une platitude gênante », exprimant toute la force qu'il faut pour s'en relever.

💜 Alors, quoique vous ayez un jour l'idée d'écrire, discours, publicité, chronique, mot d'amour, poème, lisez d'abord La Rédactrice. Vous apprendrez que les mots se méritent.

Merci à l'auteure pour cette merveilleuse leçon d'humilité
Commenter  J’apprécie          10
Pourquoi écrit-on ? Est-on écrivain quand on sait manier les mots pour délivrer des messages d'amour, des lettres de réclamation, des slogans ?
Dans son livre, mélange d'essais, de réflexions philosophiques et de confidences, l'auteure nous raconte son lien à l'écriture. Comment de la jeune débutante maladroite et peu à l'aise avec les mots, elle a fait des mots sa force et son métier. Elle revient sur ses premières dissertations, ses premières réclames puis ses succès dans la publicité. Elle nous confie ses lettres et des bribes de son passé. Elle nous raconte sa recherche du mot juste, du mot qui claque. Ses phrases d'abord pompeuses pour imposer son style puis le style qui se trouve au fur et à mesure des années, les phrases qui s'affinent. Plus c'est court, plus cela a un impact, conseil d'un publicitaire.
Ces pages nous invitent à méditer sur la place de l'écriture dans nos vies que ce soit par passion, pour des démarches administratives ou dans sa vie de tous les jours.
Une succession de textes courts, incisifs, drôles pour montrer les différentes formes que peut prendre l'écriture.
Un témoignage sur l'écriture et sa place dans nos vies, depuis l'enfance et les premières rédactions, les premières lettres envoyées.
Grandir grâce aux mots et devenir un écrivain malgré soi.

Lien : https://www.quandleslivresno..
Commenter  J’apprécie          20
Modeste broderie autour des différentes formes du geste d'écrire, entrelacs autour des manières de se raconter — se tisser, se cacher — dire l'exil et la formule, travailler l'évidence des textes professionnels, publicitaires. En une série de textes brefs, incisifs, frappants et souvent drôles, matière active même du livre qui sous nos yeux s'écrit, Michèle Cohen réfléchit son propre rapport au mot, son humble inscription dans une famille, dans le silence radiophonique ou la cacophonie de la pub, dans son approche, ironique et matériel, de la poésie. La rédatrice est une jolie méditation ou comment, mot après mot, souvenirs après réminiscences, à trouver sa voix.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          50


critiques presse (1)
LeMonde
11 juillet 2023
Michèle Cohen procède au montage de ces éclats d’existence avec une réjouissante malice, où se rencontrent ­liberté et savoir-faire.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
  
  
  
  
À vingt ans, j’ai fait connaissance avec l’écriture radiophonique et sa grammaire de base, combinatoire de voix, musique, bruit et silence : voix/musique, voix/bruitage, voix/silence, voix/voix, musique/ bruitage, musique/silence; et encore ruptures, cadences, durée, espace, écho, réverbération, tout ce dont disposait l’outil radiophonique pour inventer une forme, un fond, du texte, de l’écriture, un style.
À l’Atelier de création Radiophonique, l’appareillage était modeste, l’émission était pauvre, mal logée dans cette cabine 278 bourrée jusqu’à la gueule de bandes magnétiques (mais peut-être est-ce le cas de tous les lieux où quelque chose s’invente ?). Pour le dire avec les mots de notre maître Alain Trutat, c’est le plaisir très subtil du montage qui suppléait à notre dénuement, de même les pleins et les déliés du mixage, et la ténuité préservée du silence et le son affaibli, le son renforcé, la cadence trouvée, la discordance soudaine, reprise, affirmée, célébrée, et l’audace de tous les sons mêlés. À défaut d’avoir les moyens, nous avions du temps, des oreilles, et puis nous étions bricoleurs, dégourdis, inventifs. Et la technique nous procurait un vif plaisir.
Avant l’Atelier, une interview était un entretien compassé où chacun lisait, qui les questions et qui les réponses. La radio était du texte écrit. Ou bien la radio était du théâtre et les sons n’étaient que de pauvres illustrations : ‘il ouvrit une porte’ crouic, bruit de la porte. ‘Au loin, une cloche sonne’ ding dong, bruit de la cloche, etc. L’esthétique était au mieux celle du chromo. Et puis vint l’Atelier.
Commenter  J’apprécie          20
  
  
  
  
J’ai participé à cette révolution avec ferveur. Avec jeunesse. Le son était sacré. Il avait sa théologie et sa légende dorée. Il avait ses rituels, sa morale, il exigeait un don de soi total (tout ce temps passé à mettre en ordre et en désordre des mots, des rires, des bruits, des musiques, à écouter des chants d’oiseaux, des bruits de pas, des gouttes d’eau, des clochettes de calèches et des sanglots). Il avait aussi ses héros, ses saints, ses maîtres zen, sa grande prêtresse, son pape — et ses apparitions éblouissantes : là, au studio 112, Marguerite Duras enregistrant la bande-son d’India Song, avec Michael Lonsdale, Delphine Seyrig et l’ineffable Viviane Forrester à la voix dans le souffle, susurrée, dont je me moquais alors.
Commenter  J’apprécie          10
  
  
  
  
Des enfants vietnamiens chantent tous ensemble. Leurs voix sont suraiguës. Ils sont petits. C’est une sorte de comptine. On entend un grondement qui vient de loin. Des avions approchent, menaçants. Qui deviennent de plus en plus présents, de plus en plus effrayants. Ils sont là. Ils couvrent le chant des enfants. Les écrasent. Les avions s’éloignent, silence de mort — et le chant des enfants réapparaît. Fort, aigu, joyeux (Good morning Vietnam, Janine Antoine, Claude Johner, 1972).
Commenter  J’apprécie          10

Video de Michèle Cohen (II) (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michèle Cohen (II)
VLEEL 260 Rencontre littéraire avec Michèle Cohen et Anouk Lejczyk, Editions du Panseur
autres livres classés : témoignageVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Lecteurs (19) Voir plus



Quiz Voir plus

QUIZ LIBRE (titres à compléter)

John Irving : "Liberté pour les ......................"

ours
buveurs d'eau

12 questions
288 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , littérature , témoignageCréer un quiz sur ce livre

{* *}