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3,88

sur 912 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un grand merci à Babelio et aux éditions Denoël...

Argentine. Plateaux de la Patagonie. Une steppe, immense, balayée par les vents glacials. Des sentiers de caillasse brûlés par le vent. Une terre si sèche que les arbres l'ont désertée. Des forêts, au loin, derrière les plateaux rocheux. Des milliers d'hectares où les troupeaux vaquent. Seules les grosses exploitations qui font commerce avec l'Europe survivent. C'est ici, au milieu de rien, que s'élève l'estancia. Une exploitation menée d'une main de fer par la mère et ses quatre fils, les jumeaux, Mauro et Joaquin, Steban et enfin, le petit dernier, Rafaël. La mère, silencieuse, froide, autoritaire, n'ayant pas une once d'amour pour aucun d'eux, leur mène la vie dure, à coup de triques. Endurcie depuis qu'elle leur cache la mort de leur ivrogne de père, battu à mort et le corps plongé dans les marais. Les gamins n'ont d'autre choix que de travailler à longueur de journée, s'occupant des vaches et des moutons. Rafaël, rejeté, banni, détesté, depuis toujours, subit les mauvais coups et les brimades des jumeaux. Seule compte la compagnie de Halley, son cheval, et ses chiens. Seuls réconforts dans cette vie où il faut sans cesse se battre...

Dans ce roman choral d'une noirceur implacable, Sandrine Collette s'immisce au coeur de cette famille haineuse en nous offrant un huis clos étouffant et oppressant, paradoxalement dans d'immenses espaces. Elle nous plonge au coeur de cette nature aride, asséchée, à la fois hostile et sublime. Personnifiée, omniprésente, elle façonne et conditionne les hommes et les femmes. Pas l'ombre d'un espoir. L'amour et l'innocence n'ont guère leur place. Seules la violence et la haine animent cette famille déchirée et fielleuse. L'auteur met un point d'honneur à décrire parfaitement cette nature rude, cette ambiance pesante et malveillante, ces relations familiales inexistantes et les silences assourdissants de la mère. Tout est parfaitement retranscrit et donne du souffle à ce roman. Écoutant tour à tour chacun d'eux, l'on ressent toute cette violence et cette animosité qui transpirent d'eux. Un roman remarquable servie par une écriture parfaitement maîtrisée, d'une grande richesse et précision.
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Ils sont quatre, quatre frères : les jumeaux, l'idiot et le petit dernier qui sert de souffre-douleur, Rafael. Tous vivent sous l'autorité dictatoriale de la mère qui dirige une estancia en Patagonie. le climat y est rude, le travail ...omniprésent. Les rapports entre tous ... très conflictuels. le père est parti comme ça un jour ... c'est du moins ce que prétend la mère. Les distractions ne sont pas à l'ordre du jour, une fois par mois, la mère et les jumeaux descendent en ville effectuer les achats de premières nécessités, la mère joue au poker et boit sec, les jumeaux n'ont le droit que de regarder. Tout parait figé dans le temps, pourtant un jour un le cruel édifice va se fissurer.
Un roman très très lent, avec beaucoup de descriptions. L'auteur veut nous plonger au coeur de ce drame familial, elle y réussit, ma foi, fort bien. On ressent : la rudesse du climat, ces milliers de moutons qui ont besoin d'attention quasi 24 heures sur 24, la haine que se voue les frères, la mère complètement désabusée qui traite ses fils comme du bétail, la misère a tous les coins de rues. Une très belle histoire avec un scénario super bien développé.
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Sandrine Collette installe soigneusement ses différents personnages, prenant le temps pour chacun d'eux d'explorer le tréfonds de leurs âmes et déployant à mesure que la lecture avance tous leurs tourments.

Le roman, très noir, où les bons sentiments n'ont pas leur place, du moins chez la mère et ses deux aînés, se déroule dans le cadre somptueux des immenses espaces de la Patagonie, avec cette poussière qui donne son titre au livre, mais aussi toutes les beautés d'une nature à la fois sauvage et envoûtante.

Petit à petit, plusieurs huis clos se mettent en place, d'abord entre la mère et ses quatre fils -- ce n'est pas le plus saisissant -- puis entre le plus jeune, Rafael, héros majeur du roman, et un vieil homme blessé à mort -- enfin le plus dramatique et le plus réussi entre trois des fils.

La mère est une vraie patronne, intraitable, cupide, alcoolique, meurtrière, ne pouvant donner le moindre amour à ses fils, laissant les deux aînés, jumeaux, Mauro et Joaquin, maltraiter le petit, Rafael, sous les yeux du quatrième, Steban, attardé semble-t-il, mais contribuant superbement au climat noir de l'histoire jusqu'au dénouement qui le concernera.

Rafael, très jeune, voudrait la paix, l'honnêteté, deux données inconnues de la mère et des deux aînés. Il aime ses bêtes, vaches, moutons, chevaux et chiens. Il sait endurer, saisir les opportunités, défendant avec rage et passion ses idéaux et ses valeurs dont on peut se demander comment il a pu les acquérir au milieu de la haine et de toute la noirceur de ce texte.

Il est de loin le personnage que Sandrine Collette a le mieux développé pour lui donner une dimension héroïque et opiniâtre jusqu'au bout de l'histoire. Cette histoire est aussi celle de l'éternel ennemi de la paix et de la sérénité, l'argent, qu'il soit gagné, perdu, obtenu inopinément, disparu, qui en devient le coeur et sublime tous les degrés de la haine et de la cupidité jusqu'au meurtre.

Tout se télescope dans cette histoire où chacun observe l'autre, attendant le faux pas, confondant ses obsessions avec une réalité cruelle trouvant son apothéose dans un final magistral.
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Décidément, il ne fait pas bon s'appeler Rafael en littérature.
A peine plus verni que l'anti-héros de Grégory Mcdonald, celui-ci peine à trouver sa place au sein d'une famille qui n'a que faire du petit dernier.
Ignoré par sa mère, maltraité par ses frères, abandonné par son poivrot de père, voué à une vie de forçat, le gamin a tourné la roue de l'infortune et décroché le jackpot.
Un canasson et un chien pour seuls réconforts, la balance affective reste largement déficitaire.
Perspective d'avenir sur ces terres arides de Patagonie, zéro. D'autant plus que les petits élevages familiaux comme le sien périclitent au profit d'immenses domaines.
Rafael, c'est un p'tit peu le jour de la marmotte version Cosette.
Jusqu'au jour où un facétieux grain de sable viendra bouleverser l'ordre établi, offrant ainsi à notre jeune pousse l'occasion d'échapper à sa condition peu enviable de victime expiatoire.

Collette goûte peu les joies pourtant ineffables du comique troupier.
A ma gauche, une nature féroce. A ma droite, une famille qui l'est tout autant. Dans l'oeil du cyclone, un gamin ballotté par la vie qui ne rêve que d'ailleurs.

L'écriture est sèche, aride, en parfaite adéquation avec le propos.
Le terrible quotidien de cette fratrie sous le joug d'une mère castratrice et plus particulièrement celui du petit dernier ne lasse pas de répandre un sentiment de malaise diffus.
Ni échappatoire ni sortie de secours d'aucune sorte. Un destin tout tracé. Un enfer pavé de mauvaises intentions.

Collette décortique admirablement ce processus visant à mettre sous l'éteignoir, chaque jour que le Dieu de la gaudriole fait, les velléités d'émancipation d'un souffre-douleur adopté à l'unanimité de ses frangins sous le regard indifférent d'une génitrice acariâtre.

L'ambiance est pesante, l'espace géographique est raccord.
Âpre, rude, aussi accablant qu'il est vaste.
Il vous écrase de sa superbe indifférence glacée.

Au-delà d'un tableau familial confus, miséreux et anarchique formidablement dépeint, Collette s'attaque frontalement à la destinée de tout être et sa propension à pouvoir/vouloir y échapper.

Le récit déroule, sordide, cafardeux sans toutefois se fermer à d'éventuels lendemains qui chantent.
Rafael aurait pu se fendre d'une citation de JFK : Il ne faut pas chercher à rajouter des années à sa vie - mais plutôt essayer de rajouter de la vie à ses années. 
A vous de voir désormais s'il aura réussi son pari, celui de trouver la paix de l'âme sans en payer le prix fort.
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De la lande à perte de vue, aride et plate, des milliers d'hectares où paissent des troupeaux, telle est la steppe de la Patagonie argentine. Le lieu de travail et de distractions de quatre frères qui affectionnent un jeu cruel dont le plus jeune fait les frais sans limite. Leur mère a autre chose à faire que de le protéger, car depuis le « départ » de son mari tout lui incombe. Elle doit résister - une lutte qu'elle sait perdue d'avance - à la concurrence des élevages intensifs qui font de la mauvaise viande qui se vend bien. Elle doit aussi faire face à la fronde de ses fils aînés qui refusent de continuer à être traités comme des bêtes de somme. Une situation qui semble immuable, qui pourtant un jour va changer.

Sandrine Collette a l'art et la manière pour planter des décors superbes et créer des atmosphères familiales étouffantes et nauséabondes. Par des descriptions soigneuses et précises, des mots choisis, elle décrit avec le même talent des paysages somptueux et des relations humaines délétères aux conséquences implacables. Toutefois par moment j'ai été envahie par le sentiment de faire du sur place, que le sujet avait déjà été traité, en moins redondant et en mieux - comme dans le formidable livre de Bruce Machart, le Sillage de l'oubli. Reste qu'on demeure accroché jusqu'au bout de cette sordide histoire de famille qui s'offre une fin qui permet d'espérer en l'homme.
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On a beau se retrouver dans les immenses étendues des steppes de la Patagonie, la recette du huis clos qui créé Sandrine Collette à chacun de ses romans, fonctionne encore une fois à la perfection.

C'est un roman noir des grands espaces, noir de chez noir !
Le climat aride s'accorde à cette famille dysfonctionnelle, l'hostilité des vents cinglants n'a d'égal que la colère et la dureté qui les habitent.

C'est une écriture rugueuse, pleine de tension, où chaque mot évoque un coup, chaque phrase suit un déferlement de violence.
On souffre, on a mal, on se sent littéralement aussi meurtri que ceux qui reçoivent les coups.

La cruauté, la peur, la haine, le manque de sentiments et l'incapacité à communiquer composent un univers pervers et suffocant.
Même lorsque les frères parcourent les plaines arides sur leurs chevaux, ils sont taiseux, ils restent enchaînés, prisonniers de leur colère et de leur indifférence envers tous ceux qui les entourent.

Le sentiment commun est la haine, tout est sauvage et animal, jusqu'au regard qu'ils posent les uns sur les autres.

Paradoxalement seules les bêtes font ressortir chez ces êtres brisés leur côté humain, bénéficiant de leurs soins, de leur l'attention et parfois d'un geste tendre.
Chiens, chevaux et brebis deviennent le seul réconfort pour les bleus à l'âme des plus jeunes.

Dans ce drame familial constitué essentiellement d'impatience, de gestes excédés, d'insultes et de silences interminables, la violence à fleur de peau cache des fêlures.
Chacun a les siennes, enfouies sous des couches de hargne et des années de solitude, tués à la tâche d'une vie rude, remplie d'amertume, et on devine d'avance que les relations vont se désagréger inexorablement.

Dans les scènes de courses à chevaux, rares moments de communion entre les hommes et les bêtes, les images de la puissance animale et de celle de la nature, sont parfaitement restituées par Sandrine Collette, grande connaisseuse des chevaux, qui excelle avec une écriture belle et limpide, digne des grands classiques du nature writing américain.

Dans ce récit rugueux, l'auteure a cette capacité de nous faire sentir les coups échangés et ils nous laissent brisés et ankylosés.
On en ressort engourdi, lessivés, atteints dans nos corps et dans nos âmes.


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Je ne ferai pas un trop long commentaire car tout a été dit ......
Nous voici plongés au coeur de la Patagonie , ses paysages arides, ses steppes balayées par les vents glacés où seuls les moutons parviennent à survivre!
D'une plume magistrale et percutante, l'auteur décrit minutieusement les paysages et construit son roman" western - nature" en osmose avec un huit- clos pesant " paradoxal" avec les pâturages immenses et secs de la steppe......
Un mari alcoolique et violent vite disparu, une mére " bloc de haine" , renfrognée, taiseuse et menteuse, maussade et dissimulatrice , alcoolique à ses heures et joueuse , inflexible et indifférente, réglant des comptes inutiles, butée, ah ! Qu'elle les deteste et qu'elle les hait ses quatre fils ! ces petits gueux qui ne comprennent rien à rien ! Cette Mère: un personnage minéral comme sculpté dans la roche qui préfére son troupeau à ses enfants!!

Quatre frères dont deux jumeaux abrutis de travail , impitoyables avec le petit dernier , Rafael, ce héros solaire meurtri dès la première page, traqué, malmené, qui souffre le martyre sous leurs coups, aussi durs à la tâche que complétement vides d'émotion!! Et Steban, rendu mutique par le secret partagé avec la mère.
Jusqu'où ira ce déferlement de violence et de haine sans solidarité ni confiance ? Ces relations familiales impossibles ?
Des courses éperdues derrière un océan de brebis à tondre, la cruauté d'une femme mutique, et Rafael, réfugié auprès de son cheval et de son chien , parviendra t- il à desserrer l'étau ?

Une fable rude et prenante, sombre et oppressante, un drame familial exalté, un roman magistral qui nous plonge dans la terreur et la haine .
Un récit intense , captivant dépaysant !
C'est mon premier ouvrage de cet auteur .
Merci à Marie, ma libraire !
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Catalogué pourtant de « POLAR », pas vraiment ma lecture favorite, j'ai été séduite par certaines critiques.
Eh bien, bravo… j'ai eu du mal à lâcher ce livre. Les personnages décrits par l'auteure sont rustiques, sauvages et « presque » dépourvus d'humanité mais je me suis attachée surtout au « petit » en souhaitant que son avenir soit plus « doux » dans ce monde de brutes.
Les vicissitudes de la vie sont parfois impitoyables.
Une auteure à découvrir.
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Je pense que tout le monde peut s'accorder sur le fait que Sandrine Collette est une spécialiste de la noirceur. Les situations décrites sont toujours désespérées, les personnages durs et cruels. Dans "il reste la poussière", Sandrine Collette ne déroge pas à ses habitudes.
C'est au coeur de la Patagonie, dans une estancia que l'on rencontre la mère et ses 4 fils, Mauro et Joaquín, les jumeaux, Esteban dit "le débile" et Raphaël "le petit" vivant dans des conditions extrêmement dures. le manque d'argent, la rudesse du climat et surtout le manque d'amour caractérisent cette famille qui n'est aucunement attachante. Raphaël "le petit" est toutefois celui qui a su m'émouvoir. Au milieu de toute la haine présente dans cette estancia, Raphaël est un peu l'ange dans cette enfer tenu d'une main de fer par la mère. Dans cette ambiance noire, rude et haineuse, seul Raphaël apporte un peu d'humanité.
Dans ce roman chorale sur la haine au sein d'une fratrie, la douceur des moutons, la fidélité des chiens et des chevaux contrastent avec cette violence extrême. La fin me plaît beaucoup.
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Une misère affective aux confins du monde
*
J'ai déjà lu Six fourmis blanches de Sandrine Collette. Elle met la Nature au milieu de son oeuvre. Mais une nature hostile, sauvage, âpre et qui peut devenir notre ennemie.
Ici, nous disposons des mêmes ingrédients, mais dans un décor encore plus sauvage, et perdu vraiment aux coins d'un continent. La Patagonie, l'Argentine. Je n'y ai jamais mis les pieds (et j'y suis très attirée pourtant). A la lecture de ce récit, j'ai eu bien l'impression que j'y étais, dans cette lande sèche et très venteuse (la pampa de son nom botanique). Une description digne des photos magnifiques des magazines du National Geographic.
*
Passons aux habitants qui peuplent cet endroit sauvage. Une estancia (ranch/ferme d'élevage) où vivent la Mère et ses 4 fils.
Quelle famille dysfonctionnelle! Un portrait de matriarche saisissant (je n'en ai plus revu depuis ma lecture de la famille Maquart de Zola, c'est dire!!!). Il n'y a même pas d'adjectifs assez justes pour la décrire....
Les 4 frères : tous différents. J'ai éprouvé de la pitié pour le petit dernier qui se fait brutaliser par les 2 jumeaux.
Alors oui, de la cruauté, il y en a à chaque page.
Une impression de sombrer petit à petit avec eux dans la misère la plus noire, la plus glauque. Une spirale descendante, une déchéance affective et psychologique nous entraînant toujours plus bas. Mais vous savez bien que dans un tourbillon, on remonte à la surface. Ouf! La fin promet un avenir plus serein pour certains des protagonistes. Et heureusement, car mes nerfs en ont pris un coup, j'étais à bout de mes émotions négatives. Après cette lecture, il me fallait de la légèreté.
*
L'auteure a "fait son job", elle a réussi le pari de nous emmener dans le no man's land affectif et physique (steppe). Une atmosphère sombre,inquiétante et oppressante tout le long. Bravo!
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