Laetitia Colombani nous raconte, dans ce roman, l'histoire de trois femmes, de culture et de statut social différents, puisqu'on voyage avec elle en Inde, en Sicile et au Canada, qui prennent leur destin en mains.
Le choix des pays ne semble pas due au hasard: on part de l'Inde où les femmes ne sont pratiquement rien sur le plan social, on passe par la Sicile, où les coutumes sont encore bien présentes, les femmes soumises à leurs maris autant qu'aux traditions, et on va encore plus loin vers l'Ouest, au Canada où elles semblent avoir des droits mais sont-elles si libres et indépendantes que cela?
Celle qui m'a le plus touchée est Smita dont les conditions de vie sont horribles: déjà une femme en Inde ce n'est pas facile mais quand on est en plus Intouchable et qu'on part chaque matin ramasser les excréments des autres, avec l'odeur qui colle à la peau: on ne peut pas les toucher, par contre on peut les violer…
« Intouchables. Ces êtres qu'on ne doit pas toucher, pas même regarder, on les viole sans vergogne. On punit l'homme qui a des dettes en violant sa femme. On punit celui qui fraye avec une femme mariée en violant ses soeurs. le viol est une arme puissante, une arme de destruction massive. » P 91
L'auteur montre aussi qu'on peut être intouchable, pestiférée, discriminée dans la société occidentale du fait de la maladie.
Ces trois femmes n'hésitent pas à partir à la découverte d'elles-mêmes, voir qui elles sont vraiment, comment faire avec les cartes qu'on a en mains pour arriver à être soi-même, échapper au Karma, ne pas le vivre comme inéluctable avec fatalisme, mais tenter de modifier au lieu de subir. Il faut partir sur les routes, ou chercher son chemin en soi.
C'est une jolie histoire, ces trois destins qui se croisent alors qu'elles habitent à des milliers de km et ne se rencontreront probablement jamais, mais seront reliées et les cheveux, les chevelures tressent ces liens, mais je n'en dis pas plus, je vous laisse découvrir…
Laetitia Colombani nous pousse à nous demander ce qu'est une femme aujourd'hui, son statut, ses conditions de vie (travail, famille… ) on leur demande plus qu'aux hommes et on leur montre très vite que leur place n'est pas forcément là, qu'elles n'ont pas toujours le droit de jouer dans la cour des hommes, d'empiéter sur leurs plates-bandes.
La société occidentale est plus hypocrite, elle les autorise à jouer, mais les dés sont pipés, alors qu'en Inde,elles n'ont pas vraiment le droit même de jouer. Il y a encore du chemin à parcourir, mais pourra-t-on le parcourir dans le contexte actuel,
J'ai bien aimé ce roman, car il est bien écrit, l'auteure nous offrant au passage des poèmes, et il incite à la réflexion.
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