Un livre à fuir ? En tous les cas, un livre sans âme. Une mécanique très bien construite. Très scolaire. Sans style. On sent bien le labeur de l'auteure sérieuse qui a bien travaillé. Bonne documentation. Technique visible.
En lisant
La Tresse, on finit par se pincer. On repense à France Culture. Aux éloges des lecteurs. Au succès inattendu. On finit par prendre peur. Suis-je atteint d'une maladie rare qui m'interdit désormais d'avoir accès à la « bonne » littérature ? Suis-je le seul ?
Heureusement, les critiques de quelques rares mécréant(es) me font revenir de mon effroi (vive les « une » étoile !). Non,
La Tresse n'a rien d'un bon livre (ouf !). Roman jetable. À succès, mais jetable.
Certains et certaines, parmi les plus critiques d'entre nous, s'en sont même pris au lectorat. Et oui, des gens ont bien (beaucoup ? Passionnément ?) aimé. Dur…
La question du lectorat est complexe. On le sait. Lire, c'est au fond, à chaque fois, une remise en cause. Une façon de relever le défi du sens et du sensible Un effort, oui. Mais une aventure surtout. L'alchimie d'une rencontre. La découverte d'un style.
Difficile dans ces conditions d'être jugeant, tant ce cheminement du lecteur est personnel, voire intime.
Et pourtant…
On peut s'interroger en effet. Pas seulement sur le lectorat. Mais quid des médias, et leur art dithyrambique de la louange forcée ? Quid des éditeurs et leurs choix de publication ? On surfe sur des effets de manche, lard (pardon, je pensais écrire l'art) facile. Consommation de masse. Tromperie sur le désir de lire. Comme si le désir pouvait se massifier. Cette martingale de la vente à coup sûr, attrape-tout, est la condition du bon lecteur docile. Je ne le blâme pas. Les projecteurs éclairent violemment jusqu'à l'aveuglement, pointant ce qu'il faut lire, ou pour être honnête, ce qu'il faut vendre.
Car c'est bien là le drame du conformisme commercial. Qu'un auteur se voit réfuter par un éditeur. La raison ? Une production très réduite. Des choix restrictifs. Au final un livre qui ne correspond pas à ce que l'éditeur recherche dans ses collections.
Mais que recherche-t-il ? En lisant
La Tresse, on se pince le nez…
L'éclairage médiatique vaut force de loi. Ce qui est visible est lu. L'industrie du livre, qui ne peut se permettre de prendre des risques, le sait très bien. Ce qu'elle publie, elle doit le vendre. C'est une nécessité de marchand. L'énormité du buzz médiatique répond trop souvent à ce seul schéma.
Nous mesurons tous combien l'idée même de célébrité, de médiatisation n'a aucun sens pour mesurer la qualité d'une lecture possible. J'entends par « possible », celle que nous espérons et qui bouleverse et chavire l'âme.
Aussi, ne nous plaignons pas.
Il y a un avantage sérieux à lire des mauvais livres.
Ils fédèrent les lecteurs mécontents.
Une autre façon de contourner le diktat consumériste à la recherche des pépites qui n'auront pas été éclairées.
À nous de ne pas tomber dans le piège !
Tout ce qui brille n'est pas littérature…