Ce n’est pas la valeur des hommes qui fonde le respect que leur devons ; c’est ce respect qui leur donne de la valeur. Ce n’est pas parce que les hommes sont bons qu’il faut les aimer ; c’est parce qu’il n’y pas de bonté sans amour. Enfin, ce n’est pas parce qu’ils sont libres qu’il faut les éduquer ; c’est pour qu’ils aient une chance, peut-être, de le devenir. C’est ce que j’appelle l’humanisme pratique, qui ne vaut que par les actions qu’il suscite. Ce n’est pas une croyance, c’est une volonté. Pas une religion ; une morale. (…) Pas besoin de croire en l’homme pour vouloir le bien des individus et le progrès de l’humanité !
Le mystique c'est celui qui voit la vérité face à face. Il n'est plus séparé du réel par le discours (c'est ce que j’appelle le silence), ni par le manque (ce que j'appelle la plénitude), ni par le temps (ce que j'appelle l'éternité), ni enfin par lui-même ( ce que j'appelle la simplicité, l'Annata des boudhistes).
PHILOSOPHIE
Une pratique théorique (mais non scientifique), qui a le tout pour objet, la raison pour moyen, et la sagesse pour but. Il s'agit de penser mieux pour vivre mieux.
La philosophie n'est pas une science, ni même une connaissance (ce n'est pas un savoir de plus, c'est une réflexion sur les savoirs disponibles), et c'est pourquoi, comme disait Kant, on ne peut apprendre la philosophie : on ne peut apprendre qu'à philosopher.
Le ressentiment est la force des faibles ; le mépris, la faiblesse des forts.
La vraie question est de savoir s’il faut croire en l’homme (humanisme théorique) pour vouloir le bien des individus, ou si l’on peut vouloir leur bien (humanisme pratique) quand bien même on aurait toutes les raisons de ne pas s’illusionner sur ce qu’ils sont. Tel était l’humanisme de Montaigne.
Être humaniste, c’est considérer l’humanité comme une valeur, voire comme la valeur suprême. Reste à savoir si cette valeur est elle-même un absolu (…), ou bien si elle reste relative (…). On parlera dans le premier cas d’humanisme théorique, lequel (…) tend toujours à devenir une religion de l’homme ; dans le second, d’humanisme pratique, qui ne prétend à aucun absolu, à aucune religion, à aucune transcendance : ce n’est qu’une morale ou un guide pour l’action. Le premier est une foi ; le second une fidélité.
La sagesse : le maximum de bonheur dans le maximum de lucidité.
J’aime les définitions. J’y vois davantage qu’un jeu ou qu’un exercice intellectuel : une exigence de la pensée. Pour ne pas se perdre dans la forêt des mots et des idées. Pour trouver son chemin, toujours singulier, vers l’universel. La philosophie a son vocabulaire propre : certains mots qui n’appartiennent qu’à elle, d’autres, plus nombreux, qu’elle emprunte au langage ordinaire, auxquels elle donne un sens plus précis ou plus profond. Cela fait une partie de sa difficulté comme de sa force. Un jargon ? Seulement pour ceux qui ne le connaissent pas ou qui s’en servent mal. Voltaire, à qui j’emprunte mon titre, a su montrer que la clarté, contre la folie des hommes, était plus efficace qu’un discours sibyllin ou abscons. Comment combattre l’obscurantisme par l’obscurité ? La peur, par le terrorisme ? La bêtise, par le snobisme ? Mieux vaut s’adresser à tous, pour aider chacun à penser. La philosophie n’appartient à personne. Qu’elle demande des efforts, du travail, de la réflexion, c’est une évidence. Mais elle ne vaut que par le plaisir qu’elle offre : celui de penser mieux, pour vivre mieux. C’est à quoi ces 2 267 définitions voudraient contribuer.
A. C.-S.
Nouvelle édition intégralement revue et augmentée de 613 nouvelles entrées.
DÉSOBÉISSANCE : .... La règle est simple à formuler, difficile à appliquer : on a le droit de désobéir, mais seulement quand c'est un devoir.
DISSIMULATION : C'est cacher ce qui ne devrait pas l'être : l'inverse en cela de la pudeur (cacher ce qui doit l'être) et le contraire de la franchise.