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EAN : 9782290334515
86 pages
J'ai lu (06/07/2006)
3.9/5   257 notes
Résumé :
« Qu'est-ce que je serais heureux si j'étais heureux ! » Cette formule de Woody Allen dit peut-être l'essentiel que nous sommes séparés du bonheur par l'espérance même qui le poursuit. La sagesse serait au contraire de vivre pour de bon, au lieu d'espérer vivre. C'est où l'on rencontre les leçons d’Épicure, des stoïciens, de Spinoza, ou, en Orient, du Bouddha. Nous n'aurons de bonheur qu'à proportion du désespoir que nous serons capables de traverser. La sagesse est... >Voir plus
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Pas la peine de s'énerver, mon PC est capricieux, j'aurai dû faire une copie : )
Bon... Qu'est ce que je pense du livre d'André Comte-Sponville ( ACS pour les intimes ) ?
D'abord, il y a une souffrance dans le titre ; peut-on trouver le bonheur en courant après désespérément ?
La conférence d'ACS ( bien exprimée sur la forme, mais assez tortueuse quant au raisonnement ) aboutit, si je comprends bien à ceci :
L'espérance comporte une bonne part d'incertitude et d'angoisse ; donc il ne faut pas stresser pour "un faux-bonheur" qui ne dépend pas de nous, agissons pour obtenir un vrai bonheur qui dépende de nous.
Bon.... là dessus, je suis d'accord.
.
Ce livre fait partie des "philo-bonheurs" qu'un philosophe arabe dont je ne me souviens plus du nom, critique avec pertinence.
L'angoisse d'ACS se ressent tout au long de son exposé, tout comme j'ai ressenti celle de Jean d'Ormesson dans certains de ses livres. le premier affirme : je suis athée, il n'y a rien "après", vite-vite, profitons de ce que nous avons ; l'autre s'interroge.
Après 60 ans, l'être humain peut s'interroger sur la signification de la mort. Personnellement, je sais que je suis "sauvé" par ma femme qui m'a convaincu de la vie après la mort, et je sais que, comme le proclame Francis Lalanne :
"Pense à moi, comme je t'aime
Rien ne nous séparera
Même pas les chrysanthèmes
Tu verras, on se retrouvera ."
.
Je suis donc serein et peux donc siffler comme un serin : )
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Des montagnes de livres de pseudo-psychologie proposent le moyen de trouver le bonheur mais celui-ci est un livre qui ne déçoit pas. L'auteur part d'Épicure pour qui «la philosophie est une activité qui, par des discours et des raisonnements, nous procure la vie heureuse». C'est donc une activité, et une joie qui nait de la vérité: penser non pas ce qui rend heureux, mais ce qui parait vrai, à charge de chercher, face à cette vérité, même triste, le plus de bonheur possible. Mieux vaut agir sur une vraie tristesse, que se leurrer d'une fausse joie. L'essentiel est de ne pas se mentir, ne pas se laisser prendre au piège de l'espérance, indissoluble de la crainte de l'échec, ce qui ne rend pas heureux (en effet, on n'espère pas ce qu'on est sûr de pouvoir obtenir). L'espoir n'est pas le contraire de la crainte. L'un n'existe pas sans l'autre.
Platon écrit dans le Banquet que l'amour est désir. le désir est manque et le manque est souffrance. Dès qu'il est satisfait, il n'y a plus ni manque ni désir. Loin d'avoir ce qu'on désire, on a ce qu'on désirait, et qu'on ne désire plus, «c'est le piège de l'espérance». On s'ennuie, «c'est ce qu'on appelle un couple». On se dépêche de désirer autre chose, et c'est le cercle vicieux. Si le désir est manque, le bonheur est manqué. Rappelons-nous Albertine de Proust. Quand elle n'est pas là, il fait tout pour qu'elle revienne et quand elle est là, il s'ennuie. Comment y échapper ? Il y a le divertissement de Pascal, la fuite en avant «d'espérance en espérance... comme ces joueurs de loto qui se consolent toutes les semaines d'avoir perdu par l'espérance qu'ils gagneront la semaine suivante» ou alors le «saut» dans une espérance absolue, religieuse, qui ne peut décevoir: «Il n'est de bien en cette vie que l'espérance d'une autre vie», dit Pascal. Encore faut-il avoir la foi, et pour Comte-Sponville qui ne l'a pas, il faut se soumettre au vrai et pas à l'avantageux (allusion au pari de Pascal).
Il y a joie, quand on désire ce qu'on a, ce qu'on fait, ce qui est, lorsqu'on désire ce qui ne manque pas. C'est le bonheur en acte, un bonheur qui n'espère rien. le désir de la promenade, c'est d'être ou on désir être. L'erreur de Platon, Pascal, Schopenhauer et Sartre, c'est de confondre désir et espérance. L'espérance ne dépend pas de nous, c'est désirer sans pouvoir. C'est la différence avec la volonté: «Quand tu auras désappris à espérer, je t'apprendrai à vouloir» dit Sénèque. On peut désirer ce dont on jouit (le plaisir), ce qu'on sait (connaitre), ce qu'on fait (agir). Il s'agit d'habiter un univers où rien n'est à espérer, où tout est à agir, à faire, à aimer. Il y a de la sagesse dans un dés-espoir qui n'est pas résignation mais vérité. Jules Renard dit «Je ne désire plus rien du passé. Je ne compte plus sur l'avenir. le présent me suffit. Je suis un homme heureux car j'ai renoncé au bonheur». Pour Spinoza, contrairement à Pascal, le désir n'est pas manque, mais puissance. Ce qui manque à l'anorexique, c'est la puissance de jouir de ce qui ne manque pas.
Aimer, pour Spinoza, c'est se réjouir d'un amour qui ne demande rien à l'autre, être heureux que l'autre existe, pas «vouloir» l'autre (en espagnol, «querer» veut dire à la fois aimer et vouloir). Se réjouir de ce qui est. Il n'est de joie que d'aimer, c'est l'esprit du spinozisme. Il s'agit d'apprendre à désirer ce qui dépend de nous, c'est-à-dire à vouloir et à agir, et non désirer ce qui n'est pas ou plus (regretter, espérer). «Le bonheur n'est pas un absolu, c'est un processus... un rapport actif à l'avenir, c'est un projet, une volonté, un programme, ce n'est pas une espérance», mais «Il ne s'agit pas de vivre dans l'instant: il s'agit de vivre au présent... dans un présent qui dure», qui inclut un rapport au passé (mémoire, fidélité, gratitude) et à l'avenir (projet, imagination, confiance, prévision, fantasme, utopie), à condition de ne pas prendre ses rêves pour la réalité.
La vérité, c'est qu'il y a des «moments» de joie. Pour l'incroyant qu'est Comte-Sponville, ce sont Jésus et Spinoza qui sont dans le vrai en disant que ce n'est pas la valeur de l'objet aimé qui gouverne et justifie l'amour, c'est l'amour qui donne sa valeur à l'objet («Ce qu'il s'agit d'imiter en Jésus-Christ, ce ne peut être la foi ou l'espérance... ce ne peut être que l'amour»), «pas seulement l'amour des hommes, des femmes; aussi bien l'amour du réel, d'un paysage, d'un tableau, d'une musique, l'amour d'un oiseau qui passe dans le ciel, l'amour de tout ce qui est, de tout ce qui ne manque pas... Il s'agit d'apprendre à vivre pour de bon au lieu d'espérer vivre. Il s'agir de connaitre, d'agir, d'aimer». Spinoza écrit qu'il s'agit d'apprendre à aimer cette vie comme elle est, y compris en se donnant les moyens, pour ce qui dépend de nous, de la transformer.
Et une dernière citation de l'auteur: «Si j'ai eu besoin de tant philosopher, c'est parce que j'étais peu doué pour la vie».
Vous avez la recette, vous savez ce qui vous reste à faire.
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J'ai lu le Bonheur, désespérément, de Comte-Sponville, en parallèle avec les dialogues sur l'Amitié et la Sagesse, de Platon, à un moment où je traversais une crise morale personnelle.
Je crois avoir eu la main heureuse, car ces deux ouvrages sont très complémentaires. En effet, dans le Lysis, PLaton nous parle de l'amitié -à la grecque-, donc en fait d'amour, et de l'acte d'aimer, avec toutes les ambivalences liées au désir.
Le Charmide vient confirmer que l'amour n'est pas en rapport avec la sagesse. Ce dialogue va même jusqu'à mettre en doute ce qui semble beaucoup plus établi dans des oeuvres postérieures de Platon, à savoir le rapport entre la sagesse et la connaissance du bien et du mal.

L'analyse de Compte Sponville s'articule parfaitement avec ces lectures plus anciennes, ce qui est logique, puisque Comte Sponville se place dans la lignée de Platon et de Spinoza : le Bonheur désesperément nous rappelle que la quête éperdue du bonheur, oscillant notamment entre l'ennui et le désir, est une impasse, et que seule la sagesse peut conduire à un bonheur certes dépassionné, mais véritable.
Pour moi la boucle se trouvait ainsi bouclée : le Souci du Bien nous enseigne que l'amour a priori n'est ni un bien ni un mal, et que la recherche de la sagesse -reconnue dans des dialogues ultérieurs comme voie de connaissance du bien et du mal- est une quête plus véritable. La jouissance émotionnelle et sentimentale donne tout au plus du baume au coeur.
La suite du raisonnement m'amènerait à commenter des ouvrages de philosophie bouddhiste (très présente déjà dans l'ouvrage de Comte Sponville), sur l'absence d'attachement.
Et pourtant, qu'il est difficile, cher André Comte, de renoncer à l'espérance d'un toujours mieux, qu'il est difficile, monsieur Socrate, de ne pas se damner pour un être cher ou pour le simple désir de chair...
Au moins pouvais je encore me leurrer un peu en faisant mine de croire que mes amours seraient l'expression d'un amour plus grand, universel, caricature de la compassion des grands maîtres...
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Avertissement préalable : j'essaie d'expliquer un petit livret reproduisant une conférence d'André Comte- Sponville déjà lu, mais cela n'a aucun rapport avec la prise de position récente de cette personne sur laquelle je suis ou non d'accord, cela n'a pas d'importance.

Tous les hommes recherchent le bonheur, la vie bonne. La philosophie s'est posé la question durant longtemps sur la définition de ce mot bonheur, bien que cela soit remplacé ces derniers siècles par la philosophie de l'histoire ou l'épistémologie.
Les hommes veulent être heureux, et pourtant ne le sont pas, ils sont même souvent beaucoup plus malheureux que l'on ne croit.
D'abord, nous dit Comte- Sponville, faisons la différence entre le bonheur, qui peut être obtenu par drogues, substances diverses, et aveuglement sur ce qui s'approche le plus de la vérité, et la sagesse, recherche justement de la vérité même si elle nous rend triste. Illusions, mensonges ou oublis ne mènent pas à la sagesse.
Dans le Banquet, Platon invite ses amis et ils discutent sur l'amour : Première définition : » l'amour est désir et le désir est manque » émet Socrate.
Problème : dès qu'un désir est satisfait, il n'y a plus de manque et donc plus de désir. Pour Schopenhauer, le grand pessimiste, la vie se résume à passer de souffrance
( désir )à l'ennui( quand le désir est satisfait). Charmant !

Ou bien, nous passons de désir en désir, c'est le divertissement de Pascal, ou la fuite en avant d'espérance en espérance, ou encore le saut dans l'espérance d'une autre vie.
Ou bien peut être, dit Comte- Sponville, bravo, il y a joie chaque fois que Platon a tort, du moins le Platon du Banquet. Car nous avons plaisir à vivre, et que l'erreur de Platon, Pascal et Schopenhauer est de confondre le désir et l'espérance.

Une espérance c'est un désir qui porte sur ce qu'on n'a pas : espérer, c'est désirer sans jouir.

Une espérance, c'est un désir sans certitude, je peux espérer que le confinement s'arrête bientôt, mais je n'en sais rien en fait. L'espérance est un désir sans savoir.

Une espérance, c'est ce qu'on est incapable de faire (on peut espérer qu'il fera beau demain, mais pas le vouloir).

Espérer, c'est désirer sans jouir, sans savoir, sans pouvoir. Ce qui conduit notre auteur à la notion de désespoir, comme fin des attentes vaines, un gai désespoir dit il, pas l'extrême du malheur ou l'accablement dépressif du suicidaire. Non, le désespoir gai, qui se contente d'aimer ce que l'on vit, ne plus rien espérer parce que l'on a tout. « Seul est heureux celui qui a perdu tout espoir ; car l'espoir est la plus grande torture qui soit, et le désespoir le plus grand bonheur » : cette citation du Mahabharata convient au propos de Comte- Sponville, ainsi que la formule de Gide « Je voudrais mourir totalement désespéré.»
Etre heureux, c'est cesser d'espérer le bonheur.
Autre définition qui nous conviendra mieux, et c'est la conclusion de sa conférence, celle de Spinoza : le désir n'est pas manque, il est puissance : puissance d'exister, puissance d'agir, puissance de jouir et de se réjouir.

Connaître, agir et aimer.
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Pour ceux qui s' intéressent de près ou de loin à la philosophie, qui se posent des questions sur leur existence et quel sens donner à sa vie je conseille vivement ce livre. Ce texte est la transcription d'une conférence-débat prononcée par l' auteur en 1999 devant un auditoire de philosophes en herbe ou chevronnés.

J'ai été d' abord frappée par le ton à la fois familier, accessible et angélique de l' auteur qui aborde de grands maîtres de la philosophie , sans complexes d' infériorité cherchant à se démarquer par ses propres idées et contredisant même ceux-ci sur certains points; après tout n' est-ce pas là l'objet même de la philosophie, l'amour de la sagesse, tendre vers cette idéal sans cependant espérer l' atteindre...
On comprend à travers cette oeuvre l' importance du bonheur qui brûle en chacun de nous, même celui qui veut se pendre, il n'aspire qu' à se délivrer d' une souffrance à laquelle il n'arrive pas à échapper, et assouvit ainsi un bonheur.

Je peux vous dire que le livre est foisonnant de définitions plus ou moins complexes pour aboutir au sujet principal, à savoir qu'est-ce que le bonheur et comment peut-on être heureux... en trois parties comme dans les bonnes dissertations de philosophie il nous expose ses théories pour tenter de trouver une solution...

Je retiens ici une courte citation qui m'a beaucoup plus d'autant plus qu'elle fait appel à une citation de Spinoza à laquelle j'avais totalement adhéré et avait fait mienne lors de mes études de philo au lycée :

[[[[["C'est ce que Schopenhauer, en génial disciple de Platon, résumera bien plus tard, au XIXème siècle, en une phrase, dont je dis toujours que c' est la plus triste de l' histoire de la philosophie. Quand je désire ce que je n'ai pas c' est le manque, la frustration, ce que Schopenhauer appelle la souffrance. Et quand le désir est satisfait ? Ce n' est plus la souffrance puisqu' il n'y a plus de manque. Ce n' est pas le bonheur puisqu' il n' y a plus de désir. C' est ce que Schopenhauer appelle l' ennui, qui est l' absence du bonheur au lieu même de sa présence attendue. On se disait : " qu'est-ce que je serais heureux si..." Et tantôt le si ne se réalise pas et on est malheureux; tantôt il se réalise et on n' est pas heureux pour autant : on s' ennuie ou l' on désire autre chose.
D' ou cette phrase que j' annonçais , qui résume si tristement l' essentiel : " La vie donc oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l' ennui."
Souffrance parce que je désire ce que je n' ai pas, et que je souffre de ce manque; ennui parce que j'ai ce que dès lors je ne désire plus.]]]]]
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lorsque vous dites "je t'aime", cela signifie "tu me manques" et donc "je t'e veux" ("te quiero", comme disent les Espagnols: je t'aime, je te veux, c'est le même mot). C'est donc bien demander quelque chose, c'est même tout demander puisque c'est demander quelqu'un, puisque c'est demander la personne elle-même! "je t'aime: je veux que tu sois à moi." Alors que dire "je suis joyeux à l'idée que tu existes", c'est ne rien demander du tout: c'est faire état d'une joie, autrement dit d'un amour, qui peut certes aller avec un désir d'union ou de possession, mais qui ne saurait s'y réduire. Tout dépend de quel type d'amour on fait preuve, pour quel type d'objet.
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Il ne s'agit pas de vivre dans l'instant : il s'agit de vivre au présent, on n'a pas le choix, mais dans un présent qui dure, qui inclut un rapport présent au passé (la mémoire, la fidélité, la gratitude) et un rapport présent à l'avenir (le projet, le programme, la prévision, la confiance, le fantasme, l'imagination, l'utopie, si vous voulez, à condition de ne pas prendre vos rêves pour la réalité). La sagesse n'est ni amnésie ni aboulie. Cesser d'espérer, ou espérer moins, ce n'est pas cesser de se souvenir ni renoncer à imaginer et à vouloir!
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Imaginez, madame, qu'un homme vous aborde dans la rue :
-- Madame, je suis joyeux à l'idée que vous existiez.
Comme il n'est pas exclu qu'il emprunte cette idée à ma conférence, il faut que je vous donne quelques éléments de réponse... Que pourriez-vous lui répondre ? Par exemple, ceci :
-- Mon cher monsieur, cela me fait plaisir. Vous êtes joyeux à l'idée que j'existe ; or, vous voyez, j'existe, en effet, donc tout va bien. Bonsoir monsieur !
Sans doute va-t-il essayer de vous retenir :
-- Attendez, ne partez pas ! Je veux que vous soyez à moi !
-- Alors là, mon pauvre monsieur, c'est tout-à-fait autre chose. Relisez Spinoza : "L'amour est une joie qu'accompagne l'idée de sa cause." Vous êtes d'accord ?
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"Qu'est-ce que je serais heureux si j'étais heureux!". Cette formule de Woody Allen dit peut-être l'essentiel : que nous sommes séparés du bonheur par l'espérance même qui le poursuit. La sagesse serait au contraire de vivre pour de bon, au lieu d'espérer vivre. C'est où l'on rencontre les leçons d'Epicure, des stoïciens, de Spinoza, ou, en Orient, du Bouddha. Nous n'aurons de bonheur qu'à proportion du désespoir que nous serons capables de traverser. La sagesse est cela même : le bonheur, désespérément.
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Non, si je dois penser une idée, c'est parce qu'elle me paraît vraie. Le bonheur est le but de la philosophie mais il n'est pas sa norme, parce que la norme de la philosophie c'est la vérité, la vérité au moins possible (on ne la connaît jamais toute, ni absolument, ni avec une totale certitude), ce que j'appellerais volontiers, corrigeant Spinoza par Montaigne, la norme de l'idée vraie donnée ou possible. Il s'agit de penser non pas ce qui me rend heureux, mais ce qui me paraît vrai - à charge pour moi d'essayer de trouver, face à cette vérité et fût-elle triste ou angoissante, le maximum de bonheur possible. Le bonheur est le but ; la vérité est le chemin ou la norme. Cela signifie que si le philosophe a le choix entre une vérité et un bonheur - le problème ne se pose pas toujours en ces termes, heureusement, mais il arrive que ce soit le cas -, si le philosophe a le choix entre une vérité et un bonheur, il n'est philosophe, ou digne de l'être qu'en tant qu'il choisit la vérité. Mieux vaut une vraie tristesse qu'une fausse joie.
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Vidéo de André Comte-Sponville
Lundi 18 décembre a eu lieu la première "Fabrique des idées", la série de masterclass philosophiques que nous avons initiée dans le cadre de la nouvelle formule de Philosophie magazine.
Pour cette première édition, André Comte-Sponville s'est entretenu avec Martin Legros pendant 2 heures au Club de l'Étoile, à Paris, et a également répondu aux questions des participants. L'événement, qui était accessible en présentiel ou par visioconférence, était gratuit pour les abonnés.
Pour voir ou revoir la masterclass d'André Comte-Sponville, cliquez sur ce lien :
https://www.philomag.com/articles/replay-revivez-la-masterclass-dandre-comte-sponville-pour-philosophie-magazine
Bon visionnage !
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