Sa voiture lui plaisait bien. C’était la première fois qu’elle montait dans une électrique. Elle n’entendait que le vent tandis qu’ils fonçaient dans la nuit.
Nous nous dirigeâmes vers la pote, Williams se tournant de côté pour nous laisser passer. Puis il me regarda.
- Cest vous qui l'avez défoncée? demanda-t-il.
- Euh non, répondit Rachel, c'est moi.
Williams la regarda vite de haut en bas.
- Costaude, la dame, dit-il.
- Quand il le faut..., répondit-elle.
Le problème, c’est que le FBI ne veut pas que nous publiions parce que ça risque d’alerter le type et qu’ils ont peur qu’il disparaisse. Pour moi, ce n’est pas pour rien que notre journal s’appelle Fair Warning et nous devons mettre le public en garde contre cet individu.
Rachel était déjà au "Mistral", et son verre de martini à moitié vide, lorsque j'y arrivai. (...) Mes relations avec elle couvraient presque vingt-cinq années et brûlantes et froides, intenses et distantes, intimes et strictement professionnelles, avaient fini par me briser le cœur. Dès le début, elle avait laissé un trou dans mon cœur qui jamais ne pourrait cicatriser. Je pouvais passer des années entières sans la voir, mais jamais je n'arrivais à ne pas penser à elle. A l''endroit où elle était, à ce qu'elle faisait et qui elle fréquentait.
Je savais que dès que j'avais décidé d'aller la voir la veille, je m'étais payé un énième round d'espoirs et de douleurs. Mais il y a des gens comme ça, des gens dont le destin est de jouer encore et encore la même musique comme un disque rayé.
Ce n'était pas une bonne époque pour être journaliste. On était arrivés à l'ère des fake news et des journalistes qualifiés d'ennemis du peuple par le pouvoir. Les journaux fermaient à droite et à gauche et d'après certains, l'industrie était maintenant prise dans une spirale mortelle. En attendant, il y avait de plus en plus de reportages non vérifiés et de sites médiatiques biaisés, la ligne de séparation entre journalisme impartial et partisan ne cessant de s'amenuiser.
Je mis presque une heure à parcourir l’espèce de serpent à deux voies de Laurel Canyon Boulevard. Je réappris une autre leçon de choses sur Los Angeles : il n’y a pas d’heure de pointe dans cette ville parce que c’est tout le temps l’heure de pointe.
Chez tous les êtres humains, quatre-vingt dix-neuf pourcent de l'ADN est identique. C'est ce dernier un pourcent avec ses myriades de combinatoires possibles qui rend chacun de nous complétement unique.
Point d'entrée toujours bondé du système pénal, le prétoire était un endroit où tous ceux qu'avait avalés la machine judiciaire se tenaient pour la première fois devant un juge qui allait leur lire les charges retenues contre eux. Après quoi, la date de leur comparution serait fixée, premier pas dans le long et tortueux sentier à travers le marécage qui les laisserait au minimum éviscérés et en sang, sinon reconnus coupables et incarcérés.
Cela faisait partie, je le savais, du petit jeu du prédateur sexuel que d'aller au procès défendu par une avocate. Cela oblige les jurés à se poser la question : si ce type à vraiment fait ce qu'on dit, une femme accepterait-elle de le défendre ?
Et les faiblesses de n'importe quel système sont toujours cachées au regard extérieur.