Ces dernières années,
Michael Connelly, de livres en livres, engageait son héros fétiche Harry Bosch sur la voie de la retraite. Il l'abandonne (ou lui fait une infidélité ?) sur
Séquences mortelles et reprend un personnage qu'il avait occasionnellement utilisé, le journaliste Jack McEvoy, croisé dans
le Poète et L'Épouvantail. Depuis, McEvoy a vu sa carrière plafonner. Il est devenu simple rédacteur pour un site internet dédié à la défense des consommateurs : Fair Warning.
Il a l'occasion de s'intéresser de nouveau aux affaires policières, lorsque deux inspecteurs du LAPD débarquent chez lui pour l'interroger sur ses relations avec une amante d'un soir, qui a fini assassinée, le cou brisé par une technique d'enserrement - décapitation. Comme la victime se plaignait d'être harcelée en ligne depuis quelque temps, et que McEvoy, usager du web, ne l'a plus vue depuis plusieurs mois, ni une, ni deux, les policiers le trouvent suspect et lui prélèvent son ADN.
Malgré les menaces de la police et les considérations déontologiques de son rédacteur en chef (peut-il enquêter sur une affaire dans laquelle il est suspect ?), McEvoy ne va pas se contenter de suivre l'enquête officielle, mais va mener ses propres investigations. Pour se faire, il va allier ses compétences journalistiques et ses contacts dans le monde policier, dont son ex-amante Rachel Walling, ex-agente du FBI devenue consultante juridique, pour découvrir que le mode opératoire du tueur a été utilisé lors de l'assassinat d'autres jeunes femmes dans plusieurs villes américaines.
De plus, les victimes étaient toutes clientes de sociétés qui proposent des tests ADN, pour des recherches généalogiques ou de prédiction de maladies génétiques, en garantissant une soit-disante confidentialité aux clients, mais qui en fait revendent en masse les données. Qu'est ce qui relie les victimes ? Y a t-il eu une fuite de données ADN ? Que font la FDA et les autres agences américaines pour réguler le secteur des analyses ADN ?
Encore une fois, Connelly impressionne par le parfait déroulé de l'enquête. Il prétend ne bâtir ses romans qu'à partir d'un point de départ et d'une chute finale, se laissant aller à enchaîner les pages sans avoir établi un plan préalable. On peut en douter, vu la qualité de la construction de ses intrigues.
Du coup, ses livres se lissent toujours avec avidité. Pour autant, il faut constater que le caractère bourru et individualiste de Harry Bosch manque un peu à cet ouvrage ; McEvoy est un peu trop lisse pour pleinement remplacer l'ex-enquêteur du LAPD.