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Critique de dourvach


Difficile d'ajouter ses pauvres "nouveaux" mots aux somptueuses & érudites critiques de nos amis d'ici : celle de Woland [pionnière en novembre 2012] m'épatant tout particulièrement ! (Mon Dieu, quel boulot et quelle culture... ). Citons aussi le bel éclairage d'ordreterne [février 2016], et sa flamboyante conclusion ! le Mythe vivant.

Eh bien, si "Heart of Darkness" (écrit en 1899, publié pour la première fois en 1902) est invariablement découvert par tant de générations de lecteurs (grâce au "bon" Francis Ford Coppola, "son" Vietnam et sa "Chevauchée des Walkyries"), on ne s'en plaindra pas ! Car l'odyssée de l'aventurier Marlow remontant le fleuve Congo (jusqu'aux sources d'Humaine Barbarie) est toujours aussi hallucinante ; le vapeur pourri, rafistolé, reprenant sa route jusqu'à ce que le dinosaure de métal et de bois vermoulu s'immobilise sous les sagaies des assaillants et les pièges de la brume grise... Un parfum d' "Aguirre la colère de Dieu" [1972] de Werner Herzog, avec le regard halluciné de l'acteur "fou" Klaus Kinski au milieu du fleuve, face à la jungle... Puis la nuit complète, enfin... L'apparition de Kurtz mourant, âpre aventurier trafiquant d'ivoire entièrement "passé à la sauvagerie"... sa disparition presque anonyme sur le vapeur qui repart... le retour européen de Marlow qui veut rencontrer la fiancée du "sauvage"...

On se demande un peu pourquoi tant d'autres romans - pourtant également fameux - de l'ukraino-polono-brittanique Joseph Conrad n'ont pas eu la gloire française de "Heart of Darkness", sombre tragédie d'allure shakespearienne (moderne) sous forme de court roman : et je pense particulièrement aux "jeunes" romans de sa quarantaine : "The Nigger of the Narcissus" - le Nègre du Narcisse" (1897) et "Lord Jim" (1900) ou même au "Nostromo" (1904) qui gardera la tonalité de ce "coeur des ténèbres"... (cité dans le très noir "Alien" de Ridley Scott : Nostromo étant le nom de baptème du navire-cargo spatial en route vers la "mauvaise "planète...)

Et je pense aussi à "Sous les yeux de l'Occident" (son énorme et passionnant roman "russe" tardif, paru en 1911, travail de trois années qui le laissa complètement exténué... ) ou encore au mélancolique "The Shadow Line" (1916) - "La Ligne d'Ombre" qu'adapta brillamment Andrzej Wajda pour la télévision polonaise.

Et vous savez quoi ? Mais vous le savez déjà... Joseph Conrad avait longuement "vécu" (bourlingué sur les mers du globe, de 1875 à 1894) avant de commencer à écrire et publier... "Petit détail" qui contribue fortement au réalisme des situations et peut expliquer le pessimisme (structurant) de ses "récits" : si peu d'espoir placé dans l'espèce humaine... Expliquant aussi les personnages-relais (marins, capitaines) de la pensée de l'auteur... Expliquant enfin - selon nous - l'exigence et la grandeur de son art littéraire, d'une extrême modestie de forme et ne s'encombrant pas de "faire littéraire" (un peu "L'Ecole Simenon" avec le vécu périlleux d'un Antoine de Saint-Exupéry).
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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