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EAN : 9791029802218
196 pages
Orphie (06/04/2018)
3/5   1 notes
Résumé :
Dramatiques, drôles ou poétiques, ces contes feront les délices des réunions de conteurs mais permettront aussi aux parents de lire à leurs enfants des contes de " chez eux ".
Un voyage littéraire qui renforce le lien entre les Guyanais et leur culture.
Des contes en français et en créole à découvrir pour tous.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ces contes de Guyane sont à rapprocher tantôt de la fable (avec l'Araignée Anansi, véritable Renart amazonien ; ou avec les récits étiologiques - explications sur l'origine des choses), tantôt du conte merveilleux (avec le diable, le voyage initiatique ou les naissances fabuleuses). Ils font exister un univers habité d'animaux qui jouent au plus malin, de forces de la nature qu'il vaut mieux amadouer ou déjouer, un monde où l'on doit se méfier, ruser... Si la morale de « Anansi joue et perd » repose sur le ressort du piégeur piégé, que la morale pratique de « Compère Vent et Compère feu » pourrait être, pourquoi pas, au-delà de la simple blague : méfie-toi de ne pas vexer l'un si tu es généreux avec l'autre… que la tortue est punie pour s'être moquée et qu'au passage cela explique les marques de sa carapace… qu'on peut toujours ruser pour battre les forts, que seule une Maman des Bois peut résister à une Maman Dilo (le bois contre l'eau)… celle des contes est plus trouble. La punition terrible de la princesse des « Douze paires » s'explique difficilement autrement que par un : vos bêtises et pêchés finiront toujours par être punis, ne fautez pas ! alors que l'on se rangerait plus volontiers du côté de cette princesse maline et amoureuse… le conte et son univers rappellent d'ailleurs davantage l'esprit des contes des Mille et une Nuits. On peut soupçonner une certaine réécriture de contes passés des colons aux Marrons ou une transformation de contes africains au contact de ces contes colportés.

Les structures narratives sont souvent basées sur un jeu de répétition, qui a pour but d'animer un récit oral, en guidant l'auditeur qui ne perd pas ses marques. Les contes sont parsemés de petits intermèdes : petits cris et onomatopées illustrant la forêt ou la rivière, bruits rythmés ambiance soirée contes autour du feu, accompagnées quelques fois d'une espèce d'énigme-proverbe-bon mot au sens souvent difficile à percer. Autant de traces conservées - sans doute aussi pour se démarquer de la culture occidentale du conte (on remarquera que lors de la première publication-réécriture des Mille et une Nuits, Antoine Galland s'est peu à peu affranchi de ce type de rituels de narration) -, témoignage du processus oral et collectif de récitation du conte, tel qu'on peut en avoir l'exemple dans le superbe ouvrage Deux Nuits de contes Saamaka (peuple marron du Suriname ; au delà des différences linguistiques et de colonisateur, les peuples marrons et créoles semblent partager et avoir fait circuler de nombreux éléments de culture, par exemple par les histoires drôles d'Anansi, pour conclure l'échange d'un poisson, un Jamais-goûté par exemple, contre un singe-araignée...).

Résumés des contes sur la page de mon blog.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
"Anansi joue et perd"
Un jour, Anansi l’araignée se rendit dans les bois. Il y resta si longtemps qu’il eut faim. Il alla devant une mare regorgeant de poissons. Il pêcha, pêcha encore, tant et si bien qu’il arriva près d’un trou qu’il imagina rempli de poissons. Il y fourra la main sans hésiter. Soudain, il sentit qu’on lui attrapait la main. Il chercha à se dégager, mais il n’y avait rien à faire.
– Qui est celui qui me tient la main ? Demanda-t-il.
– C’est moi, Voltigeur, répondit une voix.
– Eh bien, faites-moi voltiger alors, lui dit Anansi.
On entendit Viou ou ou ! Et Anansi fut lancé jusqu’au sommet d’un arbre puis, après un vol plané, il retomba à terre bim ! Anansi s’écria : « C’est comme ça alors ! Et bien, je crois que je vais pouvoir tuer beaucoup d’animaux de cette façon. J’ai compris ce qu’il faut faire. » Anansi, après sa chute, se tâta bien les côtelettes. Rien n’était cassé. Alors il alla couper des pieux bien pointus et les enfonça exactement à la place où il venait de tomber. Arrivé à la maison, avec plein de poissons, Anansi déclara à sa femme Wénon :
– Femme ! Je vais pouvoir tuer beaucoup d’animaux à présent. Nous aurons beaucoup à manger.
– Comment feras-tu donc ? lui demanda Wénon.
Il lui expliqua son plan. Anansi rencontra Abouti et lui dit :
– Frère Abouti, as-tu faim ?
– Oui, frère, j’ai faim, voilà deux jours que je n’ai rien mangé.
– Viens avec moi, lui dit Anansi, je t’emmène dans un pripri – marais – où il y a beaucoup de poissons.
Abouti le suivit. Ils arrivèrent au bord du marécage. Ils prirent beaucoup de poissons, et Anansi dit à Abouti :
– Mets ta main dans ce trou, il y a beaucoup d’acoupas.
Abouti le crut. Il y mit la main et sentit que quelque chose l’avait saisi.
– Frère Anansi, il y a quelque chose qui me tient la main.
– Demande-lui qui c’est, lui conseilla Anansi.
– Qui me tient ? Demanda Abouti.
– C’est moi. Voltigeur, répondit la chose.
– Frère Anansi, que faut-il faire maintenant ?
– Dis-lui de te faire voltiger, lui répondit Anansi.
– Fais-moi voltiger, dit Abouti.
On entendit : viou ou ou, bim ! La chose envoya Abouti jusqu’à la cime d’un arbre et, après un superbe vol plané, il retomba sur les pieux pointus placés par Anansi et fut transpercé de part en part. Anansi armé de sa massue en profita pour l’achever et lui découpa le foie. Anansi rentra à la maison et mangea le foie avec sa femme Wénon.
– Femme ! dit Anansi, je ne savais pas que le foie d’Abouti était un vrai délice !
Anansi l’araignée, grâce aux pieux pointus qu’il avait placés en terre, put ainsi manger beaucoup d’autres animaux. Mais Kayakou le chevreuil, dissimulé dans les buissons, avait surveillé le manège d’Anansi et avait compris ce que son compère faisait. Anansi rencontrant Kayakou, lui demanda :
– Frère, n’as-tu pas faim ?
– Si, répondit notre ami le chevreuil, j’ai très faim.
– Je connais un pripri plein de poissons, ajouta compère Anansi, viens donc avec moi.
Ils se rendirent ensemble au pripri et pêchèrent des poissons en abondance.
– Tâte ce qu’il y a dans ce trou, dit Araignée, c’est là que tu vas trouver de gros atipas.
Kayakou le malin fit semblant de tâter puis dit :
– Je ne vois pas bien où est le trou.
Il savait très bien où était le trou ; alors l’araignée lui dit :
– Tu as de grands yeux, pourtant, comment ne vois-tu pas le trou ? Attends, je vais te le montrer.
Il prit la patte de Kayakou dans sa main pour la plonger dans le trou. Mais la patte fine de notre chevreuil glissa hors de sa main et, finalement, c’est la main d’Anansi qui plongea seule dans le trou et devint prisonnière. Voltijô l’avait saisie. Anansi devint blême et le supplia :
– Frère Kayakou, rends-moi un service, va là-bas, tu trouveras des pieux pointus dont je me sers pour la chasse, enlève-les de terre, je t’en supplie, fais vite !
Kayakou alla là-bas mais n’enleva pas les pieux et revint en disant à l’araignée :
– C’est fait, j’ai enlevé tous les pieux.
Alors Anansi dit à Voltijô :
– Fais-moi voltiger !
On entendit : Viou ou ou ! Bim ! Anansi tomba sur les pieux et fut transpercé de part en part. Kayakou l’acheva avec un bou-tou (une massue), lui coupa le foie et l’apporta à Wénon en lui disant :
– Ton mari et moi, nous venons de tuer un maïpouri. Il est resté dans les bois pour le boucaner. Il m’a donné le foie pour que tu puisses le faire cuire.
Wénon prépara le foie et fit bouillir le riz. En attendant le retour d’Anansi, ils se mirent à manger le foie et le riz jusqu’à la dernière bouchée. Puis Kayakou s’écria :
– Tous les foies sont bons, mais c’est bien le foie d’Anansi qui est le meilleur !
Wénon comprit alors que Kayakou avait tué Anansi. Elle courut prendre un pilon pour tuer Kayakou. Mais Kayakou était déjà loin.
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