C'est un peu surprise que j'ai ouvert le colis (sans expéditeur ni note d'accompagnement) pour découvrir «
Small Favors », ne me rappelant que plus tard que je devais la faveur en question à Babelio et Masse Critique. du coup avant d'aller plus loin, je tiens à remercier le site, ainsi que l'éditeur qui pour le coup a fait un joli travail (l'objet livre est beau) et dont la ligne éditoriale reste plus audacieuse et aventureuse que bien d'autres.
C'est donc curieuse que j'ai démarrée ma lecture de cette BD « pour les filles qui aiment les filles ». Autant le reconnaître tout de suite, je ne suis pas vraiment une adepte de la pornographie. Je ne pense pas la pratique honteuse mais ce n'est pas un « format » qui marche pour moi, notamment parce que j'ai besoin d'un minimum d'investissement émotionnel / intellectuel. Or ici, on ne peut pas dire que la narration stimule d'une quelque façon le cerveau (pourtant le premier organe sexuel !) car c'est bien simple elle est inexistante.
Passé les premiers segments, l'auteur ne se donne même plus la peine de justifier les parties de jambes en l'air de ses héroines, ni de donner une cohérence interne à ses saynettes. Pourtant l' « histoire » démarre avec un semblant d'idées, une jeune fille jugée un peu trop dépravée par sa propre conscience qui se retrouve à coucher avec un avatar de cette même conscience, le tout dans une mise en scène Lewis Carollienne. Une façon de traiter (et d'évacuer proprement) la question de la culpabilité associée au sexe plutôt maligne mais qui donne de faux espoirs pour la suite, qui ne propose rien. Ni évolution des personnages, ni de leurs relations. Peut-être l'idée du recueil ne fonctionne-t-elle pas ; la BD a de toute évidence était diffusée par épisodes, et la lecture d'une traite est franchement impossible, tant on se lasse vite.
En bonus la mise en scène se paye le luxe d'être agaçante, se sentant obligée de préciser à ses lecteurs lorsque telle ou telle scène est imaginée. En revanche, difficile de nier la qualité du dessin, ses lignes claires, et son sens du détail sans jamais être surchargé.
Colleen Coover a un joli coup de plume, dommage qu'elle n'ait rien à raconter pour aller avec
A vrai dire ce qui m'a le plus déçue / étonnée aura été de découvrir que l'auteur était une femme, tant j'ai eu l'impression de lire la mise en images d'un fantasme masculin, et il m'est arrivée d'être un peu choquée non par le sexe en soit, mais par la hiérarchisation des pratiques (il faut pénétration par un substitut masculin pour que l'acte soit qualifié de « vrai », et l'idée de domination est toujours associée à ce même substitut pénien. Ajoutez à cela la nécessité d'atteindre la toute dernière page (sur près de 200, ça tient de l'effort de longue haleine pour qui comme moi n'a pas aimé le livre) pour se voir délivrer un semblant de tendresse. C'est ce qui selon moi fait le plus cruellement défaut à
Small Favors, la tendresse, dans les actes mais aussi et surtout dans les mots, il y a tellement de façon de parler pendant le sexe, et ce « baise moi » constant résume bien l'idée : on ne va jamais plus loin que la baise, et c'est d'autant plus « frustrant » que le format et la longueur permettait une vraie évolution narrative vers quelque chose de plus.