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Citations sur La Veuve (6)

DORIS
Qu'aux filles comme moi le sort est inhumain !
Que leur condition se trouve déplorable !
Une mère aveuglée, un frère inexorable,
Chacun de son côté, prennent sur mon devoir
Et sur mes volontés un absolu pouvoir.
Chacun me veut forcer à suivre son caprice :
L'un a ses amitiés, l'autre a son avarice.
Ma mère veut Florange, et mon frère Alcidon ;
Dans leurs divisions mon cœur à l'abandon
N'attend que leur accord pour souffrir et pour feindre.
Je n'ose qu'espérer, et je ne sais que craindre,
Ou plutôt je crains tout et je n'espère rien ;
Je n'ose fuir mon mal, ni rechercher mon bien.
Dure sujétion ! étrange tyrannie !
Toute liberté donc à mon choix se dénie !
(Acte IV, scène 9)
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LA NOURRICE
Ce cajoleur rusé, qui toujours vous assiège,
A tant fait qu'à la fin vous tombez dans son piège.
CLARICE
Ce cavalier parfait, de qui je tiens le cœur,
A tant fait que du mien il s'est rendu vainqueur.
(Acte II, scène 2)
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PHILISTE : À croire ton babil, la ruse est merveilleuse ;
Mais l'épreuve, à mon goût, en est fort périlleuse.
LA NOURRICE : Jamais il ne s'est vu de tours plus assurés.
La raison et l'amour sont ennemis jurés ;
Et lorsque ce dernier dans un esprit commande,
Il ne peut endurer que l'autre le gourmande :
Plus la raison l'attaque, et plus il se roidit ;
Plus elle l'intimide, et plus il s'enhardit.

Acte II, Scène 3.
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ALCIDON
J'en demeure d'accord, chacun a sa méthode,
Mais la tienne pour moi serait trop incommode,
Mon cœur ne pourrait pas conserver tant de feu
S'il fallait que ma bouche en témoignât si peu.
Depuis près de deux ans tu brûles pour Clarice,
Et plus ton amour croît, moins elle en a d'indice,
Il semble qu'à languir tes désirs sont contents,
Et que tu n'as pour but que de perdre ton temps.
Quel fruit espères-tu de ta persévérance
À la traiter toujours avec indifférence ?
Auprès d'elle assidu sans lui parler d'amour,
Veux-tu qu'elle commence à te faire la cour ?
(Acte I, scène 1)
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C'est ce qui ne se peut, l'amour est tout de feu,
Il éclaire en brûlant et se trahit soi-même :
L'esprit d'un amoureux absent de ce qu'il aime
Par sa mauvaise humeur fait trop voir ce qu'il est,
Toujours morne, rêveur, triste, tout lui déplaît,
À tout autre propos qu'à celui de sa flamme
Le silence à la bouche, et le chagrin en l'âme ;
Son oeil semble à regret nous donner ses regards,
Et les jette à la fois souvent de toutes parts,
Qu'ainsi sa fonction confuse ou mal guidée
Se ramène en soi-même, et ne voit qu'une idée.
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Clarice
Tu me veux détourner d’une seconde flamme,
Dont je ne pense pas qu’autre que toi me blâme.
Etre veuve à mon âge, et toujours déplorer
La perte d’un mari que je puis réparer !
Refuser d’un amant ce doux nom de maîtresse !
N’avoir que des mépris pour les vœux qu’il m’adresse !
Le voir toujours languir dessous ma dure loi !
Cette vertu, nourrice, est trop haute pour moi.

La Nourrice

Madame, mon avis au vôtre ne résiste
Qu’alors que votre ardeur se porte vers Philiste.
Aimez, aimez quelqu’un ; mais comme à l’autre fois
Qu’un lien digne de vous arrête votre choix.

Clarice
Brise là ce discours dont mon amour s’irrite ;
Philiste n’en voit point qui le passe en mérite.

La Nourrice
Je ne remarque en lui rien que de fort commun,
Sinon que plus qu’un autre il se rend importun.

Clarice
Que ton aveuglement en ce point est extrême !
Et que tu connais mal et Philiste et moi-même,
Si tu crois que l’excès de sa civilité
Passe jamais chez moi pour importunité !

La Nourrice
Ce cajoleur rusé, qui toujours vous assiège,
A tant fait qu’à la fin vous tombez dans son piège.

Clarice
Ce cavalier parfait, de qui je tiens le cœur,
A tant fait que du mien il s’est rendu vainqueur.

La Nourrice
Il aime votre bien, et non votre personne.

Clarice
Son vertueux amour l’un et l’autre lui donne :
Ce m’est trop d’heur encor, dans le peu que je vaux,
Qu’un peu de bien que j’ai supplée à mes défauts.

La Nourrice
La mémoire d’Alcandre, et le rang qu’il vous laisse,
Voudraient un successeur de plus haute noblesse.

Clarice
S’il précéda Philiste en vaines dignités,
Philiste le devance en rares qualités ;
Il est né gentilhomme, et sa vertu répare
Tout ce dont la fortune envers lui fut avare :
Nous avons, elle et moi, trop de quoi l’agrandir.

La Nourrice
Si vous pouviez, madame, un peu vous refroidir
Pour le considérer avec indifférence,
Sans prendre pour mérite une fausse apparence,
La raison ferait voir à vos yeux insensés
Que Philiste n’est pas tout ce que vous pensez.
Croyez-m’en plus que vous ; j’ai vieilli dans le monde,
J’ai de l’expérience, et c’est où je me fonde ;
Eloignez quelque temps ce dangereux charmeur,
Faites en son absence essai d’une autre humeur ;
Pratiquez-en quelque autre, et désintéressée,
Comparez-lui l’objet dont vous êtes blessée ;
Comparez-en l’esprit, la façon, l’entretien,
Et lors vous trouverez qu’un autre le vaut bien.
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