Un projet noble et courageux (construire de ses mains une cabane en forêt et y vivre seul durant quatre mois)
+ une jolie couverture qui sent bon l'humus, la chlorophylle et les parfums sylvestres
+ un style soigné, de belles images
+ un propos inspirant
=> tous les éléments semblaient réunis pour que je passe un délicieux moment dans les arbres.
Oui MAIS.
Mais quelques longueurs et quelques redites, malgré la faible épaisseur de l'ouvrage.
Mais une écriture presque trop travaillée, un exercice stylistique tout en maîtrise qui m'a parfois donné l'impression d'être en décalage avec la teneur du message, celui d'un homme en quête de simplicité et d'authenticité.
Mais demi-déception, donc.
Il y a pourtant de jolies pages dans ce petit bouquin ! Derrière les phrases un peu trop savantes et sous les digressions un peu trop nombreuses se cache en fait une belle invitation à ralentir, à laisser pour un temps les Hommes à leur frénésie, à prendre de la hauteur.
Et quoi de mieux pour se faire qu'une petite cabane de 6m² nichée dans un chêne centenaire du Périgord Noir, comme "un avant-poste sur la beauté du monde", avec pour seule compagnie le vent, la lune et tous les animaux des bois ?
Dommage que maître Cortès, sur son arbre perché, nous tienne un langage parfois légèrement confus.
Son livre tient en effet à la fois du journal de bord, du manifeste philosophique sur la marche du monde et manuel de zoologie et de botanique mêlant séquences d'introspection ("j'ai beaucoup de doutes sur mes certitudes et peu de convictions sur mes illusions"), envolées poétiques en hommage à Dame Nature et retour sur les échecs qui ont plongé l'auteur dans les affres de la dépression (il s'est accroché longtemps à la vie de berger dont il rêvait et pour laquelle il a concédé d'énormes sacrifices, avant de se résoudre à abandonner son exploitation, criblé de dettes et acculé à la banqueroute).
On finit par s'y perdre un peu, et l'absence "d'ossature globale" m'a par moment déstabilisé ; il n'en demeure pas moins qu'
Edouard Cortès, à la manière d'un Thoreau des temps modernes, livre là un témoignage original et intéressant.
La relation quasi-charnelle qu'il entretient avec "son arbre" a de quoi surprendre, mais la thérapie qu'il propose comme un remède aux excès en tous genres et aux dérives de notre temps semble aussi simple qu'efficace ("je me sentais fatigué du monde d'en bas et de moi-même, je suis donc monté là-haut").
Plutôt que de chercher à expliquer ce qui aura manqué à ce livre pour me séduire complètement, je tâcherai d'en retenir les principaux enseignements et d'apprendre à chercher moi aussi, pourquoi pas, "un confin favorable à l'intériorité".