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Citations sur Fin d'un jeu (7)

J'ai couru à la machine et profitant de l'absence d'oncle Carlos qui parlait aux petites Negri, j'ai ouvert la boîte de poison et j'en ai versé deux, trois pleines cuillérées dans la machine puis j'ai refermé la porte soigneusement, comme ça la fumée serait très vénéneuse, elle tuerait toutes les fourmis, il ne resterait plus une seule fourmi vivante dans aucun jardin. (Les poisons)
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Cela me désolait de me sentir en marge, de regarder tous ces gens du dehors, en entomologue. Mais qu’y faire, c’est toujours la même chose. J’ai même fini par utiliser cette aptitude pour ne pas me compromettre en quoi que ce soit.
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Il fut une époque où je pensais beaucoup aux axolotls. J'allais les voir à l'aquarium du Jardin des Plantes et je passais des heures à les regarder, à observer leur immobilité, leurs mouvements obscurs. Et maintenant je suis un axolotl. (Axolotl)
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Il était dix heures quand je suis sorti de ma chambre et Tante Encarnación m'a dit que je pouvais aller le chercher dans la pièce du fond, là où il se tient d'habitude l'après-midi. Tante Encarnación a dû voir que j'étais désespéré car elle a passé sa main sur ma tête puis s'est penchée et m'a embrassé sur le front. J'ai senti qu'elle glissait quelque chose dans ma poche.
— C'est pour t'acheter ce que tu voudras, me dit-elle à l'oreille. mais n'oublie pas de lui en donner aussi, il vaut mieux. (Après le déjeuner)
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Plus doucement alors, et utiliser la main engagée dans la manche gauche, si c'est bien la manche et non le col, et, pour se faire aider de la main droite la main gauche pour qu'elle puisse avancer dans la manche ou au contraire reculer et s'enfuir, mais c'est presque impossible de coordonner le mouvement des deux mains, comme si la gauche était un rat pris dans une cage et que, du dehors, un autre rat veuille l'aider à s'échapper, mais au lieu de l'aider, peut-être le mord-il car soudain sa main prisonnière a mal, l'autre main s'est agrippée de toutes ses forces sur ce qui doit-être sa main cachée et elle lui a fait mal, tellement mal qu'il renonce à enlever son pull-over, il préfère faire un dernier effort pour sortir la tête hors du col et le rat gauche hors de sa cage, il tente une sortie en luttant de tout son corps, en se lançant d'arrière en avant, pirouettant au milieu de la chambre ou peut-être pas au milieu, il vient de penser que la fenêtre est restée grande ouverte et qu'il est dangereux de tourner comme ça à l'aveuglette, il préfère s'arrêter, bien que sa main droite s'affaire toujours s'en s'occuper du pull-over, bien que sa main gauche lui fasse de plus en plus mal, comme si on lui avait brûlé ou mordu les doigts, et cependant cette main lui obéit et, refermant peu à peu ses doigts endoloris, elle parvient à saisir à travers la manche le bord du pull-over enroulé aux épaules, elle le tire vers le bas mais sans aucune force, elle a trop mal et il faudrait que sa main droite l'aidât au lieu de grimper ou de descendre inutilement le long de ses jambes, au lieu de lui pincer la cuisse, comme elle est en train de le faire, le griffant et le pinçant à travers ses vêtements sans qu'il puisse l'en empêcher car toute sa volonté est concentrée sur sa main gauche, peut-être est-il tombé à genoux et se sent-il comme suspendu à la main gauche qui tire encore une fois sur son pull-over, et soudain c'est le froid sur les cils et le front, sur les paupières, absurdement il ne veut pas ouvrir les yeux mais il sait qu'il a émergé, cette matière froide, ce délice, c'est l'air libre, il ne veut pas ouvrir les yeux et il attend une seconde, deux secondes, il se laisse vivre en un temps froid et différent, le temps hors du pull-over, il est à genoux et il est beau d'être ainsi, jusqu'à ce que, peu à peu, avec reconnaissance, il entrouve les yeux, et il voit les cinq ongles noirs pointés contre ses yeux, vibrant dans l'air avant de lui sauter au visage, et il a le temps de refermer les yeux, et de se rejeter en arrière, se couvrant le visage de sa main gauche qui est sa main, qui est tout ce qui lui reste pour se défendre, pour lui permettre de tirer vers le haut mêle si elle est restée à l'intérieur de la manche, le col du pull-over, et la bave bleue couvre à nouveau son visage, tandis qu'il se redresse pour fuir ailleurs, pour arriver enfin en un lieu sans mains et sans pull-over, où il y ait seulement un air retentissant qui l'enveloppe et l'accompagne et le caresse et douze étages. ("N'accusez personne)
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Tu appartiens à cette espèce de témoins pleins de tendresse qui, jusque dans les pires cauchemars, nous poursuivent en souriant.

("Récit sur un fond d'eau")
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Tu me fais rire, ma pauvre. Tes déterminations tragiques, cette façon de claquer les portes comme une actrice de tournées de province, on se demande si tu crois vraiment à tes menaces, à tes chantages répugnants, à tes scènes inépuisables et pathétiques, tartinées de larmes, d'adjectifs, de récriminations. Tu mériterais quelqu'un de plus doué que moi pour te donner la réplique, on verrait alors se dresser le couple parfait, la puanteur exquise de l'homme et de la femme qui se déchirent en se regardant dans les yeux pour gagner quelque sursis précaire, pour survivre un moment encore, pour recommencer et chercher inépuisablement leur vérité de terrain vague et de fond de casserole.

("Le Fleuve")
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