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EAN : 9782505005148
100 pages
Dargaud (16/01/2009)
3.92/5   37 notes
Résumé :
1915-1916
LE GENOCIDE DES ARMENIENS
Un récit poignant construit autour du génocide arménien de 1915.
Des personnages attachants .
Des hommes politiques cyniques .
Des profiteurs , comme il y en a toujours en période de guerre .
Et un graphisme , résolument contemporain , qui participe à la mise en lumière d'une tragédie qui fait toujours partie d'une actualité brûlante .
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Medz Yeghern mêle Histoire et fiction. Ainsi des personnes ayant vécues le génocide de 1915 livre leur histoire au même titre que des personnages nés de l'imagination de Paolo Cossi. La bande dessinée est d'ailleurs ponctuée d'extraits de documents historiques, et autres citations. Il contient aussi une préface intéressante signée d'Antonia Arslan et à la fin, quelques pages de rappels historiques pour les "novices".

Les dessins en noir et gris sont très précis, sans fioriture, ce qui permet au lecteur de se concentrer (quasi) uniquement sur les personnages et leurs sentiments, et non sur ce qui les entoure. de tels choix dans le graphisme exacerbe la violence de certaines scènes (massacres, torture ou viol) et le cynisme dans les discours ottomans n'en est que plus cru.
On voit notamment un travail assez intéressant dans les premières planches avec l'opposition des regards. D'un côté les soldats animés par une envie sadique de voir le sang versé et d'exercer leur folie meurtrière en toute impunité sur des civiles - arméniens ou turcs ayant des velléités d'aider leurs compatriotes arméniens. Ceux-là ont de petits yeux mesquins à moitié fermés dont la cruauté s'échappe. En face, on voit les civils arméniens avec des yeux ronds qui ne comprennent pas ce qu'il se passe et sont loin d'imaginer le sort qu'on leur réserve. Et petit à petit, leurs yeux ronds s'écarquillent et de l'incompréhension, c'est la terreur qui s'invite dans ces regards.

Dans cette bande dessinée, Paolo Cossi alterne deux types de narration. D'abord un récit à la deuxième personne d'où surgit la tendresse et la nostalgie du temps de l'insouciance. Un ton de confidence qui tranche avec la violence des dialogues de domination raciale, d'anéantissement et de mépris.

Toutefois, la vision que nous offre l'auteur dans cet BD n'a rien de manichéenne. Tout d'abord parce qu'il met en scène un épisode de résistance arménienne, ce qui empêche d'étiqueter ce peuple comme "victime". Et parce qu'il montre des Turcs qui remettent en cause les décisions du gouvernement et prennent le risque de sauver des vies arméniennes.

Une fois de plus, j'ai été très émue par les événements qui sont relatés. J'ai fini cette lecture avec une boule dans la gorge. Et en ayant refermé ce livre, j'ai eu tout un questionnement, similaire à celui que j'avais eu à la fin du témoignage de Chil Rajchman ("Je suis le dernier juif"). Ici je me suis rendue compe qu'en fait, il n'y a aucune explication "rationnelle", raciale, culturelle ou religieuse à la folie (un thème tristement d'actualité...). Ce constat est quelque peu pessimiste car il suppose qu'elle est potentiellement en chaque être humain. Mais tous n'ont pas la raison suffisante pour ne pas laisser libre cours à leurs haines viscérales ou autres angoisses ou fantasmes. .... L'Europe a eu Hitler, et l'empire Ottoman les trois Pacha. La bêtise, comme l'intelligence est donc universelle. Quelle triste sort que celui de l'humanité !

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Parfois il y a des ouvrages, des BD ou des romans, qui s'adressent à la fois à l'esprit, au coeur et aux tripes. Dans ces moments-là, on est surélevé, emporté, saisi, en état de quasi grâce. le sujet de l'ouvrage importe finalement peu... il y a une telle convergence de tout ce que l'on aime qu'une seule chose s'impose: on tient une perle.

C'est ce que j'ai éprouvé à la lecture de Medz yeghern. le sujet est dur. Implacable. D'autant plus dur que 100 ans plus tard, la Turquie refuse toujours l'idée d'un génocide arménien. Il n'est même pas question d'endosser une responsabilité. Ni de reconnaître une action étatique. On parle juste de reconnaître l'existence d'un génocide.

Paolo Cossi ne rentre pas dans cette polémique. Il nous décrit les exodes forcés, les exécutions, l'attitude des troupes allemandes, le soutien de certaines populations turques...

Implication allemande? Ce roman graphique date de 2009. Ce n'est pourtant que le 23 avril 2015 que le président allemand Joachim Gauck a reconnu pour la première fois le génocide arménien (l'Allemagne devenait le 24è pays à le faire). Gauck va plus loin est évoque la coresponsabilité, la complicité allemande par rapport à un pays allié dans la Première Guerre mondiale. On évoque la participation de militaires allemands "à la planification et pour une part à la mise en place des déportations" d'Arméniens.

Le récit de Paolo Cossi est glaçant. Puissant. Intense. J'ai adoré à tout dans ce roman graphique. Les choix graphiques du noir et blanc. La structure du récit. La dureté de certaines planches. le travail historique. Cette fin toute en résilience. Tout, malgré le sujet.
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Paoli Cossi, jeune auteur italien, signe une oeuvre poignante sur le génocide arménien qui a couté la vie à plus d'un million de personnes en 1915-1916. Medz Yeghern (en français "le grand mal") est le terme utilisé par les Arméniens pour désigner ce massacre perpétré par l'Empire Ottoman lors de la Première Guerre Mondiale.

De nombreux pays ont encore une attitude négationniste face à ce drame. C'est guère mentionné dans les livres d'Histoire. En 1915, l'Europe était en guerre et avait d'autres préoccupations par rapport à ce qui se passait dans un pays aussi éloigné. Or, en ces temps où le négationnisme fait de remarquables avancées (même parmi les évêques), il est temps de s'intéresser à cette partie de l'Histoire.

Il est vrai que l'Allemagne avait présenté ses excuses à la communauté juive par rapport à l'Holocauste. Il n'en va pas de même pour le génocide arménien. le fait de l'évoquer provoque tout de suite la colère de la Turquie.

C'est vrai qu'il est difficile de montrer l'horreur même en bande dessinée. Cette oeuvre nous conte les destins de différentes personnes qui vont être confrontés à ce drame. Ainsi ce jeune soldat arménien qui échappe miraculeusement à la mort et qui est aidé par un maraîcher turc. Vous l'aurez compris, il n'y a point de manichéisme stigmatisant un peuple contre l'autre. Là, il s'agit d'une boucherie humaine sans pareille et des individus qui s'y opposent au nom d'une certaine humanité.

Le message de l'auteur se base sur la non-violence et le pacifisme. J'ai rarement lu une oeuvre aussi poignante qui est d'ailleurs basée sur de réels documents d'archive. Je vous la conseille juste pour vous rappeler qu'on n'est jamais à l'abri d'une telle barbarie. C'est dur et bouleversant. L'extrême violence de certaines scènes interdit l'accès du volume aux jeunes lecteurs. le récit met en scène différents sentiments humains, tels que l'amitié et la haine, ainsi que certains comportements, tels le courage et la lâcheté. D'autres personnages vont aider le lecteur à comprendre les étapes qui ont mené à la solution finale planifiée par le gouvernement turc de l'époque.

C'est salutaire quand quelquefois la bande dessinée se penche sur des sujets délicats qui ont valeur de témoignage mêlant intime avec L Histoire.

Note Dessin : 4.25/5 – Note Scénario : 4.75/5 – Note Globale : 4.5/5
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Je viens de (re)terminer  « Medz Yeghern, le grand mal », concernant le génocide Arménien par les turcs en plaine première guerre mondiale. L'histoire nous est comptée aux travers des tranches de vies, ou plutôt d'horreurs. 3 personnages servent de fil rouge, mais c'est plutôt à certains faits historiques que nous convie Paulo Cossi. Terribles témoignages, du premier génocide du XXème siècle.
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1915. Génocide du peuple arménien par l'armée turque. Un dessin en noir et blanc, peuplé d'ombres comme le sont les victimes de ces assassinats de masse perpétrés contre les Arméniens. le récit s'attache à la vie du jeune Aram, sauvé par un Turc de son âge.
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critiques presse (1)
Lecturejeune
17 février 2012
Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - La tragédie du génocide arménien retracée à travers le destin de trois personnages. Aram survit au massacre qui est perpétré autour de lui, sauvé par Murat, un jeune turc. Sona voit son père torturé et massacré, tout comme sa soeur, avant d'être violée et d'endurer la déportation dans le désert. Armin T. Wegner, sous-lieutenant allemand, est dégradé pour avoir tenté de dénoncer la mort organisée des Arméniens par les Turcs.
Ce roman graphique, en noir et blanc, décrit avec force et vigueur un événement historique abominable. Paolo Cossi parvient à mêler un peu d'espoir à la cruauté en laissant, à quelques individus turcs, la possibilité d'agir comme des hommes en sauvant des Arméniens. Le trait puissant du dessin, accentuant parfois l'expression par le noir et blanc, manié avec précision, évoque avec force la violence du génocide arménien. Il montre la volonté de nettoyage ethnique et l'éternelle difficulté à lutter contre la haine et l'animalité des hommes, situation récurrente au XXe siècle. Coup de coeur pour ce livre indispensable à la connaissance de l'histoire du peuple arménien. Agnès Donon
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Ces derniers temps, j'ai pris beaucoup de photos. Djamal Pacha, le bourreau syrien, a interdit, sous peine de mort, de prendre des photos de camps de déportés. Je conserve les images de terreur accusatrices cachées sous ma ceinture. (…)
Je sais que je commets là un acte de haute trahison, mais la conscience d'avoir contribué, ne serait-ce que pour une infime partie, à aider ces pauvres gens me remplit de joie plus que toute autre chose.
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Personne ne peut prévoir ce qui va arriver, la vie ne aient qu'à un fil, la mort doit être envisagée. Face à elle, je serai obligé de faire ce douloureux constat : je ne mourrai pas pour la patrie mais pour mes idées. Je sui profondément triste de ne pas mourir pour l'humanité mais c'est ainsi. J'ai franchi ce cap, j'ai mis ma vie en jeu pour défendre les valeurs auxquelles je crois.

(lettre d'un soldat allemand déployé en Turquie et déplacé à Damas pour avoir pris position pour défendre le sort des Arméniens)
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L'anéantissement voulu et méthodique d'un peuple ne peut en aucun cas et pour aucune raison être allégué comme étant une mesure visant à atteindre un objectif politique, quel qu'il soit.


Boghos Levon Zekiyan
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Ici, trop nombreux sont ceux qui veulent dire, et trop peu sont ceux qui voient et qui savent ! Derrière tous ces morts, il n'y a pas la guerre, mais un plan d'extermination mûrement réfléchi !
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Pendant un instant , pris par le vertige des sentiments , je pense : Dieu , où es-tu ? Et je m'endors , puis me réveille quand la maison des prières est de nouveau vide ; comme une réponse à ma question , dans cet espace , je n'entends chanter qu'un désert sans fin .
Armin T. WEGNER
Note : Armin T. Wegner a fait partie du corps sanitaire de l'armée allemande en Turquie , il a pris des centaines de photos des camps de concentration de déportés arméniens , où l'on voit des milliers de personnes démunies de tout , que l'on laisse délibérément mourir de faim et de soif dans le désert .
Il a dénoncé ce massacre , ce qui lui a valu d'être dégradé , d'officier en simple soldat . Le régime nazi ne l'a pas épargné , emprisonné , il a néanmoins réussi à s'enfuir vers l'Italie . C'est un bel exemple pour l'humanité .
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Videos de Paolo Cossi (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paolo Cossi
Eté 1964. Dans une Amérique choquée par l'assassinat de Kennedy, une troupe de joyeux anarchistes rêve de liberté et de trips acides.

retrouver la chronique https://www.actualitte.com/t/HwKVWgSe musique générique : "Clear Day"
https://www.bensound.com/
Paolo Cossi, Fabien Tillon – La route de l'acide; L'Odyssée des premiers hippies — Nouveau Monde Graphic — 9782369428855 – 19,90 €
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