Les Typhons défont, les petites marionnettes...
Non, il ne s'agit pas d'un récit à base de divinités flatulentes.
Le vent dont il est question ici est celui évoqué par
Cothias dans son introduction en réponse aux critiques : Kami (Dieux) Kaze (vent) : le vent des Dieux.
C'est le typhon légendaire qui dans les années 1200, aurait mis en déroute la flotte de Kubilai Khan, l'empereur chinois d'origine mongole, lors de ses 2 tentatives d'envahissement du Japon.
L'histoire se déroule à partir de l'an 1280, dans l'île de Sado.
Le seigneur Oshikaga est à la fois cruel, cupide, et libidineux.
Pour assurer sa protection, il dispose d'une petite armée de samouraïs, indéfectiblement soumis à lui, par le code d'honneur, le bushido. Tchen Qin est le plus fort et le moins introspectif d'entre eux. Il fait ce que son maître et l'Honneur lui commandent. Un parfait con, donc.
Aussi, quand il s'agit d'aller mater une rébellion, une douzaine de ces guerriers part sans états d'âme, massacrer la populace.
Or, il s'agit d'un piège et Tchen Qin , blessé, passe pour mort, noyé. Seule son amante, Pimiko garde espoir et part à sa recherche.
Entre temps, Tchen Qin est recueilli par Mara, une réprouvée bannie par les siens qui le soigne et le fait revenir d'entre les morts.
Il a perdu la mémoire et son âme, il a quitté la voie du bushido et se fait appeler Mizu. le tigre est devenu lapin…Il se contente de suivre désormais la voix du bouffe, chie, dort : pas de quoi en faire un Bouddha.
Paru initialement en Septembre 1985, "Le vent des Dieux" repose sur un scénario relativement classique, dans la lignée des titres publiés dans la Collection Vécu de Glénat. Au niveau historique, comme l'avoue
Cothias, c'est un peu imprécis, mais sa vision du Japon médiéval ne doit pas être aussi éloignée de la réalité et et le cheminement moral du samouraï est très intéressant (il faut imaginer l'itinéraire d'un trader qui abandonnerait la spéculation sur les matières 1ères, pour devenir chiffonnier d'Emmaüs) .
L'histoire n'est pas destinée aux enfants et certains pourront être dérangés par une certaine violence et des scènes de sexe.
C'est vrai, les têtes volent : classique.
Les moines sont libidineux : déjà vu.
Les samouraïs tels des Grecs classiques, n'hésitent pas à emprunter la voie du Bushido en passant par derrière : moeurs de l'époque.
En revanche, leur attrait pour les jeunes garçons frôle le carton jaune et je me demande quand même si on oserait encore aujourd'hui, publier une histoire qui évoque ouvertement la pédophilie : "Depuis quand est-ce une honte d'aimer les hommes bien faits et les petits garçons ?" dit l'un d'eux.
Bien sûr,
Cothias n'en fait pas l'apologie, mais on le sent tiraillé entre le désir de raconter ce qu'étaient vraisemblablement les moeurs de l'époque et le souci de rester mesuré. du coup, il frise parfois l'ambiguïté en essayant de préserver la chèvre et le chou, la pédophilie et l'homosexualité.
Le dessin lui, voit le jeune Adamov réaliser une belle prestation, qui s'améliore encore au fil des albums. Il laissera à partir du 6ème tome, la place à
Gioux, qui à mon avis, fera moins bien.
Il faut dire que les épisodes suivant cette première intégrale, finissent un peu par lasser (Tchen Qin se retrouvera en Chine à la Cour du Grand Khan où il rencontrera Marco Polo, puis en Orient…) Pour ma part, j'ai arrêté au n°13.
En attendant, cette intégrale qui regroupe à un prix imbattable (sous une nouvelle couverture par rapport à la 1ère édition et aussi, malheureusement un autre format - 180 x 243 contre 215x293), les 5 volumes dessinés par Adamov, est fortement recommandable.
Une belle affaire.