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EAN : 9782368925904
L'ivre-book (02/05/2018)
4.21/5   12 notes
Résumé :
Après avoir failli périr dans l'incendie de son château, Deijan de Bucail se remet lentement de ses blessures et se prépare à mener les batailles les plus importantes de son existence : d'abord, traquer ceux qui ont enlevé sa femme, afin de la retrouver. Puis, surtout... la reconquérir. Mais sera-t-il capable de s'affranchir du passé ? Car ce n'est pas l'amour, qui rend aveugle. C'est la peur de l'amour.
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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En octobre 2017, je faisais la connaissance de Cécile Ama Courtois sur les réseaux sociaux littéraires et j'acceptais de rendre un service de presse pour le premier tome de Nordie, Guilendria… J'avais apprécié cet univers de fantasy médiévale revisitée et je m'étais beaucoup attachée aux personnages au point d'attendre la suite avec une certaine impatience. de plus, le style visuel et réaliste de l'écriture m'avait à la fois surprise et convaincue.
Le tome 2 est, tout naturellement, consacré à Deijan, le deuxième personnage principal que le premier opus décrivait comme un homme tout en noirceur, animosité et fureur…
C'est avec plaisir et envie que j'ai accepté ce deuxième service de presse de la part d'une auteure que j'ai appris à mieux connaître au détour de nos échanges ; je la remercie de sa confiance et me ré-aventure volontiers en Nordie, un véritable monde avec sa géographie complexe, sa propre temporalité et ses us et coutumes…

Le récit reprend précisément à la fin du tome 1, qui s'achevait sur de terribles péripéties chargées de tous les possibles à venir. La narration est toujours à la première personne, mais ce sont plusieurs JE qui partagent leurs points de vue et s'entrecroisent de chapitre en chapitre, aux titres éponymes. Ainsi, les lecteurs sont au plus près des ressentis des personnages. Cécile Ama Courtois a le talent de créer un style particulier pour chacun(e) et cela sonne juste et naturel.
Si le premier tome se passait presque exclusivement à l'intérieur d'un château, où l'ensemble des personnages étaient regroupés, cette fois l'auteure nous emmène à la suite de plusieurs itinéraires au gré de chevauchées et de rencontres. La trame narrative est donc très addictive, puisque nous laissons toujours une trajectoire en plan pour avancer avec une autre : les personnages évoluent dans des circonstances différenciées et pourtant liées.
Encore une fois, même si nous lisons comment Deijan, le personnage titre, revient à la vie et prépare sa vengeance, les femmes sont à l'honneur, Guilendria bien entendu, mais aussi sa suivante, la « mater », la « douairière », les prêtresses, la cuisinière, la sorcière aux chats…

L'écriture est à la fois solidement documentée et inventive, étoffée de notes de fin pour les termes techniques, méconnus ou inventés. L'ambiance de fantasy médiévale est très travaillée, dans tous les détails, architecturaux, vestimentaires, sémantiques… C'est donc très convaincant, visuel : on s'y imagine sans peine…
Parfois, l'auteure use de mots anciens à la fois poétiques, surannés et surtout très « littéraires », ce qui date et contextualise le récit tout en prouvant son travail de recherche et son sens du détail.
Je sais que Cécile Ama Courtois connaît bien les chevaux et cela transparait dans son récit, pour mon plus grand plaisir : description des robes et des allures, des attitudes et comportements, de l'assiette des cavaliers, des équipements… ; tout sonne juste pour qui fréquente aussi ces merveilleux animaux.
Mais, ce qui me frappe le plus, encore une fois, c'est la place du corps dans le récit, le corps blessé et invalide de Deijan, « corps nu, vulnérable et abimé », le corps maltraité et humilié de Guilendria…, les corps dans tous leurs états, des plus sensuels aux plus dégradants, avec leurs besoins et leurs réactions physiologiques… Les sentiments et les émotions sont souvent décrits et mis en lumière grâce aux manifestations physiques provoquées chez celles et ceux qui les ressentent ; le corps devient un prisme qui diffracte le point de vue, moyen de pression par la torture et d'expression par ses réactions incontrôlées : « un coeur brisé envoie des éclats de peine dans tout le corps, et tous les organes sont touchés ».


Enfin, Cécile Ama Courtois transpose dans son roman des problématiques qui font écho dans notre époque.
Ainsi, la déesse Esca a donné aux hommes la capacité de faire du monde un paradis et ces derniers en ont fait un enfer.
Elle met l'accent aussi sur le sort quotidien des personnes frappées de handicap dans la description des soins apportés à Deijan par les prêtresses à l'attitude parfois infantilisante ; elle donne au sentiment d'impuissance du Comte des accents sincères et émouvants.
Guilendria porte en elle des valeurs humanistes malgré les épreuves endurées ; ainsi son attitude face aux écumeurs rappelle celle, très digne, de certaines victimes des attentats qui nous ont frappés ces dernières années : « les écumeurs prendraient peut-être ma vie, mais ils n'auraient pas ma haine. Ils auraient ma compassion. Et mon pardon ».
Elle dresse le portrait d'une classe dirigeante coupable d'avoir exploité sans vergogne les gens qui dépendaient d'elle et de ceux qui, en face, ont pris les armes sans discernement en déclarant la guerre à tout le monde, coupables mais aussi innocents.
Cécile Ama Courtois évoque aussi l'art et la manière de bien gouverner un pays, face aux afflux de réfugiés politiques ou économiques, aux révoltes des pauvres et des miséreux : « nous avons du pouvoir sur les choses, c'est pourquoi nous avons le devoir de nous y intéresser et de nous impliquer ». Il s'agit bien de changer une société en profondeur.

Ainsi, ce deuxième tome marque la fin de Nordie. Cécile Ama Courtois n'a pas prévu de série… C'est un bon format, une longueur parfaite, équilibrée.
Au-delà de l'histoire d'amour et de vengeance, du roman d'aventure proprement dit, dont le postulat n'est peut-être pas fondamentalement original, je me suis surtout attachée à l'écriture et au style de Cécile Ama Courtois qui provoque un réel bonheur de lecture ; il y a une profonde maîtrise et une réelle poésie, un sens du rythme… une patte très personnelle. Nordie dans son ensemble est un très bel écrin, dont l'écriture esthétise le contexte.
J'ai très envie de découvrir les autres livres de Cécile Ama Courtois.
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Après le coup de coeur pour Guilendria, j'aurais dû me jeter sur ce tome 2 dès sa sortie.

Pourtant une chose m'a retenue.
Et j'en parlais très bien dès le début de ma chronique du tome 1 : « Cela vous est-il arrivé de détester un héros dès les premières lignes? D'avoir envie de lui coller des baffes ? de le secouer comme un prunier?
Moi oui et ce avec Deijan. »
Donc voilà, ce tome porte son nom. Et ce rustre m'insupporte au plus haut point. Il a su m'énerver suffisamment pour repousser ma lecture à chaque fois que je tentais de l'ouvrir sur ma liseuse. C'est dire puisque j'étais tout de même restée sur des charbons ardents avec la fin du tome 1.

Jusqu'à ce jour.

Je vous rassure malgré les évènements du premier tome, sa contrition face à ses réactions débiles, il ne remonte pas dans mon estime. Sa fierté mal placée, ses atermoiements sur le salaud qu'il avait été, ses oeillères face à la femme qu'il a épousé, etc… Tout cela m'horripile au fil des pages.

Si Guilendria n'était pas dans une situation si précaire et dangereuse pour sa vie je dirais bien que c'est un juste retour des choses qu'il morfle le maraud. Son impuissance physique m'a rendue sadique. le savoir cloué au lit alors qu'il aurait voulu galoper vers sa dulcinée pour la sauver est délectable ... quelques secondes.
Ensuite je pense à cette jeune femme courageuse, digne et amoureuse. Et là mon coeur se serre. Elle, elle n'a pas mérité ça. Qu'Esca m'écoute et lui apporte son aide et sa force!

Ce deuxième tome est donc dans la veine du premier, il apporte son lot de souffrance peut être plus morales que physiques cette fois. Pourtant il nous ouvre aussi les yeux sur la politique de ce royaume de la même façon que nos deux héros le découvre au travers de leurs expériences.

Guilendria, en côtoyant la vie routinière des effacés, va se rendre compte que tous les écumeurs ne sont pas des assassins, des moins que rien abrutis de violence et de sang. Elle va détester sa caste nobiliaire qui ne voient pas plus loin que le bout de son nez, pas plus loin que sa bourse.

Deijan, lui, va au travers des événements politiques et des réactions de ses beaux-frères et amis se rendre compte qu'il n'a jamais vraiment fait l'effort d'être le seigneur qu'il devrait être. À rejeter tout en bloc, sa femme avec, il n'a rien vu venir. Ni son amour, ni ce climat social tendu qui est quelque part à l'origine aussi de toutes ses pertes actuelles.

Un deuxième tome qui déménage donc autant que le premier mais de façon plus subtile. le lecteur va vraiment ici s'imprégner de la Nordie, de ses habitants et des responsabilités que cela apporte d'être un Seigneur. Il va aussi voir évoluer les choses, pas toujours dans le bon sens hélas. Et tout ce cheminement va nous amener à cette fin sévère mais juste.
Je remercie l'auteure encore une fois pour son imagination, la justesse de ces mots et la recherche effectuée pour que les termes employés nous emportent vraiment dans cette période moyenâgeuse. Même si tel un vieux cheval j'ai renâclé à le lire, et ensuite telle une mule je me suis évertuée à détester Deijan, cela n'enlève en rien au talent de narratrice de l'auteure ni à la justesse de ses écrits.
Encore un magnifique roman à découvrir si ce n'est déjà fait.
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Avec Deijan, Cécile signe à nouveau un coup de coeur pour moi. Vous le savez, je le répète assez souvent : je n'aime pas la romance. Mais il y a tellement plus dans ce diptyque que de la romance. L'univers ne reste pas dans les ombres, la géopolitique non plus. Cécile a su créer son monde, ses problèmes, sans se contenter de les effleurer pour servir les obstacles entre Deijan et Guilendria. Je l'avais déjà souligné dans le tome 1, mais c'est encore plus flagrant dans ce tome 2.
Car ici, à travers le périple de Guilendria, on découvre alors toute la "problématique" des écumeurs, ce qui se cache réellement derrière les origines de ces "vilains". A travers la croisade vengeresse de Deijan, on découvre le système politique et militaire de Nordie, sa hiérarchie aristocratique. Cécile embellit son univers, page après page, délicatement, discrètement, comme on peint lentement un tableau, ou tisse une tapisserie, on ne capture toute son étendue qu'une fois l'oeuvre achevée...
Encore qu'il y a bien des choses que j'aimerais voir explorées !! Comme l'histoire de Foresterre et Honérius... Je crois qu'il y a tellement à développer, à écrire, dans cet univers, qu'on pourrait remplir autant de pages que pour la saga Kushiel de Jacqueline Carey ! (Je sais, je compare souvent l'oeuvre de Cécile à Kushiel, mais il ne faut pas m'en vouloir ! Nordie, c'est un peu mon Kushiel à la française !)

Tout comme pour le premier tome, les personnages ne sont pas en reste non plus ! Deijan et Guilendria poursuivent leur évolution, leur découverte d'eux-mêmes. Ils deviennent tous les deux plus forts, mais de façon opposée. Deijan en apprenant la patience, à voir plus loin, à aimer. Guilendria, en s'affranchissant du confort et de ses préjugés, en nourrissant son indépendance de cet amour qui la caractérise si bien.
Je ne déplorerai que la mise en second plan des personnages secondaires du premier tome. J'aurais aimé suivre l'évolution de Jorel et de Sauge, autrement que par des bribes d'informations dans les chapitres centrés sur Deijan... Mais que dire des nouveaux personnages secondaires ? Si je n'ai pas particulièrement accroché avec les frères d'armes de Deijan, j'ai adoré la mère de Guilendria... et cette révélation à la fin, sur sa propre mère à lui ! oh et surtout Kharyne, et Mirka, et les enfants... Et enfin, le passé d'Ifhoras qui se dévoile, plein de douleur, d'épreuves... je n'en dirais pas plus pour ne pas spoiler ceux qui n'ont pas encore lu... mais sa scène finale m'a fait pleurer... En fait, depuis le chapitre 19 jusqu'à la fin, j'ai eu les larmes aux yeux... Cette fin... je l'ai dévorée après ma journée de travail, incapable d'attendre le lendemain pour finir les pages qu'il me restait à lire... Même si du coup j'ai éteint la lumière à 2h du matin xD

Je finirai avec un point qui me parait des plus importants dans le récit, et qui me tient à coeur.
On dit souvent que les auteurs de science-fiction soulignent les soucis de notre société, les exacerbent, pour les mettre en lumière, les révéler plus efficacement aux lecteurs, au monde. On oublie que les auteurs de fantasy savent aussi le faire. Et ici, le message de Cécile me paraît clair : s'il y avait plus de Guilendria dans notre société, peut-être que les conflits pourraient être résolus d'une bien autre façon... ainsi que tous les "problèmes" qui font la une des journaux...
Au-delà de la romance, au-delà du chemin que Guilendria et Deijan ont du parcourir, des obstacles qu'ils ont dû affronter, des émotions qui les ont saisis et moi à travers eux, c'est surtout ce message que je retiens. J'ai envie de voir le monde comme Guilendria le voit. J'ai envie que plus de personnes comprennent, voient au-delà des apparences premières, de ce que les médias veulent qu'on voit. Qu'ils réfléchissent... car, si, comme eux, nous avions à subir les catastrophes naturelles, ou des attaques presque quotidiennes... ne deviendrions-nous pas nous aussi des "écumeurs"... ou plutôt des "effacés" ?
Lien : https://bertieandellie.weebl..
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Attention, si vous n'avez pas lu le premier tome, évitez de lire cette chronique. En effet, je ne peux aborder ce deuxième opus sans évoquer des événements majeurs du premier. Je décline toutes responsabilités en cas de curiosité aiguë qui entraînerait une crise de larmes torrentielles. 😉

Après l'apaisement du tumulte émotionnel qui m'avait envahie lors de la lecture du premier livre, j'ai finalement ouvert les pages du second volume de Nordie de Cécile Ama Courtois avec sérénité. La situation à la fin de l'épisode précédent pouvait suggérer que Guilendria allait se transformer en princesse en détresse. Mais cette pensée est tout de suite à écarter quand on connaît l'autrice.

Si la partie deux de cette duologie porte le nom de Deijan, c'est Guilendria qui reste l'héroïne de l'histoire. L'intrigue reprend là où la romancière s'est arrêtée. Ici, il n'y a pas de bond dans le temps pour lancer la course-poursuite contre les écumeurs. le premier chapitre s'ouvre sur le château en flamme et la vivacité de Jorel et de Sauge à prendre les choses en main pour sauver Deijan et son personnel de l'incendie. Ensuite, le récit prend un tournant inattendu pour ce genre de roman bien que certains points restent prévisibles. Il se focalise d'une part sur la convalescence du comte et d'autre part sur la bataille de Guilendria pour survivre aux écumeurs et à la réalité qui lui saute aux yeux.

La comtesse de Bucail analyse rapidement la situation et elle se rend vite compte de l'échappatoire qui s'offre aux habitants du château. Elle décide de continuer la lutte psychologique qu'elle a lancée contre Ifhoras mais celle-ci ne la laissera pas indemne et la découverte de sa destinée va lui faire comprendre la naïveté de sa vision du monde et la tâche importante qu'Esca lui a confiée.

Au cours de sa captivité, elle rencontre des personnages surprenant et surtout des femmes courageuses qui ont réussi à rester vraies malgré les épreuves qu'elles ont endurées. Je pense principalement à Kharyne, la sorcière aux chats qui m'a immédiatement plu.

Parallèlement, Deijan tente de prendre son mal en patience pour guérir et rassembler les troupes pour débusquer les écumeurs et récupérer son épouse. L'incendie signe d'une certaine manière la fin de ce qu'il est devenu après sa prise de fonction à la tête du comté. Toutefois, personne ne change du jour au lendemain même suite à un événement tragique. Dans le précédent volume, j'ai eu envie de le frapper et dans cet ouvrage, j'ai encore été prise par ce désir mais pas pour les mêmes raisons. En gros, on peut dire que Deijan est une tête à claque !

Le comte du Bucail revête la notion de chevalier et de seigneur avec l'ensemble des stéréotypes que l'on attribue habituellement à ce titre. Grâce à Guilendria, il ouvre peu à peu les yeux sur les gens qui l'entourent et la culpabilité le saisit à la gorge à de nombreuses reprises. Néanmoins, Deijan est orgueilleux et c'est sa dignité typiquement masculine qui le fait avancer aux risques d'aggraver sa situation et de faire souffrir autrui. Il est loin d'être aussi posé et intuitif que sa femme. Son évolution est lente et il me fait l'effet d'un enfant naïf qui ne peut comprendre les choses que si on lui explique et qu'on l'aide à ouvrir les yeux. Pour ma part, je pense qu'il a encore beaucoup à apprendre avant d'être pardonné pour son comportement et sa stupidité.

Dans ce deuxième tome, le royaume de Nordie se dévoile un peu plus. Avec ses conflits, son histoire et la nature des prêtresses d'Esca qui peut être considérée comme la partie magique de ce roman fantastique médiéval sur fond de romance. Cependant, je conçois leurs pouvoirs moins comme une puissance surnaturelle que comme l'expression d'une sensibilité accrue au monde et aux êtres qui les côtoient ainsi qu'à une grande expérience dans l'art médicinal.

En bref, la seconde partie de Nordie laisse de côté la romance pour mettre en avant une histoire faisait place aux valeurs humanistes et à la révélation de soi. Elle est moins riche en émotion mais reste plaisante à lire.
Lien : https://uneloupiotedanslanui..
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Le gouffre entre riches et pauvres…
Cette deuxième partie nous expose une thématique essentielle dans l'univers que nous peint Cécile Ama Courtois : ce fossé qui sépare les nobles des autres. Cet écart de richesse, cette différence de niveau de vie… Et ce combat pour survivre. Avec justesse, avec des mots très bien choisis, l'auteur arrive à nous faire réfléchir sur le gouffre qui sépare les riches et les pauvres et met en exergue le fait que tout n'est ni blanc ni noir. Elle met en avant le fait que les méchants ne sont pas forcément les coupables, qu'il vaut mieux ne pas se fier aux apparences et gratter sous la surface. Et ça, elle le fait merveilleusement bien ! Ainsi, cette histoire a pris un tournant assez inattendu et pour le moins passionnant, dans ces problèmes politiques et sociaux. Si bien que j'ai trouvé que la romance en a été éclipsée, pour revenir cependant en force à la fin. Ce qui provoque un contraste pour le moins détonnant…

La place de la romance…
Et ce contraste a plutôt tendance à m'avoir rebutée. Parce que si la romance s'inscrivait parfaitement dans le fil du récit dans la première partie, dans la seconde, elle s'est étiolée, a presque disparu, puis est revenue, vivace, pour déséquilibrer le roman et casser son rythme. À mon sens, en nous laissant sans le goût du romantisme pendant les trois quarts du roman, peut-être aurait-il fallu alléger sa ré-apparition à la fin, qui du coup, provoque un écoeurement du fait d'un amour dégoulinant et trop envahissant. En outre, pas mal de manquements sont à déplorer, des manquements qui auraient pu rendre à cette romance sa brillance de la première partie. Et faire prendre encore un autre tournant à ce récit, finalement riche et réfléchis.

Quelques manquements…
Commençons par ce que je déplore le plus : le manquement principal se révèle être l'étrange passivité de la famille de Guilendria. D'ordinaire, lorsqu'on apprend que son enfant, sa soeur est prisonnière d'un groupe de malfrats sanguinaires, on se hâte pour partir à sa recherche. On fait des erreurs, on est effrayés, en colère. On agit à l'instincts… Ici, ils étaient tous très posés, réfléchis. Aucune erreur, tout dans le calme et la patience. Cela m'a semblé si irréaliste, non, même, surréaliste, que tout sonnait faux. Et j'ai eu du mal à y croire. Comme si leur fille, leur soeur, et pire encore, sa femme, n'était pas la priorité. Ensuite, dans cette séparation des amoureux, nous avons, à l'image de la première partie, les points de vue de chacun. Et régulièrement, je me suis enfoncée dans une routine redondante où les protagonistes ne faisaient que répéter inlassablement les mêmes choses mais de façon différente. C'est dommage car la plume de Cécile Ama Courtois est un vrai régal, un style travaillé et fluide. Presque poétique par endroit. Et enfin, je terminerai sur un point d'ordre politique. En effet, dans cette deuxième partie, l'auteur insère l'ambiance politique, les problèmes et jeux de pouvoirs. Et, malheureusement, un des soucis fondamental évoqué, qui aurait pu être passionnant, n'est qu'à peine esquissé. J'en suis alors venue à me demander à quoi servait cette partie du roman, si ce n'est à attiser une curiosité qui ne sera pas assouvie.

Au final, cette seconde partie de Nordie a été un bon moment de lecture. C'est une histoire qui a pris une autre tournure assez inattendue et, qui transpire de thématiques passionnantes. Néanmoins, quelques manquements sont venus poser un léger voile de déception sur ma liseuse.
Lien : https://leshistoiresdameliae..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
— Vous avez mal aux yeux ? me demanda-t-elle dans un froncement de sourcils.
À mon air surpris, voire effaré, elle plissa davantage les paupières.
— Vous avez cligné fortement des paupières, se sentit-elle le besoin d'expliquer. Est-ce que cela vous brûle ?
Malédiction ! Elle ne connaissait pas le langage dont Guilendria avait eu l'idée. Comment allais-je me faire comprendre ? Je soupirai de frustration et la colère crispa mes mâchoires. J'inspirai un grand coup et braquai mon regard sur le sien, puis je fermai lentement les yeux. Deux fois. Avant de la fixer à nouveau. Je haussai un sourcil. Bon, c'était clair, non ?
— Est-ce que… observa l'une des autres femmes, il tenterait de communiquer ?
Bien joué, sœurette !! On va pouvoir avancer ! Je lui dédiai mon plus beau sourire de gratitude et eus même le plaisir de la voir rosir.
— Avec qui conversiez-vous de cette manière, au château ? s'enquit la supérieure, qui avait enfin engrené.
Je pinçai les lèvres de dépit. Comment voulait-elle que je réponde à cette question ?
— Vous ne pouvez répondre que par oui ou par non, n'est-ce pas ? intervint encore ma sauveuse.
Il fallait que j'essaie de connaître son nom.
Je clignai ostensiblement des yeux. Une fois.
— C'est oui ! s'exclama-t-elle. Tentons le non. Pouvez-vous vous lever ?
Je sentis mes lèvres s'étirer en un large sourire. Elle me rappelait Guilendria.
Je fermai à nouveau les paupières. Deux fois.
— Voilà le non ! C'est facile ! Une fois, c'est oui, deux fois, c'est non !
— Oui, Sœur Brindille, j'avais compris, la calma Mère Sourire d'un ton légèrement agacé.
Sœur Brindille ? Si j'avais pu, j'aurais éclaté de rire. Sœur Brindille possédait à peu près le tour de taille d'une barrique de deux cents litres. Celles dans lesquelles le vieux Morand brassait la meilleure bière de la vallée.
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Peut-être que quelque part au fond d’eux survivait encore une part de l’enfant qu’ils avaient été ? Fermant les yeux, je priai Esca que ce fût le cas, et que la déesse me donne assez de force et d’amour pour le découvrir. [...] Toutefois je me souvins de la promesse que je m’étais faite : les écumeurs prendraient peut-être ma vie, mais ils n’auraient pas ma haine. Ils auraient ma compassion. Et mon pardon.
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En quoi et depuis quand le nettoyage d'un repaire de nuisibles me provoquait-il des états d'âme?

...

Depuis Mia;, bien sûr.

Depuis Mia. Sa lumière. Sa bonté. Son amour sans condition et sans attente.
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"Aucun des Deijan que mon esprit tourmenté s'amusait à imaginer n'aurait pleuré. Aucun des Deijan que j'avais connus n'aurait versé la moindre larme. Jamais. Plutôt mourir. Mais alors...Se pouvait-il ?"
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