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Citations sur Un quinze août à Paris : Histoire d'une dépression (62)

Pour Kristeva, le traitement chimique de la dépression ne peut résoudre, de façon générale, les difficultés de transmission de l'excitation chez un individu.
"Quels que soient les facteurs endogènes qui conditionnent ces derniers (les rythmes biophysiologiques), et quelque puissants que soient les moyens pharmacologiques pour établir une transmission optimale de l'excitation nerveuse, demeure le problème de l'intégration primaire et surtout de l'intégration secondaire de l'excitation. Outre la prise de médicaments, il devenait nécessaire d'envisager un traitement plus approfondi, j'en avais eu la certitude au bout de quelques semaines de médication. La gravité de ce qui m'arrivait était indéniable. Il ne s'agissait pas seulement d'un concours de circonstances, comme il aurait été tentant de s'en convaincre. Il me fallait agir sur plusieurs fronts si je voulais m'en prendre aux racines du problème, la persistance de mon état prouvant sans conteste que mes défenses psychologiques ne fonctionnaient plus de manière optimale.
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En cet espace sans échos, plus aucun pas ne résonne comme la promesse d'une venue.
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Ce qu'une personne devient lorsqu'elle n'est plus en notre présence nous est inaccessible. Notre lien à elle n'existe qu'au travers de ce que nous échangeons, créons lors des moments partagés. Le reste du temps, c'est notre propre adhésion à l'existence de ce lien qui l'entretient.
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Dans sa biographie rédigée à la troisième personne à près de soixante-dix ans, Les Années, l'écrivain Annie Ernaux évoque la perte de ce sentiment d'avenir, cette sorte de fond illimité sur lequel se projetaient ses gestes, ses actes, une attente de choses inconnues et bonnes qui l'habitait"...
Certes, l'espace de projection n'avait pas disparu entièrement mais il était plongé dans l'ombre ; le projecteur était tombé en panne.
Et quand celui-ci parvenait, par brefs sursauts, à fonctionner, c'était à l'envers : au lieu du spectacle attrayant d'un futur potentiel, il projetait des séquences assassines du passé. La psyché ne produisait plus "l'artifice, l'idéal, l'au-delà" dont elle avait eu besoin "pour se placer hors d'elle-même", pour reprendre deux formulations de Kristeva.
Inhérent à l'homme et à sa situation, le temps se vit comme une alliance complexe de continuités et de discontinuités, constant a priori bien que suspendu par instants pour l'être vivant qui s'y déploie.
Mais pour la personne en dépression, dont le présent n'est plus assimilé qu'à la perte dont elle pâtit, le temps s'est résolu en se renversant. Un tel renversement est entretenu par l'impression "d'avoir laissé passer le moment opportun", ce moment où ce qui a été perdu "aurait pu" encore être sauvé...
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Au XIIIe siècle, la mélancolie commença a être considérée comme le châtiment d'un attachement extrême à l'univocité. Sept siècles plus tard, Marion Milner observera encore, chez ses patients, un attachement excessif à la logique formelle (formal logic), qui s'articule autour d'un recours à l'exclusion mutuelle : une chose est ou n'est pas (je suis ceci ou ne le suis pas). Cette logique, qui fournit une forme indéniable de stabilité, vole toutefois en éclats dès lors qu'est introduit un point de vue tiers. Ainsi, note fort intelligemment Lazlo Fodenyi, "la propagation de la mélancolie moderne est parallèle à l'expérience de la perspective". Car si la perspective impose un point de vue, elle exclut la possibilité d'une appréhension de la réalité-et de soi-même-dans sa globalité : adopter un point de vue, c'est soupçonner la possibilité d'autres angles de vue ; c'est aussi les perdre tout en perdant la certitude de l'univocité.
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Une conclusion s'imposait : la plupart des gestes dont je ne pouvais faire l'économie au quotidien étaient effectués malgré moi, de façon presqu' automatique, par un corps que je n'habitais plus vraiment et qui avait tendance à se figer.
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Toute activité artistique requiert discipline et régularité, deux démarches reconnues par la médecine comme ayant un effet préventif sur la dépression. De manière consciente ou non, la "personnalité artistique" trouve un remède à ses maux au travers d'une pratique. Car si la dépression inclut une forme (mentale) de répétition mortifère, la répétition du geste possède, elle, un pouvoir apaisant.
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Je me souviens aussi de cette fin d'après-midi où, marchant sur les quais de la Seine, entre le Pont-Neuf et le pont des Arts, je réussis à me dire que le pire était passé. J'avais alors regagné quelques pensées solides, qui ne se dérobaient plus dès que je tentais de m'y appuyer.
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Si inédit s'avérait ce que je traversais que je me surprenais à traquer, auprès d'autres, les manifestations de similaires déroutes. Comment me passer de preuves ? Honnête, je me savais. Il me fallait néanmoins établir la réalité de la dépression. Paradoxalement, ce fut un film qui m'y aida. Il m'avait été prêté par un ami cet été là ; il allait m'intéresser, avait-il insisté. Après avoir tout d'abord nié la pertinence de son cadeau-que pouvait un film dans mon cas-je finis par consacrer à Part Time Fabulous quelques heures d'une soirée où, m'étant résignée à un peu de rangement, j'avais retrouvé ce DVD par hasard. Une banale histoire d'amour certes, mais un amour sapé par les récurrents accès dépressifs d'un de ses deux protagonistes. Comment être à l'autre quand on n'est soi-même plus là ? Le traitement du sujet était direct, presque cru. La caméra filmait avec si peu d'effets des scènes véridiques, entre lesquelles s'intercalaient des témoignages de victimes de dépression, que je ne pus douter du fait que l'actrice principale et réalisatrice, Jules Bruff, ait une connaissance intime de ce qu'elle exposait.
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J'étais sous l'emprise d'une conviction risquée : en construisant une représentation la plus exacte possible du passé-en parvenant à saisir tout ce qui s'y était passé- je serais en mesure d'influer sur le présent-confondu avec la perception que j'en avais... Ainsi je restais persuadée, et il le fallait bien, de posséder encore quelques pouvoirs. En vérité, j'étais en train d'apprendre, enfin et à mes dépens, qu'aucun retour en arrière, jamais, n'est possible.
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