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sur 1304 notes
Tu sais ce que c'est toi le radium ? Pierre et Marie Curie, ça te parle ? A la toute fin du XIXe siècle, suite à la découverte des rayons X, Marie Curie décide d'étudier les sels d'uraniums qui émettent des rayons différents. Elle met en évidence le phénomène de radioactivité, se penche sur les minéraux qui en contiennent et est rejointe par son mari afin de réussir à isoler les composants les plus radioactifs. En 1898, ils annoncent la découverte du polonium et du radium et, en 1903, reçoivent le Prix Nobel de physique pour leurs travaux.
Les propriétés radioactives du radium ont alors rapidement été utilisées dans de nombreux domaines : médical (radiologie, radiothérapie...), paramédical (toute sorte de produits miraculeux non avérés) mais également pour ses propriétés fluorescentes dont l'industrie horlogère s'est vite saisie pour commercialiser des montres et horloges dont le cadran, visible dans le noir, a fait fureur.

Radium Girls nous entraine en 1918 dans une de ces usines où des femmes travaillent à la chaîne, peignant chacune en moyenne 250 cadrans par jour. La peinture au radium coûte cher et pour faciliter leur travail elles effilent sans cesse leur pinceau à la bouche avant de le tremper dans la peinture… C'est la technique du « lip, dip, paint » et celle-ci amuse beaucoup les ouvrières qui se retrouvent avec les mains et les dents phosphorescentes à la nuit tombée. A cette époque, les dirigeants des usines et les chimistes et techniciens qui y travaillent connaissent la dangerosité du produit mais personne ne les met en garde, les sacrifiant au nom du profit.

Dans un magnifique camaïeu de verts et de violets, Cy nous retrace cette terrible histoire des « Ghost Girls » et de leur combat. Elle nous offre un récit intimiste et touchant où de jeunes femmes insouciantes n'aspirent qu'à s'émanciper de leur condition et à profiter de la vie d'entre deux-guerres. A l'article de la mort elles ont eu le courage de se battre pour faire reconnaitre le préjudice subit et firent avancer les droits pour la sécurité des travailleurs.

Un véritable coup de coeur !
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Depuis le temps que je côtoie Mzrie Curie, Ernest Rutherford et les autres pionniers de la radioactivité, il était logique que ce livre m'attire. Ne croyez pas pour autant qu'il ne vise que les fanatiques d'histoire et de science.
Cy donne vie à un groupe d'ouvrières des années 1920, empoisonnées par la peinture qu'elles appliquaient sur des montres. Ce procédé suivait une mode qui consistait à incorporer dans des objets, aliments, médicaments... une substance découverte à Paris 20 ans plus tôt et presque surnaturelle, avec sa luminescence verdâtre et son énergie prodigieuse.
La méconnaissance des effets du radium peut expliquer cet usage inconsidéré. Même Marie Curie, qui le découvrit en 1898, ne prit aucune précaution dans son labo... jusqu'à ce qu'elle soit consultée dans les années 20 au sujet des Radium Girls.
Sa santé en pâtit dès 1910 et elle en mourut à 66 ans, en 1934. Son corps, transféré au Panthéon en 1995, est toujours enfermé dans un cercueil de plomb pour protéger les visiteurs.
Pour les Radium Girls, l'agonie fut plus rapide, car elles ingéraient le radium en lissant leur pinceau entre leurs lèvres. Atteintes des dents, des os, d'organes internes, décès inévitable furent leur récompense pour s'être pliées aux procédures et aux exigences de rendement. Pour la même raison, de nombreux obstacles se levèrent quand elles tentèrent de faire reconnaître la responsabilité des entreprises.
Cy ne cache rien de leur calvaire. Mais elle consacre aussi une très grande partie de son ouvrage à dépeindre l'époque et la vie de ces jeunes femmes, avides de profiter, comme toute leur génération, des "roaring twenties".
C'est touchant, réaliste, instructif; et cela donne un visage à ces victimes (du radium, de l'amiante, du chlordécone, du glyphosate...) qui veulent vivre, gagner leur pain... et qui en meurent.
Le dessin au crayon, sur une palette restreinte, est un parfait vecteur de l'innocence et de la tendre amitié de ces 6 femmes. Il sait aussi se faire plus dur, dans de bouleversants et symboliques portraits pleine page.
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C'était une si bonne lecture ! J'ai adoré la patte graphique (j'aime beaucoup les dessins de Cy de manière générale). Cette histoire vraie, autant bouleversante que révoltante, est à connaître. le destin de ces femmes est une honte pour le monde scientifique moderne, prouvant une fois de plus que les femmes ne valent pas grand chose pour le monde, de manière générale. Merci pour leur combat, dans l'espoir de ne plus jamais servir de cobaye.
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Depuis sa sortie je tenais absolument à lire cette histoire, j'ai pu l'emprunter à la médiathèque, mais je me l'achèterai sans aucun doute, parce que cette bande dessinée est percutante. En tout cas, elle m'a marquée et me confirme que Cy est une bédéiste super intéressante.

C'est une bande dessinée tirée d'une histoire vraie, celle des Radium Girls qui ont permis aux ouvriers d'obtenir de nouveaux droits. Cy a totalement inventé le groupe de filles que l'on suit, mais elle a fait d'importantes recherches pour nous retranscrire l'ambiance des années 20 tant sur les vêtements que sur les décors. Et surtout, elle a donné à ces femmes une place parfaite pour ne plus jamais être oubliées. L'histoire des Radium Girls est aussi révoltante que touchante, et la sororité qui se dégage des filles est splendide.

Le scénario passe à une vitesse folle, j'avais vraiment hâte de connaître le fin mot de toute cette affaire, de voir comment le sujet est traité, qu'est-ce qui arrive à chaque fille, de savoir qui et comment cette peinture a pu une seule seconde exister. Bref, toute cette histoire met en exergue une foule astronomique de questions auxquelles la BD ne pourra pas répondre, même avec 136 pages. Les pages annexes avec l'interview de Cy permettent de comprendre sa démarche, son travail de documentation, ses choix scénaristiques et artistiques.

L'intrigue a un rythme très sympathique, ce qui permet d'enchaîner très vite les planches, j'aurais aimé quelques repères temporels un peu plus précis – mais c'est ici du chipotage. Cy a fait un très bon travail pour nous transporter dans ces années 20, en étant à la fois proche d'une réalité historique tout en véhiculant des idées très contemporaines. Les messages et les valeurs sont très émouvants, entre ces larmes, il y a des rires, des passages drôles et lumineux, ce lien formidable qui unit les filles. J'ai adoré suivre leur histoire, j'ai beaucoup aimé la fin, les dernières planches sont aussi belles qu'amères, mais elles sont grndioses.

Les personnages sont super intéressants à suivre, ce groupe m'a d'emblée séduite, avec des tempéraments plus doux, d'autres plus volcaniques, certaines sont attachées aux traditions et aux règles, d'autres ont plus de facilité pour transgresser les tabous. Je trouve que Cy a parfaitement travaillé l'équilibre entre ses protagonistes – mon petit bémol viendrait juste du fait qu'il m'a fallu un peu de temps pour bien différencier les filles. Un peu ma faute, en m'attardant davantage sur la couverture, on remarque très bien les petites subtilités pour les identifier aisément.

Enfin, les illustrations de Cy sont superbes. J'ai adoré regarder son travail avec ces crayons de couleurs, c'est hyper expressif dans le trait, la palette de couleurs qui est restreinte permet de mettre en valeur l'histoire et les personnages. Certaines planches sont très chargées émotionnellement, et j'applaudis la mise en scène de certaines illustrations en pleine page qui sont marquantes. Quant aux textes, les répliques sont modernes et fluides, ce qui rend la lecture très agréable, les bulles ne mangent pas les détails importants. C'est un très bel objet et le fait que la couverture s'illumine dans le noir ajoute un petit plus qui vient prouver que le livre a été pensé jusqu'au bout.
Lien : https://la-citadelle-d-ewyly..
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Leur rituel quotidien :
- Lip : lisser le pinceau sur les lèvres
- Dip : prendre la peinture
- Paint : peindre les cadrans

Et elles répètent ces gestes à longueur de journée.

1920. Toutes ces femmes ont été employées dans une entreprise de fabrication d'horloges. Leur travail consiste à peindre les chiffres sur les cadrans. Pour ce faire, au-delà de cette technique surprenante, elles utilisent une peinture dite spéciale et surtout très précieuse, rendant les motifs fluorescents.
Elles sont soumises à une forte pression pour répondre à une cadence intense. Au fil du temps, elles se lient d'amitié et les affinités se dessinent. Elles sortent ensemble après leurs dures journées de travail, pour se détendre, danser, partager des moments de convivialité.
Elles sont bien loin d'imaginer que la peinture qu'elles touchent et ingurgitent tous les jours, sera leur poison...
Cette BD, retraçant cette histoire vraie, est absolument glaçante. J'ai tout aimé : la scénographie, le graphisme, les textes et les tons de couleurs utilisés (vous saurez pourquoi en lisant l'interview passionnante en fin d'ouvrage). Extraordinaire. Vivement conseillée. Et petit bonus, regardez la couverture dans le noir complet ! Elle vous réserve une surprise...

https://littelecture.wordpress.com/2024/03/10/radium-girls-de-cy/

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Cela faisait un moment que cette BD était dans ma PAL. J'aime ce genre de témoignages. Mais celui-ci prend vraiment au coeur, et quand on ouvre ce livre, on ne peut interrompre sa lecture tellement on est pris dans l'histoire et on veut savoir si une, oui même une seule, s'en sortira.
Ce livre raconte donc l'histoire des ouvrières qui travaillaient dans les usines de montres phosphorescentes, grâce au radium. Elles sont heureuses, elles sont jeunes, les autres envient leur travail bien payé, elles ont la vie devant elles.
Mais il y a le radium, et ces gestes qu'elles font tous les jours et qui les empoisonnent. Les patrons le savent, mais le cachent. Et quand elles le découvrent, il est déjà trop tard. La question devient : comment payer les soins, comment aider sa famille quand on ne peut plus se lever...
Un livre basé sur une histoire vraie, qui ne laisse pas le lecteur insensible. Cela fait partie de ces livres qui nous trottent encore dans la tête, même une fois refermé depuis longtemps.
Seul petit bémol pour moi : à ma grande surprise, j'ai eu un peu de mal au début avec les illustrations et surtout les fonds crayonnés foncés, qui m'ont demandé un petit temps d'adaptation. Mais mes yeux sont fatigués en ce moment, alors... c'est un bémol personnel.
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J'ai beaucoup aimé ce roman graphique. Je ne connaissais pas du tout ce fait réel sur ses femmes qui "se tuaient" au travail. J'avais quelques doutes sur le trait et l'utilisation du crayon de couleur, mais cela sert très bien le propos. L'auteure nous décrit très bien cette Amérique du début d'émancipation, les femmes qui s'émancipent. Une très belle découverte malgré le destin tragique de ces femmes.
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La mode des produits à base de radium (radioactif) qui donnent bon teint, qui sont mêmes réputés curatifs, a couté la santé voire la vie à plusieurs personnes qui s'en sont badigeonnées la peau. C'est un grand scandale sanitaire qui a duré des années 20 aux années 60.
Ici, Cy met la lumière sur le destin des ouvrières de l'entreprise américaine USRC, dont la spécialité est de peindre les chiffres cadrans de montres à la peinture verte luminescente qui contient du radium (comme Lip en suisse). Pour un travail de qualité, bien précis, rien de tel que de mouiller régulièrement son pinceau entre ses lèvres : Dip (trempe le pinceau dans la peinture), Lip (lisse-le entre tes lèvres), Paint (peint), voilà le mode opératoire. Évidemment leur employeur connaissait le danger du produit utilisé, et leur a certifié le contraire. Elles ont été sciemment sacrifiées sur l'autel de la productivité. Et certaines, très malades, ont osé lancer un procès contre leur employeur, aboutissant à l'évolution du droit américain.
Un album original entièrement réalisé en crayons de couleurs, avec une palette de couleurs restreinte dans les tons de vert et violet. le crayon de couleur donne un rendu flou, ce qui me gênait un peu a priori, mais l'ensemble est clair, lumineux, très agréable à lire. Les portraits de victimes en pleines pages, assez Art déco, sont magnifiques.
Un récit nécessaire pour savoir et se souvenir. Les scandales sanitaires de ce genre existent toujours, hélas.
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Un roman graphique sur le destin tragique de ces femmes travaillant, dans les années 20, dans une usine de montres, où elles sont contraintes d'utiliser au quotidien une peinture au Radium, les rendant malades. Les dessins sont d'une sobriété incroyable. La palette de couleurs utilisée est très simple : du vert et du mauve, des couleurs très fraîches. J'ai eu un énorme coup de coeur pour le coup de crayon. L'autrice sait représenter la souffrance de ces femmes, sans même avoir besoin de dialogues ! Un roman graphique qui me semblait être assez léger en apparence, et qui se révèle être un véritable hommage à ces femmes sacrifiées !
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Au début du siècle dernier, une entreprise américaine a commencé à utiliser de la peinture au radium pour peindre des chiffres fluorescents sur les cadrans des montres qu'elle fabriquait.

De nombreuses ouvrières ont été embauchées pour ce travail très bien payé. Il fallait bien sûr prendre le coup pour peindre le nombre de cadrans demandés dans la journée et pour être plus précises, les contremaitres avaient expliqué aux filles qu'il fallait pincer le pinceau entre leurs lèvres pour affiner le trait. Cela permettait aussi d'utiliser moins de matière, cette dernière étant fort chère.

Les effets extrêmement néfastes du radium étaient connus par les cadres dirigeants de l'entreprise, qui prenaient les précautions nécessaires lors des manipulations. Malheureusement le souci de leur propre santé ne s'est pas propagé à celle des ouvrières. Les filles se sont bien amusées un temps à avoir les dents qui brillent dans la nuit… jusqu'au jour où ces mêmes dents ont fini par tomber les unes après les autres, avant que nécroses des mâchoires, tumeurs cancéreuses et autres joyeusetés finissent de les achever.

Les « Radium Girls » encore en vie ont alors mené un des premiers combats judiciaires des Etats-Unis pour faire reconnaitre la faute de leur employeur et le condamner à verser des indemnités à celles qui étaient devenues incapables de travailler à cause de l'exposition aux radiations, jusqu'à faire jurisprudence !

Cette bande dessinée qui raconte leur histoire est très bien documentée et très intéressante. le choix des couleurs est original, en camaïeu de vert et de violet qui rappelle à chaque image que les filles baignent dans le poison en permanence.

J'ai beaucoup aimé !
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