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EAN : 9782344033449
136 pages
Glénat (28/08/2020)
4.18/5   1272 notes
Résumé :
Des destins de femmes sacrifiées sur l’autel du progrès.

New Jersey, 1918. Edna Bolz entre comme ouvrière à l’United State Radium Corporation, une usine qui fournit l’armée en montres. Aux côtés de Katherine, Mollie, Albina, Quinta et les autres, elle va apprendre le métier qui consiste à peindre des cadrans à l’aide de la peinture Undark (une substance luminescente très précieuse et très chère) à un rythme constant. Mais bien que la charge de travail... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (254) Voir plus Ajouter une critique
4,18

sur 1272 notes
Réclame authentique:
"La crème Ramey régénère l'épiderme."

Edna a été embauchée pour peindre des montres, avec de la peinture "undark", peinture phosphorescente. (Mais si, vous étiez fier(e) de cette montre "Lip" qui vous indiquait l'heure dans le noir...)
-"Nous vous demandons un rendement optimun de 250 cadrans d'ici la fin de votre semaine d'adaptation".
"Lip, Tip, Paint". Lisser le pinceau avec ses lèvres, prendre de la peinture au radium et peindre le cadran.

Des stations thermales vantaient la radioactivité de leur eau, "Big Pharma" de l'époque inventa la "Tuberaline" pour soigner la bronchite, la "Digeraline" pour la digestion. Et pour les hémorroïdes, adoptez le savon de toilette " El Er" (authentique! Vous l'aurez dans...le cul!)
Et puis, il y avait des préservatifs phophorescents, traités au radium, pour briller la nuit...

En France, "Tho Radia" vendait une crème de beauté à base de radium...
Le destin d'Edna et de ses collègues, de ces condamnées, se termina par la mort et un procès, contre la société USRC...

Semblables à des anges, elles étaient "lumineuses" dans l'obscurité... Pardon !
Il y a un film de Pilcher et Mohler en 2020, sur l'histoire de ces "Ghost girls"
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Un scandale industriel enfin mis en lumière
*
Vous connaissez maintenant mon intérêt pour les destins méconnus de ces personnes qui ont marqué L Histoire, notamment les figures féminines.
Alors, avec quel enthousiasme j'ai entamé ce bel album graphique (je reparlerais plus tard de l'objet-livre).
*
Tout d'abord, c'est le 1er roman graphique d'une nouvelle collection chez Glénat, appelée "Karma", (la somme de ce qu'un individu a fait, est en train de faire ou fera).
Et c'est ce qui fait toute son originalité.
"Des destins uniques qui ont eu une portée collective." Voilà une ligne éditoriale qui me happe déjà par sa singularité.
*
De quoi parle Radium Girls? le terrible destin d'un groupe de jeunes femmes américaines sacrifiées sur l'autel du progrès technique.
Dans les années 20, dans le New Jersey, une usine de montres emploie des ouvrières peignant des cadrans et utilisant une substance toxique, le Radium.
Innocentes, naïves, elles travaillent à une cadence soutenue, touchant la peinture avec leurs doigts et mouillant leurs pinceaux, ce qui vous imaginez bien, est très délétère. A l'aune de notre savoir contemporain, aujourd'hui, ce serait une hérésie de travailler avec ce genre de matériau hautement toxique. Mais dans les années Folles, aucun fait scientifique n'a été discuté (du moins dans la version officielle).
*
Malgré une prise en main un peu difficile au début car peu habituée à des esquisses de visages pointus des personnages, j'ai complètement adhéré à l'ambiance générale du dessin.
Le trait est expressif, on sent ce mouvement joyeux et vif jusque dans le dessin sobre. Les croquis aux crayons de couleur sont pratiquement monochromes (le vert et le violet/mauve, ce côté frais et girly qui marque l'ambiance et fait le contrepoint avec le thème dramatique de l'histoire).
Certaines pages sont muettes de texte et appuient la forte teneur de cette souffrance (maladie, cancer) des protagonistes. Malgré la sobriété de l'ensemble, quelques détails sont quand même à souligner : on sent que l'auteure s'est très bien documentée notamment pour les objets du quotidien inhérents à l'époque.

D'un papier épais où le pigment de la couleur est bien marqué, la peinture phosphorescente sur les visages sur la couverture est un clin d'oeil au radium luminescent: l'éditeur a soigné l'objet-livre.
*
L'histoire tragique, presque oubliée de tous, m'a serré le coeur. Ce fait historique médical,qui est tout de même un scandale de santé publique et dont j'ai comparé avec le saturnisme (ingestion de plomb encore décrié aujourd'hui).
Ces jeunes femmes insouciantes appelées Ghost girls, avec un destin tragique n'ont pas pû faire le poids avec les géants de l'industrie, en témoignent les nombreux procès.
Je vous avoue que j'ai franchement été remuée par ce récit.
Oui, il faut mettre en lumière toutes ces vies oubliées. D'ailleurs, à la suite de ce scandale, la loi américaine protège dorénavant les ouvriers.
*
Ce roman graphique trône désormais dans la bibliothèque de ma fille aînée (à qui j'ai fortement recommandé cette lecture). Je gage qu'elle va le prêter à ses amies.
*
PS: petit bonus en fin d'ouvrage avec de la documentation sur ce combat de longue haleine.
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Grand merci à Aelinel qui m'a fait découvrir cette BD vers laquelle je ne serais jamais allé spontanément.

Faut dire que j'ai un peu de mal avec l'idée d'un « roman graphique » estampillé sérieux soit systématiquement associé avec un dessin typé art moderne ou simpliste, comme si la qualité graphique nuisait à l'histoire.
Le dessin de Radium Girls est loin de ma zone de confort donc. Des personnages stylisés, esquissés, peu de profondeur ou de perspective, coloriés au crayon de couleur. Un peu comme si on animait des personnages de toiles du début du 20ème siècle, issus de Cézanne ou de Modigliani.

Et pourtant, dès que j'ai commencé je n'ai pas pu le lâcher. Ce dessin qu'a priori je n'aime pas accompagne à merveille l'histoire tragique et vraie de ces jeunes américaines au sortir de la première guerre mondiale. Ces jeunes femmes sont immédiatement reconnaissables entre elles, de physique comme de caractère.
Elles vivent le début des années folles. Leur émancipation a commencé : elles travaillent, font la fête ou vont à la plage entre filles et, merveille, on leur accorde le droit de vote. Elles ont devant elles une belle vie.
Seulement voilà. Elles sont employées par une société qui conçoit des réveils dont les chiffres sont peints avec une peinture au radium qui les rend phosphorescents la nuit. Les filles doivent lisser le pinceau avec leurs lèvres, l'imprégner de peinture et l'appliquer sur les chiffres. Visiblement, la dangerosité des radiations n'est venue à l'idée de personne.

Voire… l'auteure Cy nous montre les ingénieurs et techniciens à l'étage, masque sur le nez, manipulant des éprouvettes avec des pincettes. La dangerosité il en sont conscient, mais la vie des filles… comptent pour des prunes irradiées.
Et on voit ces filles heureuses, au début, de montrer leurs mains phosphorescentes dans la nuit, puis avoir mal aux dents et aux pieds, puis tomber malades… et mourir.
Il t aura procès, mais que peuvent de pauvres filles face à la puissance d'une société. le gagnant est le plus riche.

Cette histoire que je ne connaissais pas du tout est terrible et choquante. Ces jeunes filles tellement attachantes qui rayonnaient de vie et de radiations ont vu leurs vies fauchées ; une vie qui ne comptait pas assez pour que leur employeur prenne des précautions.

Un album que je recommande à toutes et tous.
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Cette bande dessinée met en avant les destinées malheureuses de jeunes femmes travaillant en usine aux Etats-Unis, en 1920, sur la fabrication de cadrans de montres en utilisant une peinture phosphorescente à base de radium.

Elles sont tour à tour malades, meurent, les survivantes condamnées tentant un combat pour faire reconnaître cette maladie professionnelle qu'elles ont contractée et qui les tuent peu à peu.

Peu de couleurs sont utilisées par Cyrielle Evrard pour suggérer cette atmosphère de douleur progressive au milieu de laquelle elle parvient à faire émaner une relative gaieté chez ces jeunes femmes qui auraient dû avoir la vie devant elles.

La qualité picturale des planches peut ne pas séduire, ces dernières transmettent néanmoins avec succès un message qui reste hélas d'actualité dans d'autres domaines industriels une centaine d'années plus tard.


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Les graphisme est réalisé au crayons de couleur, avec une gamme dans les violet, agrémenté d'un vert pastel, volontairement proche du vert phosphorescent des cadrans d'horloges. Pas de cernés, les traits sont dans la même gamme de couleur, légers, crayonnés, pastels, les formes sont assez géométriques, j'y ai vu une références aux mouvements artistiques de l'époque, futurisme, cubisme… J'aime cette façon de coller au temps en fonction de l'histoire de l'art, cela illustre tout à fait l'esprit du temps.
Les Radium Girls sont des ouvrières qui travaillent dans une entreprise d'horlogerie, elles peignent les chiffres des cadrans d'horloges avec une peinture phosphorescente au radium. C'est une époque où l'on connaît encore assez mal les effets de la radioactivité sur le corps, mais c'est surtout une époque où la santé au travail n'est qu'un détail sans importance, au dépend de la rentabilité.
L'histoire que nous raconte Cy est une histoire vraie, une histoire qui a coûté la vie à un certain nombre de jeunes femmes mais qui aura le mérite de faire évoluer les choses dans le domaine du droit du travail concernant la protection des travailleurs.
Elle a fait le choix judicieux de le raconter du point de vue de ces ouvrières, en ne s'attachant pas particulièrement sur le combat juridique lui-même, mais plutôt sur leur personnalité, leur joie de vivre brusquement éteinte, leur insouciance, leur naïveté face au monde cruel du travail et leur ignorance qui bénéfice à d'autres, elles aiment aller au cinéma, au bal, elles sont un peu commères, et dégagent une bonne humeur malgré les coups durs, jusqu'à ce qu'ils deviennent trop durs et qu'elles découvrent trop tard la duperie. du coup, cela ouvre sur des domaines encore plus universels que le simple thème de la protection du travailleur, c'est à dire le féminisme, l'empoisonnement par le milieu industriel : ce n'est pas interdit, donc on peut s'en servir (vous en servir !)... Bref, sur le sujet des lobby industriels qui prennent les gens pour des cons. Cet aspect du problème ne semble pas avoir beaucoup évolué depuis, il y a encore très peu de temps, on mettait de l‘aluminium dans le pain de mie pour qu'il soit plus blanc, ou dans les déodorants (ce n'est toujours pas officiellement interdit !). 100 ans après, on est encore à montrer du doigt telle ou telle entreprise faisant travailler des enfants dans des conditions déplorables.
L'histoire de ces Radium Girls, telle qu'elle est racontée ici est un sujet d'indignation, elles ont été sacrifiées sur l'autel de la rentabilité.
Il faut lire Radium Girls parce que c'est raconté de façon simple, sensible et touchante, un livre militant et plein d'humanité et traité avec un graphisme audacieux et judicieux.
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critiques presse (5)
Bedeo
25 mars 2021
S'inspirant d'un fait historique, Cy signe un album saisissant et éblouissant qui continue de marquer l'esprit bien après sa lecture. Assurément une des pépites de 2020 !
Lire la critique sur le site : Bedeo
Telerama
16 septembre 2020
Avec ses délicats crayons de couleur, l’autrice Cy rend un bel hommage à ces Radium Girls.
Lire la critique sur le site : Telerama
BDGest
26 août 2020
Sur une mise en page simple en gaufrier, entrecoupée de pleines pages inspirées, les crayons de couleurs esquissent avec élégance et une certaine naïveté les acteurs dans cette ambiance des « années folles ». Belle initiative que cette mise en lumière d'un scandale humain comme il y en eût, et il y en aura encore, dans le sombre récit de l'humanité.
Lire la critique sur le site : BDGest
BoDoi
26 août 2020
Radium Girls se démarque par le très beau travail de Cy aux crayons de couleur, dans une palette réduite où le vert luminescent répond à toutes les nuances de mauve. Le récit est rythmé par un découpage soigné, que l’illustratrice a émaillé de grandes planches, comme des hommages.
Lire la critique sur le site : BoDoi
LigneClaire
21 août 2020
On est bluffé par la force, la beauté du trait, son réalisme, son émotion aussi qui mord sur les grandes formes du temps, l’art nouveau puis art déco. Un album en tout point remarquable.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Vous me l'avez dit quand je travaillais là-bas "ne mettez pas ça à la bouche, ça va vous rendre malade"
Vous le saviez et vous avez laissé faire, pourquoi n'avez-vous rien fait!
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"A l'aune de notre savoir contemporain, aujourd'hui, ce serait une hérésie de travailler avec ce genre de matériau hautement toxique. Mais dans les années Folles, aucun fait scientifique n'a été discuté (du moins dans la version officielle)." Dans la "vraie" histoire il faut savoir que les hommes (en gros les ingénieurs) savaient la dangerosité : ils allaient dans l'atelier des femmes avec des plaques de plomb sous leur veste.... Ils savaient très bien qu'ils les menaient à la mort....
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Pitié, qu'on nous dise enfin à quelle sauce on va être mangées. Pour manger, encore faut-il avoir des chicots. Vous voulez rire ? Helen m'a demandé si elle pouvait avoir mes dents pour recevoir plus de sous. Pour la fée des dents ? Oui. Ha ha, la petite maline ! Elle veut arnaquer la fée des dents, elle ira loin.
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Je hais le jour où j'ai lissé, pour la première fois, ce maudit pinceau. Je hais le goût de cette peinture qui me reste dans la bouche. Le radium nous tue, nous enferme dans des maisons qui ne seront bientôt plus à nous. Tu te rends compte, Grace ? le jour où on a peint notre premier cadran, le compte à rebours s'est lancé (p.108)
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- Ah. On a un nouveau petit surnom, les filles.
- Et c'est quoi, cette fois-ci ?
- Les Radium Girls.
- Super. On dirait un nom de groupe de musique. Ça donne presque envie d'en faire partie, tiens.
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Fantastique et jeunesse - avec @Bulledopjournal @yeahcy Marc Dubuisson et @LucieKosmala !
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Au début du livre, qui est chargée de former Edna, nouvelle à l’usine ?

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