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4,18

sur 1290 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Réclame authentique:
"La crème Ramey régénère l'épiderme."

Edna a été embauchée pour peindre des montres, avec de la peinture "undark", peinture phosphorescente. (Mais si, vous étiez fier(e) de cette montre "Lip" qui vous indiquait l'heure dans le noir...)
-"Nous vous demandons un rendement optimun de 250 cadrans d'ici la fin de votre semaine d'adaptation".
"Lip, Tip, Paint". Lisser le pinceau avec ses lèvres, prendre de la peinture au radium et peindre le cadran.

Des stations thermales vantaient la radioactivité de leur eau, "Big Pharma" de l'époque inventa la "Tuberaline" pour soigner la bronchite, la "Digeraline" pour la digestion. Et pour les hémorroïdes, adoptez le savon de toilette " El Er" (authentique! Vous l'aurez dans...le cul!)
Et puis, il y avait des préservatifs phophorescents, traités au radium, pour briller la nuit...

En France, "Tho Radia" vendait une crème de beauté à base de radium...
Le destin d'Edna et de ses collègues, de ces condamnées, se termina par la mort et un procès, contre la société USRC...

Semblables à des anges, elles étaient "lumineuses" dans l'obscurité... Pardon !
Il y a un film de Pilcher et Mohler en 2020, sur l'histoire de ces "Ghost girls"
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Un scandale industriel enfin mis en lumière
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Vous connaissez maintenant mon intérêt pour les destins méconnus de ces personnes qui ont marqué L Histoire, notamment les figures féminines.
Alors, avec quel enthousiasme j'ai entamé ce bel album graphique (je reparlerais plus tard de l'objet-livre).
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Tout d'abord, c'est le 1er roman graphique d'une nouvelle collection chez Glénat, appelée "Karma", (la somme de ce qu'un individu a fait, est en train de faire ou fera).
Et c'est ce qui fait toute son originalité.
"Des destins uniques qui ont eu une portée collective." Voilà une ligne éditoriale qui me happe déjà par sa singularité.
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De quoi parle Radium Girls? le terrible destin d'un groupe de jeunes femmes américaines sacrifiées sur l'autel du progrès technique.
Dans les années 20, dans le New Jersey, une usine de montres emploie des ouvrières peignant des cadrans et utilisant une substance toxique, le Radium.
Innocentes, naïves, elles travaillent à une cadence soutenue, touchant la peinture avec leurs doigts et mouillant leurs pinceaux, ce qui vous imaginez bien, est très délétère. A l'aune de notre savoir contemporain, aujourd'hui, ce serait une hérésie de travailler avec ce genre de matériau hautement toxique. Mais dans les années Folles, aucun fait scientifique n'a été discuté (du moins dans la version officielle).
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Malgré une prise en main un peu difficile au début car peu habituée à des esquisses de visages pointus des personnages, j'ai complètement adhéré à l'ambiance générale du dessin.
Le trait est expressif, on sent ce mouvement joyeux et vif jusque dans le dessin sobre. Les croquis aux crayons de couleur sont pratiquement monochromes (le vert et le violet/mauve, ce côté frais et girly qui marque l'ambiance et fait le contrepoint avec le thème dramatique de l'histoire).
Certaines pages sont muettes de texte et appuient la forte teneur de cette souffrance (maladie, cancer) des protagonistes. Malgré la sobriété de l'ensemble, quelques détails sont quand même à souligner : on sent que l'auteure s'est très bien documentée notamment pour les objets du quotidien inhérents à l'époque.

D'un papier épais où le pigment de la couleur est bien marqué, la peinture phosphorescente sur les visages sur la couverture est un clin d'oeil au radium luminescent: l'éditeur a soigné l'objet-livre.
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L'histoire tragique, presque oubliée de tous, m'a serré le coeur. Ce fait historique médical,qui est tout de même un scandale de santé publique et dont j'ai comparé avec le saturnisme (ingestion de plomb encore décrié aujourd'hui).
Ces jeunes femmes insouciantes appelées Ghost girls, avec un destin tragique n'ont pas pû faire le poids avec les géants de l'industrie, en témoignent les nombreux procès.
Je vous avoue que j'ai franchement été remuée par ce récit.
Oui, il faut mettre en lumière toutes ces vies oubliées. D'ailleurs, à la suite de ce scandale, la loi américaine protège dorénavant les ouvriers.
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Ce roman graphique trône désormais dans la bibliothèque de ma fille aînée (à qui j'ai fortement recommandé cette lecture). Je gage qu'elle va le prêter à ses amies.
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PS: petit bonus en fin d'ouvrage avec de la documentation sur ce combat de longue haleine.
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Grand merci à Aelinel qui m'a fait découvrir cette BD vers laquelle je ne serais jamais allé spontanément.

Faut dire que j'ai un peu de mal avec l'idée d'un « roman graphique » estampillé sérieux soit systématiquement associé avec un dessin typé art moderne ou simpliste, comme si la qualité graphique nuisait à l'histoire.
Le dessin de Radium Girls est loin de ma zone de confort donc. Des personnages stylisés, esquissés, peu de profondeur ou de perspective, coloriés au crayon de couleur. Un peu comme si on animait des personnages de toiles du début du 20ème siècle, issus de Cézanne ou de Modigliani.

Et pourtant, dès que j'ai commencé je n'ai pas pu le lâcher. Ce dessin qu'a priori je n'aime pas accompagne à merveille l'histoire tragique et vraie de ces jeunes américaines au sortir de la première guerre mondiale. Ces jeunes femmes sont immédiatement reconnaissables entre elles, de physique comme de caractère.
Elles vivent le début des années folles. Leur émancipation a commencé : elles travaillent, font la fête ou vont à la plage entre filles et, merveille, on leur accorde le droit de vote. Elles ont devant elles une belle vie.
Seulement voilà. Elles sont employées par une société qui conçoit des réveils dont les chiffres sont peints avec une peinture au radium qui les rend phosphorescents la nuit. Les filles doivent lisser le pinceau avec leurs lèvres, l'imprégner de peinture et l'appliquer sur les chiffres. Visiblement, la dangerosité des radiations n'est venue à l'idée de personne.

Voire… l'auteure Cy nous montre les ingénieurs et techniciens à l'étage, masque sur le nez, manipulant des éprouvettes avec des pincettes. La dangerosité il en sont conscient, mais la vie des filles… comptent pour des prunes irradiées.
Et on voit ces filles heureuses, au début, de montrer leurs mains phosphorescentes dans la nuit, puis avoir mal aux dents et aux pieds, puis tomber malades… et mourir.
Il t aura procès, mais que peuvent de pauvres filles face à la puissance d'une société. le gagnant est le plus riche.

Cette histoire que je ne connaissais pas du tout est terrible et choquante. Ces jeunes filles tellement attachantes qui rayonnaient de vie et de radiations ont vu leurs vies fauchées ; une vie qui ne comptait pas assez pour que leur employeur prenne des précautions.

Un album que je recommande à toutes et tous.
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Les graphisme est réalisé au crayons de couleur, avec une gamme dans les violet, agrémenté d'un vert pastel, volontairement proche du vert phosphorescent des cadrans d'horloges. Pas de cernés, les traits sont dans la même gamme de couleur, légers, crayonnés, pastels, les formes sont assez géométriques, j'y ai vu une références aux mouvements artistiques de l'époque, futurisme, cubisme… J'aime cette façon de coller au temps en fonction de l'histoire de l'art, cela illustre tout à fait l'esprit du temps.
Les Radium Girls sont des ouvrières qui travaillent dans une entreprise d'horlogerie, elles peignent les chiffres des cadrans d'horloges avec une peinture phosphorescente au radium. C'est une époque où l'on connaît encore assez mal les effets de la radioactivité sur le corps, mais c'est surtout une époque où la santé au travail n'est qu'un détail sans importance, au dépend de la rentabilité.
L'histoire que nous raconte Cy est une histoire vraie, une histoire qui a coûté la vie à un certain nombre de jeunes femmes mais qui aura le mérite de faire évoluer les choses dans le domaine du droit du travail concernant la protection des travailleurs.
Elle a fait le choix judicieux de le raconter du point de vue de ces ouvrières, en ne s'attachant pas particulièrement sur le combat juridique lui-même, mais plutôt sur leur personnalité, leur joie de vivre brusquement éteinte, leur insouciance, leur naïveté face au monde cruel du travail et leur ignorance qui bénéfice à d'autres, elles aiment aller au cinéma, au bal, elles sont un peu commères, et dégagent une bonne humeur malgré les coups durs, jusqu'à ce qu'ils deviennent trop durs et qu'elles découvrent trop tard la duperie. du coup, cela ouvre sur des domaines encore plus universels que le simple thème de la protection du travailleur, c'est à dire le féminisme, l'empoisonnement par le milieu industriel : ce n'est pas interdit, donc on peut s'en servir (vous en servir !)... Bref, sur le sujet des lobby industriels qui prennent les gens pour des cons. Cet aspect du problème ne semble pas avoir beaucoup évolué depuis, il y a encore très peu de temps, on mettait de l‘aluminium dans le pain de mie pour qu'il soit plus blanc, ou dans les déodorants (ce n'est toujours pas officiellement interdit !). 100 ans après, on est encore à montrer du doigt telle ou telle entreprise faisant travailler des enfants dans des conditions déplorables.
L'histoire de ces Radium Girls, telle qu'elle est racontée ici est un sujet d'indignation, elles ont été sacrifiées sur l'autel de la rentabilité.
Il faut lire Radium Girls parce que c'est raconté de façon simple, sensible et touchante, un livre militant et plein d'humanité et traité avec un graphisme audacieux et judicieux.
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1918 - Etats Unis : du travail à foison pour ces jeunes filles qui doivent peindre les chiffres de montres ... Léchez le pinceau - trempez dans la peinture - peignez ... Rien de bien compliqué et c'est dans la bonne humeur que ces jeunes femmes effectuent leur tâche.
Mais cette peinture est au radium, personne ne s'inquiète des conséquences possibles de ce produit à long terme. On en fait même des crèmes pour le visage et des fortifiants alors ... alors quelques années plus tard les filles commencent à avoir d'étranges symptômes et finalement meurent, les unes après les autres.
Les survivantes devront lutter avec acharnement pour faire reconnaitre le lien entre le radium et les décès de leurs camarades et ce combat aboutira à la création de l'OSHA - Occupational Safety and Health Administration - l'agence fédérale de protection des travailleurs américains.
Un roman graphique très instructif qui nous plonge dans les années 20, les années folles, la prohibition, et nous rappelle que la protection des travailleurs n'est pas si ancienne!
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Une très belle BD avec une couverture originale au vu de sa fluorescence. Les graphismes et la mise en couleur sont également très beau. Concernant l'histoire je l'ai trouvé très intéressante. Elle met en avant un fait historique peu connu et le combat de ses femmes pour la reconnaissance de leur pathologie liée au radium. Une très belle leçon de courage que le combat de ses héroïnes
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Un album très enrichissant qui raconte au travers d'un groupe d'employés l'un des premiers scandales sanitaires lié à l'industrie. Nous sommes dans les années 20 où la découverte des propriétés du radium pousse les industriels à l'utiliser dans de nombreux domaines. Les ghost girls bientôt rebaptisées Radium girls peignent les chiffres des cadrans de montres pour les voir briller la nuit. Pour aller vite elle utilise la technique du Lip. Dip. Paint. Autrement dit lisser le pinceau avec les lèvres, le tremper dans la peinture et peindre... Seulement à chaque fois, elles ingérent du radium..
Une très belle découverte augmentée d'une interview de Cy qui a réalisé cet ouvrage où l'on apprend notamment qu'elle n'a utilisé que huit crayons de couleurs différentes.
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Énorme coup de Coeur pour ce roman graphique

Ce livre, très poignant est tiré d'une histoire vraie et dramatique.

«Lip, dip, paint »! 3 mots pour 3 mouvements qui résume une technique : des ouvrières du New Jersey appliquent un produit miracle sur 250 cadrans de montre chaque jour.
Ce produit miracle, qui permet de lire l'heure dans le noir, n'est autre que le radium (découvert en 1898 par Marie et Pierre Curie).
De 1917 à 1926, les ouvrières de la United State Radium Corporation vont ainsi être exposées à des radiations mortelles.
Ces femmes vont comprendre qu'elles sont victimes d'un empoisonnement incurable au radium à cause de leur technique de travail, le fameux «lip, dip, paint ».
Ce livre raconte ce combat de femmes.
Les «Ghost girls » deviennent pour la presse les Radium Girls.
Elles vont attaquer en justice la firme qui les a condamnées en connaissance de cause, pour faire valoir leurs droits.

L'auteure Cy s'est appuyée sur la biographie de Kate Moore «The Radium Girls: the Dark Story Of America's Shining Women » (2017) qui explore cette histoire vraie.
Des ouvrières peignant des cadrans de montre, au radium!! Littéralement empoisonnées, sacrifiées sur l'autel du progrès.
Le combat que vont mener ces pauvres femmes mènera à l'adoption de lois importantes permettant aux ouvriers américains de poursuivre en justice leur entreprise pour préjudice subi au travail.
Ce roman graphique est une très belle façon de mettre en lumière cette tragédie méconnue.
Pour faire revivre ses héroïnes, condamnées par la radioactivité, Cy n'hésite pas à utiliser un panel de couleurs qui va du rose au bleu, avec beaucoup de violet (couleur qui se rapprocherait le plus du radium).
Les traits sont épurés, rendant l'atmosphère de ces pages à la fois étrange et douce.
C'est une vraie réussite.
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Une BD sur les "Ghost girl", des femmes contaminées par la peinture au radium dans leur usine. Pendant les années d'entre-deux-guerres, l'USRC fabrique des montres qui affichent l'heure dans le noir grâce à "l'undark", une peinture au radium. Les ouvrières mouillent le pinceau dans leur bouche, prennent de la peinture et l'appliquent sur le cadran, puis recommencent....Elles s'habituent au goût , s'amusent de leurs mains qui brillent dans le noir le soir mais sont encore loin de de se douter que leur funeste destin est déjà enclenché.
J'ai beaucoup aimé cette BD, je trouve que le récit est bien amené et surtout qu'il est immersif. Pourtant je n'aimais pas le dessin mais je m'y suis fait et au final il est pas si mal. J'ai aussi appris ce triste destin "des filles au radium" et les conséquences de leur combat. Intéressant, édifiant.
Challenge BD 2023
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Tout d'abord, j'ai été séduite d'entrée de jeu par le dessin souvent très graphique, j'entends par là structuré à partir de figures géométriques vraiment visibles, mais que je trouve très douces et élégantes, dans l'esprit des cubistes ou de Tamara de Lempicka mais en plus souple, en partie je pense grâce à la colorisation au crayon de couleur et presqu'uniquement en camaïeu de vert (radium...) et de violet, souvent très subtil, qui joue incroyablement avec les ombres et lumières. le cadrage est souvent finement réfléchi, entre petits et grands formats, page ou double-page, grand angle et zoom. S'y ajoute un sens du mouvement époustouflant, notamment dans une scène de danse et dans une scène de bain de mer : on a l'impression d'y être, d'entendre la musique et le ressac de la mer, de se trémousser avec les danseurs et danseuses sur la piste et de se laisser bercer par les vagues et éclabousser par l'écume.

La première moitié pose le cadre initial et les décors sont riches et très ancrés dans la réalité. Dès lors que le première fille décède, le décor se vide et s'éclaircit, cela m'a donné une impression de perte de repères, renvoyant au malaise de ces femmes qui se découvrent tour à tour touchées par les effets néfastes du radium. On termine avec une phase de lutte judiciaire où le monde en arrière plan a retrouvé sa place, les travailleuses ayant décidé d'affirmer leur combat.

Vous l'aurez compris, pour le travail graphique, je vais même au-delà des cinq étoiles.

Pour ce qui est du scénario, je suis un peu plus mesurée. Les trois étapes ne me semblent pas traitées de manière suffisamment équilibrée. J'ai beaucoup apprécié la première partie qui nous plonge dans le quotidien de ses femmes et installe leur complicité, qui est parfois discordante, leur travail à l'usine, leurs loisirs, leurs préoccupations. La compréhension de l'ampleur des dégâts provoqués par le radium et sa démonstration me semblent avoir une juste place. La dernière partie, traitant des poursuites judiciaires, me semble trop rapide et ne permet pas suffisamment à mon sens de comprendre les difficultés rencontrées face à l'Institution et aux grandes forces capitalistes de l'époque.

Évidemment, j'ai été touchée par le destin tragique et l'injustice subie par ses femmes pleines de vie, révoltée mais pas surprise par l'inconséquence des patrons, effrayée par la publicité des produits au radium (qui montre aussi que la prise de conscience de sa dangerosité n'avait pas encore eu complètement lieu).

Malgré mon petit bémol, pour moi c'est une lecture forte extrêmement bien servie par le dessin.

Et le petit truc en plus : la couverture est phosphorescente dans le noir :-)
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