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Citations sur Je me souviens... (50)

Un enfant n'a jamais les parents dont il rêve.
Seuls les enfants sans parents ont des parents de rêve.
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Le tempérament, c'est l'apprentissage d'un style relation. C'est une sorte de "goût", c'est ce "goût du monde" que l'on acquiert très tôt dans la vie. Il y a des gens qui goûtent le monde de manière amère, d'autres qui le goûtent de manière sucrée, il y a des goûteurs gais et des goûteurs tristes, des goûteurs accueillants et des goûteurs hostiles. Et ce "goût du monde" explique nos réactions souriantes ou méfiantes, intellectuelles ou désespérées. Ce goût du monde est une empreinte très précoce.
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« Rebelle » signifie « se déterminer par rapport à soi ». C'est-à-dire que, même si cet adulte que je connais bien, dit : « Ça, c'est important ! », moi âgé seulement de trois, six ou onze ans, j'ai ma petite idée sur la question, et je pense autrement ! « Rebelle », ce n'est donc pas « opposé », ce peut même être « D'accord, mais pas jusqu'à la dépersonnalisation ! » Aujourd'hui encore, je suis toujours gêné par ceux qui récitent trop bien la doxa, le discours convenu, les stéréotypes. Les croyants m'inquiètent, les douteurs me rassurent. J'éprouve le même sentiment pour nos collègues qui se soumettent à toute récitation, qu'elle soit biologique, psychologique ou sociologique. Les bons élèves me dérangent. C'est peut-être cette réaction qui explique mon cheminement atypique.
p. 83
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De l'émotion qu'on éloigne, on fait une représentation, c'est-à-dire qu'on « re-présente » dans sa mémoire un événement passé. La résilience ne peut donc s'effectuer que dans l'après coup. Sur le coup, on souffre, on panique, on a peur, on n'a pas peur, on se défend, on se débat comme on peut. Mais dans l'après coup, quand la représentation est possible, quand le milieu familial ou culturel permet de faire ce travail de représentation on cherche alors des mots, on tente de convaincre, on élabore des stratégies psychologiques pour que le trauma ne revienne plus. C'est cette mobilisation qui met l'émotion à distance et permet d'être maître de la situation. On fait ainsi un travail de résilience. Car l'émotion se transforme, se métamorphose. Beaucoup d'anciens blessés, d'enfants traumatisés, m'ont expliqué qu'ils avaient tenté de retrouver les archives sur les circonstances de leur souffrance. Ils ont alors pris du plaisir à comprendre ce qu'ils avaient vécu et ont métamorphosé leur souffrance en œuvre philosophique, en création théâtrale… Beaucoup de « traumatisé » de la vie mettent en scène au théâtre ce qu'ils ne peuvent pas exprimer directement. C'est dur de dire à quelqu'un : « Voilà ce qui s'est passé, voilà ce qu'était ma vie ».
P. 100
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Un autre mécanisme de défense, le déni, consiste à éviter d'évoquer ce qui fait souffrir. Enfant, je me rappelle d'une très belle gravure de Gustave Doré dans la Bible, une gravure de Loth et de ses filles. Chacun s'en souvient, Dieu dit à Loth : « Ne te retourne pas, ne regarde pas en arrière les incendies de Sodome, sinon tu seras transformé en statue de sel. » Pour moi, à l'époque, ce sel ne pouvait être que le sel des larmes. J'ai donc fait de cette histoire une règle de vie : « il me faudra toujours aller de l'avant, ne jamais pleurer, jamais me plaindre, ne pas me retourner. » Ça a été jusqu'à présent ma stratégie de survie. Comme tout ce qui enclenche un processus de résilience. Ça a été ma stratégie d'existence…
Page 63
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Alors, comme pour moi le danger venait des hommes, les seules relations humaines, je les avais avec les animaux. C'étaient les seuls etres amusants, poétiques, intéressants.
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Cet homme, par exemple, qui m'a interpellé avec émotion en public–« Boris, nous t'avons caché, tu étais à la maison. »– se souvenait de mon nom, c'est comme ça qu'il s'est rappelé de moi et qu'il m'a donné des détails prouvant qu'il disait vrai, qu'il m'avait recueilli et s'était occupé de moi. Ce dont je ne me rappelle absolument pas. Le déni est ainsi un facteur de protection, c'est-à-dire qu'il permet de moins souffrir et d'aller de l'avant, sinon on reste prisonnier du passé.
P. 46
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Adèle ne parlait jamais. Moi, je la considérais comme une nantie, puisqu'elle avait une chambre avec un lit. Mais je crois, en réalité, qu'elle souffrait plus que moi. Les coups, ça ne fait mal que sur le moment, alors que l'humiliation ça fait souffrir en permanence dans la représentation que l'on en a.
P. 35
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En fait, je me rends compte qu'il est plus facile de réfléchir que de revenir sur les traces du passé. C'est-à-dire que réfléchir -par opposition à la confrontation au réel - permet de maîtriser l'émotion. La réflexion n'est pas soumise au passé, alors que si je devais faire revenir des souvenirs, peut-être me remettrais-je à pleurer, peut-être aurais-je peur, peut-être me sentirais-je abandonné… ce que j'ai combattu toute ma vie.
P. 59
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Je n'ai donc pas entendu cette phrase - ou je l'ai oubliée- et cet oubli a donné une cohérence à mon récit.En fait, c'est le faux souvenir qui a rendu mon récit cohérent, puisque le réel était folie.
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