Même quand tout va bien, un indice suffit pour réveiller une trace du passé. La vie quotidienne, les rencontres, les projets enfouissent le drame dans la mémoire, mais à la moindre évocation, une herbe entre les pavés, un perron mal construit, un souvenir peut surgir. Rien ne s'efface, on croit avoir oublié, c'est tout.
La vie est folle, n'est-ce pas ? C'est pour ça qu'elle est passionnante. Imaginez que nous soyons équilibrés dans une existence paisible, il n' y aurait ni événement, ni crise, ni trauma à surmonter, de la routine uniquement, rien à mettre en mémoire : nous ne serions même pas capables de découvrir qui nous sommes. Pas d'événements donc pas d'histoire, pas d'identité. Nous ne pourrions pas dire : " Voilà ce qui m'est arrivé, je sais qui je suis puisque je sais ce dont je suis capable face à l'adversité." Les êtres humains sont passionnants parce que leur existence est folle.
Aucune histoire n'est innocente. Raconter, c'est se mettre en danger. Se taire, c'est s'isoler.
Le choix, pour moi, n'est pas entre punir ou pardonner, mais entre comprendre pour gagner un peu de liberté ou se soumettre pour éprouver le bonheur dans la servitude. Haïr, c'est demeurer prisonnier du passé. Pour s'en sortir, il vaut mieux comprendre que pardonner.
La première conséquence d’une désorganisation du milieu autour d’un enfant, c’est qu’il devient incapable d’ordonner sa propre représentation du temps.
Le malheur n'est jamais pur, pas plus que le bonheur. Un mot permet d'organiser une autre manière de comprendre le mystère de ceux qui s'en sont sortis : la résilience, qui désigne la capacité à réussir, à vivre, à se développer en dépit d'adversité.
Dans toute oeuvre d'imagination, il y a un récit de soi. Dans toute autobiographie, il y a un remaniement imaginaire.
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Quand le réel est amer, on se paye des rêves sucrés.
Qu'elle soit collective ou individuelle, la mémoire est intentionnelle: elle va chercher dans le passé les faits qui donnent forme à ce qu'on éprouve au présent.
Qui aurait pu penser que je parlais pour me taire?Les mots que je disais servaient à cacher ceux qu'il ne fallait pas dire.