Un polar très légèrement futuriste, un des romans les plus connus de l'auteur avec
Babylon Babies. Il a obtenu en 1996 le grand prix de l'imaginaire et le prix Rosny aîné.
Nazis, aliens et rayons cosmiques rythment la vie d'Andreas Schaltzmann, qui au nom de sa propre rationalité, va se mettre à tuer. Mais après son arrestation (et je ne spoile pas car c'est écrit dès les premières pages du livre) une équipe de psy et cogniticien aidé par une neuromatrice, intelligence artificielle que son concepteur Darquandier dit dark, a spécialisé dans la compréhension des phénomènes sériels et des tueurs de masse entre en jeu. S'opposant à la bureaucratie aveugle et la justice intransigeante qui tient son coupable, il va devoir contre vents et marées imposer sa théorie : il y a d'autres tueurs dans la nature, et ils sont bien plus organisés et puissants que ce pauvre schizophrène.
En propos liminaire, je tiens à signaler que le côté sf du livre tient essentiellement dans l'emploi de l'IA, du développement de l'internet et des réseaux de communication (le livre a été écrit en 1995, à l'aube de l'internet grand public). Contrairement à ce qu'auraient pu faire penser la quatrième de couverture et/ou la lecture des premiers chapitres, vous n'aurez pas de théories fumeuses sur les ET et autres puissances du mal agissant dans le dos des serial killers. Un bon point d'ailleurs..
En commençant cette lecture, donnée et classée comme sf, je me suis retrouvé engagé dans une zone obscure. Quelle sf ?, c'est du polar noir (lehane-fan au secours), et si les zombies ne vous donnent pas satisfaction en matière d'action sanglante, lisez Dantec. Bienvenue chez les fous, et du sévère.
Mais ce n'est qu'une première et petite partie du livre (125 pages). A. Schaltzmann devient presque anecdotique après l'entrée en jeu de Dark et de sa neuromatrice. Car c'est finalement sur lui qu'est concentré le reste des 750 pages du roman. Sa prise de conscience du phénomène, son opposition à la justice, son renoncement et son retour sur le devant de la scène de la chasse aux criminels aidé par un formidable Watson (qui rempli aussi le rôle d'Holmes d'ailleurs) : son IA ultrapuissante.
Au final, un polar scientifiquement plausible, qui aborde tout un tas de théories tout en restant très lisible, très bien écrit, addictif.