Évidemment, on ne lit pas un polar ou de la SF pour lire de la « grande littérature », mais j'ai eu envie de lire Dantec pour plusieurs raisons : d'abord, pour sa réputation « sulfureuse », disons, car être inconvenant, choquer, etc. n'est-ce pas aussi, dans les meilleurs cas, une façon de ne pas ânonner ce que tout le monde répète déjà, l'expression, parfois, d'une pensée non (ou moins) aliénée ; ensuite, parce qu'il s'agit d'un auteur dont la santé mentale vacillait et à certains moments s'est effondrée : encore une fois, une façon d'être différent et peut-être pertinent : qu'avait à dire sa légendaire paranoïa ? ; enfin, pour le soin qu'il mettait à écrire ses livres en se documentant dans de grandes oeuvres, c'est-à-dire en proposant, au travers de ses fictions comme métaphores de notre monde, une lecture critique cultivée - et peu m'importait que ses thèses soient délirantes ou pas si elles incitaient à (re)penser.
Les racines du Mal, donc… Et où Dantec les situent-ils ? Voilà ce qui m'intéressait.
La première des quatre parties du livre met en scène la folie meurtrière du personnage. Mais il s'agit de ce que tout un chacun peut lire dans le dossier clinique d'un patient psychiatrique : les détails d'un délire paranoïde assez banal finalement, sauf qu'ici le personnage passe à l'acte et tue. D'autre part, les détails atroces des meurtres sont simplement énumérés : on est dans le registre non littéraire du fait divers horrible. Enfin, pas tout à fait… J'ai un peu ressenti comment la folie est affolante et peut engluer quelqu'un dans l'horreur absolue ; le livre prenait du coup un peu vie (l'art/la littérature commence là).
La deuxième partie… Eh bien, aux environs du tiers du livre déjà, il m'est tombé des mains : décidément, non, tout y était rudimentaire ou cliché, autant l'écriture, que les situations, les personnages, l'intrigue même, si faible, et, last but not least, la pensée sous-jacente, une intelligence originale que j'ai cherchée en vain: Dantec n'a rien à dire, son livre est un roman de gare.
Le bouquin m'a donné l'impression d'avoir été écrit par un auteur sans talent, qui se donne de grands airs en faisant valoir les prestigieuses références littéraires, philosophiques, scientifiques et autres présentées au début de son livre et dont il n'a manifestement rien retiré...: de la poudre aux yeux.
Dantec, un pur produit marketing?