Tavernier ! Oui vous, là, le manchot du Nord !
Je faisais escale dans le port du Havre et je me retrouve cloué au lit, un coup de surin dans les entrailles. Vous pouvez m'expliquer ?
Ça a pris du temps mais j'ai compris. En ce temps-là le Norvégien "aidait" les capitaines des fameux trois-mâts à constituer leurs équipages en "aidant" les ivrognes de la taverne à monter à bord pendant la nuit de pleine cuite, souvent des marins entre deux eaux. Si vous résistiez, dans un éclair de lucidité alcoolisée, son acolyte vous "chatouillait" du poing ou de la lame. Ce fût mon cas.
Va savoir pourquoi il m'a récupéré et m'a soigné chez lui... Il aime bien les gens faut croire, comme j'vous dis, il aide beaucoup dans le coin. Sur le port, sa taverne est bien connue.
On a sympathisé, la différence d'âge sans doute et puis il aurait peut-être bien aimé avoir un fils, mais il a eu une fille. Elle me soigne bien et je trouve que Madame Marie est si belle, elle parle bien et a de jolies manières. Tout l'opposé de son paternel. C'est peut-être pour ça qu'il l'a mariée avec le plus dur des capitaines, un monstre. Personne ne veut être de sa galère, l'équipage marche au fouet et croyez moi c'est rude. Comment fait-elle pour vivre avec ce rustre ? Ah si... Marie...
Un très bon roman d'aventures, de la contrebande, des bateaux de légende et des histoires d'amour sur les flots. La belle écriture, raffinée, de Frédéric Dard qui nous embarque loin avec le norvégien manchot.
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Les chansons contiennent, entre la musique et leurs mots, des états d'âme - toujours les mêmes - qu'elles nous restituent magiquement dès que nous les fredonnons.
Jusqu'alors, je n'avais possédé que des yeux distraits, mais à partir de cet instant, je sus faire parler les choses et lire dans le silence des gens. Je sais maintenant que la souffrance est rouge, d'un beau rouge lumineux, et que la peur a un goût sucré.
Les hommes aiment à parler, ils ne disent pas toujours ce qu'ils pensent, mais ils finissent souvent par penser ce qu'ils disent.
Je n'osais donner signe de vie : il y a, en suspens dans le temps, des durées qu'un seul souffle peut disperser.
(...) je ne bois pas d'alcool pour la bonne raison que j'en vends... Dans la vie, il faut savoir choisir ; je suis un tavernier, non un alambic.
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* :
San-Antonio, _Réflexions définitives sur l'au-delà,_ morceaux choisis recueillis par Thierry Gautier, Paris, Fleuve noir, 1999, 120 p.
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