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EAN : 9791091555593
272 pages
Atelier des Cahiers (12/02/2019)
3.9/5   10 notes
Résumé :
On parle beaucoup de la Corée du Sud, sans parfois bien la connaître. Aussi a-t-on parfois le sentiment d’une litanie de clichés venus de loin, qui parlent plus de nos fantasmes au sujet du pays du Matin calme que de la réalité de cet Orient extrême. La Corée change, beaucoup et très vite, contrairement à nos images à son sujet. Pour savoir ce qui se passe dans ce grand petit pays, qui de mieux placé qu’Ida Daussy, la Française la plus célèbre de Corée du Sud ? Le r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Pendant ses études de commerce international, Ida Daussy choisit la Corée du Sud pour effectuer son stage obligatoire. Séduite par l'expérience, elle y revient, maîtrise en poche, pour un séjour d'un ou deux ans. C'était il y a 27 ans. La jeune normande a rencontré l'amour, fondé une famille et mené une brillante carrière à la fois universitaire et médiatique. Française la plus connue de Corée, elle est à maintenant 50 ans une femme épanouie qui a fait son chemin dans son pays d'adoption, y a connu le bonheur mais aussi quelques difficultés. Forte de sa connaissance de la Corée, elle livre dans Corée à coeur un essai sociologique où elle aborde des sujets qu'elle maîtrise bien et qui, comme le titre l'indique, lui tiennent à coeur. Loin des clichés et se servant de son expérience personnelle comme d'un fil rouge, elle raconte ce pays qui est devenu le sien, qu'elle a vu évoluer et s'ouvrir au monde.

Même si Ida Daussy est en Corée une personnalité médiatique qui a participé à de nombreuses émissions, du talk-show à la télé-réalité, il ne faut pas s'attendre ici au récit autobiographique riche en révélations croustillantes de la ''petite fiancée des Coréens''. Bien sûr, elle s'appuie sur ce qu'elle a vécu pour illustrer ses propos, mais son essai fait montre de solides connaissances et d'un vrai travail de documentation. Elle y brasse les sujets d'importance qui bouleversent le Pays du matin clair en constante évolution : la multiculturalité qu'elle vit au quotidien, elle qui après son divorce est devenu chef de famille avec deux enfants franco-coréens à charge ; l'immigration et le racisme : la place des femmes dans une société misogyne, l'éducation des enfants, l'amour et la sexualité ; le choc des générations et l'avenir d'un pays à la population vieillissante.
On y découvre les multiples visages du pays, une société qui s'est modernisée à un train d'enfer mais dont les mentalités restent figées par le confucianisme, une population qui a survécu à l'invasion japonaise, à la guerre, à la dictature, à la crise asiatique, et qui toujours se relève, prête à accepter de nouveaux défis. Ida Daussy a fait sa vie et sa carrière dans ce pays qu'elle aime avec suffisamment d'objectivité pour en voir aussi les défauts. Son bonheur, son mode de vie, ses activités en tout genre et bien sûr sa famille, elle les a construits jour après jour et il lui a fallu triplement se battre en tant que femme, étrangère et divorcée. Son avenir, elle le voit, chez elle en Corée, dans son pays de coeur qui saura encore une fois évoluer pour le meilleur.
Une approche exhaustive des problèmes de société de la Corée d'aujourd'hui, un panorama complet et passionnant de ce pays assez méconnu, car plus discret que son voisin du Nord.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Atelier des Cahiers.
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J'ai lu cet essai en duo avec Korrigan, sa critique rejoint donc la mienne.

Un essai très dense et éclairant sur la Corée du Sud. Évoquant les traditions, la culture et un peu de l'histoire du Matin calme, il nous fait voyager et nous donne un goût d'ailleurs, un goût d'Asie. On comprend comment se sont ancrées les mentalités. La misogynie, la notion de "race pure", la discipline, la soumission, la peur et parfois la haine de l'étranger, la terrible exigence de réussite inculquée dès le plus jeune âge, l'oubli de la personnalité, de l'imaginaire de chacun, l'obligation de toujours penser et vivre collectivement.
La rébellion de la nouvelle génération lui permettra de chasser l'ignorance et les inégalités, de s'ouvrir encore davantage à l'international, pas seulement pour le commerce mais aussi pour le partage culturel, d'alléger le poids de certaines traditions archaïques. « le dragon est sorti du ruisseau », comme le dit le proverbe local, il est temps de lui donner des ailes.
Je me suis étonnée de la fascination des Coréens pour la France. Leur pays n'est pas moins fascinant. Les liens des vidéos jointes dans la critique de Korrigan valent le détour.

En tout cas c'est un essai qui ouvre une belle fenêtre et qui donne envie d'en découvrir davantage sur l'Histoire de la Corée.
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De la Corée je ne connaissais pas grand-chose à part les groupes de K-pop pour la Corée du Sud et le président Kim Jong-un et ses bombes pour la Corée du Nord. Alors j'ai voulu en savoir plus en cochant ce livre proposé par la masse critique de Babelio.

C'est un essai très dense sur la Corée du Sud écrit par Ida Daussy. Elle est la française la plus célèbre de la Corée du Sud et vit là-bas depuis vingt-sept ans.

Le pays du Matin calme bouge mais les mentalités sont à la traîne. Le divorce, le statut des femmes, l'éducation des enfants, le regard sur l'étranger, le respect du maître, la vie en collectivité, doivent être remis en question pour avancer. Il faut écouter la jeunesse qui ne veut plus vivre avec des principes ancestraux. Il faudrait en garder ce qui fait la beauté de la Corée, mais rejeter ce qui bride l'élan, la liberté de choisir sa vie, la créativité, l'épanouissement personnel, et l'égalité des chances.

« Pour que cette nation vive, Confucius doit mourir »

Derrière les groupes de K-pop se cachent parfois des drames. Les stars du K-pop et la jeunesse coréenne en général ne sont pas si heureux que les médias le montrent. Les vieux et les femmes, célibataires ou divorcées, les enfants issus de familles multiculturelles, et les femmes venues d'ailleurs pour repeupler la campagne et les enfants qu'elles mettent au monde, souffrent aussi d'être mis à l'écart et dévalorisés.

Je trouve que cet essai montre bien que devenir une grande puissance mondiale ne veut pas dire être heureux. J'ai aimé découvrir les vidéos ci-dessous :

https://www.youtube.com/watch?v=kqfGKVxDcfw
https://www.youtube.com/watch?v=l0S88EN2Suo&feature=youtu.be

Je n'ai pas entièrement lu cet essai car il est riche et certains passages trop développés m'intéressaient moins que d'autres. Mais j'y reviendrai plus tard. J'ai lu cet essai en duo avec Gouelan pour aller plus facilement à ce qui me touchait le plus, et pour qu'elle me souligne les passages essentiels.
Je remercie Babelio et les Éditions Atelier des Cahiers * pour ce regard très intéressant sur la Corée. Je vous le conseille car on y apprend plein de choses sur ce pays fascinant du Matin calme.

* L'Atelier des Cahiers est une maison d'édition française qui propose des ouvrages offrant des regards croisés entre l'Europe et l'Asie de l'Est avec un ancrage autour de la Corée.
http://www.atelierdescahiers.com/


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Après avoir lu un peu d'histoire sur la Corée, j'avais très envie d'en connaître plus mais surtout découvrir cette Corée contemporaine. C'est un essai très fouillé sur un pays en pleine mutation. L'autrice s'installe en 1991, se marie avec un coréen et devient une figure médiatique vedette: "la petite fiancée française". C'est déjà un exploit au vu de la difficile ouverture des Coréens vers l'extérieur (sur base historique).
Elle commence par nous parler de son divorce qui je l'avoue m'a donné des frissons! Divorcée, mère célibataire, une situation mal acceptée en Corée encore soumise aux règles strictes du confucianisme. Elle soulève le pan de la condition féminine avec de nombreuses données, la relation de haine entre hommes et femmes, la sexualité, l'éducation, le travail en entreprise, beaucoup de thèmes sociaux qui sont en pleine évolution.
Ce qui m'a le plus frappé c'est le chapitre sur la jeunesse qu'elle résume bien en cette phrase: "si jeunes, si performants et si tristes".
Cet essai mérite le détour car ce témoignage empirique et bien documenté nous ouvre les portes du Pays du Matin calme actuel avec tous ses paradoxes et son devenir. Je l'ai trouvé vraiment très intéressant car il dresse un portrait sans clichés de ce pays fascinant.

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Un essai dense et très instructif ! Ida Daussy nous livre ses observations sur la Corée, dont certaines sont savoureuses pour leur côté paradoxal, et pourtant si souvent ressenti lorsqu'on a vécu dans ce pays... Plusieurs thématiques sont abordées : le divorce en Corée, la vie de mère célibataire de famille multiculturelle, sa famille, la misogynie en Corée ...
A travers le récit d'expériences très personnelle, l'autrice nous livre un regard particulier sur un pays qui est désormais le sien, et nous invite ainsi à réfléchir sur la différence au delà des clichés souvent véhiculés sur la Corée. Un vrai plaisir !
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
À l'époque de la dynastie Yi, la période du Joseon, le pays fut profondément marqué par cette interprétation officielle de la pensée de Confucius du XIVe au XXe siècle : cette philosophie et idéologie confucéennes venue de Chine au XIIe siècle était alors à son apogée au pays du Matin calme. Afin de régir la société et la famille, Confucius avait ainsi défini, à travers sa philosophie, cinq grandes relations de base (oryun) sur lesquelles reposent les grandes règles morales et les relations sociales de certaines sociétés asiatiques : justice, vertu et fidélité entre le roi et ses sujets ; affection (soin et respect) entre le père et le fils ; étiquette, respect et justice entre le mari et la femme avec une claire séparation des positions et des devoirs ; soumission des plus jeunes aux plus vieux ; confiance entre amis. La version coréenne plaçait clairement les femmes au bas de toute hiérarchie sociale. Ces principes influencèrent alors profondément la société coréenne et ce, jusqu'à aujourd'hui. Le code civil de l'époque du Joseon autorisait ainsi les hommes à répudier leur femme pour cause de "défauts" ou de "manque", à savoir : ne pas donner naissance à un fils, négliger ses beaux-parents, être impure (en cas d'adultère), jalouse, voleuse ou simplement bavarde ! A contrario, il est à noter que rien n'était alors expressément stipulé pour sanctionner d'éventuels manquements du côté des hommes.

p.40
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Aujourd'hui, l'étranger de passage en Corée considérant les coréennes, leur sophistication, leur apparence et leur comportement pensera au premier abord forcément que ce dont je viens de parler appartient résolument au passé. Les Coréennes du XXIe siècle semblent être partout dans la société, elles paraissent si belles, dynamiques et sûres d'elles-mêmes, du moins à Séoul ! Pour une première approche de cette société, l'illusion est parfaite. Il n'empêche, sept siècles de confucianisme auront laissé des traces au pays du Matin calme et quoi que l'on puisse dire, nombreux sont encore les Coréens d'aujourd'hui à penser que l'homme est le Ciel et la femme la Terre, donc son inférieure, son faire-valoir, qui n'a pour seul devoir et raison d'être que de faire des enfants et veiller à la réussite et au bonheur de son mari et de sa famille. Comme je l'expliquais dans mon précédent ouvrage (Ida au pays du Matin calme) le Livre des mutations, l'un des grands classiques du confucianisme, spécifiait clairement : "malheur à qui épouse une femme audacieuse et forte". La mentalité populaire a bien intégré le concept et nombreux sont le proverbes populaires qui reprennent ces principes : "Une femme, c'est comme la vaisselle, il est souhaitable qu'elle ne quitte pas la maison" ; ou encore : "L'avenir de la femme dépend de l'homme qu'elle rencontre".

p.122
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Pourquoi tant de haine ?

Au-delà de ça, pourquoi donc tant de haine et de ressentiment face à "l'étranger" vivant en Corée ? Les spécialistes s'entendent pour justifier cela tout d'abord par l'histoire contemporaine, mais aussi en constatant "le manque d'éducation du peuple coréen à ce sujet" (Kim Ji-Yoon, dans un article du Figaro daté du 29 septembre 2014).
Le peuple coréen a vu son pays passer du statut de pays laminé et sous-développé après la guerre de Corée en 1953 à un statut de pays développé caracolant en un peu plus de soixante ans à la onzième place des grandes puissances économiques de la planète. tout est allé trop vite et les mentalités n'ont pas toujours suivi le développement et l'ouverture du pays à l'international. Le pays avance au pays technologique, et pourtant résolument à la traîne en matière de développement social sur certains sujets. Kim Ji-Yoon, chercheur à l'Institut ASAN d'étude politiques de Séoul, l'explique ainsi dans l'article cité plus haut : "Je crois que ce genre de chose s'explique largement par l'ignorance. Cela émane de gens qui ne savent pas vraiment ce qu'est le racisme, ce qu'on doit ou ne pas dire. Nous n'avons pas encore reçu ce type d'éducation". Une récente enquête "World values" classait ainsi la Corée cinquante et unième sur cinquante-neuf pays en matière de sensibilisation raciale.

p.62
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Si jeunes, si performants et pourtant si tristes...

Cette angoisse mortifère touche aussi les plus jeunes d'entre eux. En mars 2015, un fait divers, symptomatique de la situation, épouvanta et souleva le cœur de tous les parents du pays : suite à de nombreuses plaintes de parents d'élèves, l'éditeur Chulgani se trouvait contraint de rappeler d'urgence en magasin son recueil de poèmes d'enfants intitulé "Simple Dog". La raison ? Une fillette de dix ans y suggérait tout en poésie une méthode pour ne pas aller en classe... Titré "Le jour où tu ne veux pas aller au hak-won *", le fillette énonçait comme une recette de cuisine comment dévorer sa mère pour ne pas aller étudier :

"Quand tu n'as pas envie d'aller au hak-won, fais ainsi :
Mâche et mange ta mère
Fais-la bouillir et mange-la, fais-la cuire et mange-la
Retire ses globes oculaires et mange-les
Enlève et jette toutes ses dents
Arrache ses cheveux
Débite-la en morceaux et mange-la en soupe
Si elle verse des larmes, lèche-les toutes
Et mange son cœur en dernier.

C'est là le plus douloureux"

*hak-won : instituts privés où se rendent tous les élèves du pays pour y étudier en plus de leur cursus scolaire de base.
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Tous les commerçants du quartier connaissent donc mes enfants et la dame de la supérette, nous voyant sans lui (l'aîné), vient tout naturellement et gentiment aux nouvelles :
- Alors ? Il est où le grand finalement ? Il n'est plus avec vous ?
Je lui réponds tout de go :
- Et bien, ça y est, il a eu son bac scientifique en juin dernier, il est parti en France pour la suite de ses études.
Et là, il faut comprendre que pour dire cela en coréen, j'utilise naturellement le terme yuhak gatda, littéralement, "il est parti (à l'étranger) pour ses études... (je rappelle que mon fils est né d'un papa coréen en Corée où il a vécu toute sa vie jusqu'à ses dix-huit ans !)
- À l'étranger ? s'étonne-t-elle en éclatant de rire... Il n'est pas "à l'étranger" ! Il est en fait rentrer chez lui ! Ha, ha, ha !
- Rentré chez lui ? Mais il est aussi Coréen que vous, mon fils !
- Mais, vous voyez ce que je veux dire... il est français, pas vraiment Coréen... il est en fait rentré chez lui..., ajoute-t-elle, à peine gênée. Et ça se passe bien ? Il est content ?
- Bien sûr... tout va bien... Il est content... Merci ! Au revoir ! J'écourte bien vite la conversation.
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Vidéo de Ida Daussy
Dans cette dernière vidéo, Ida Daussy nous parle de la Corée du Nord. À l'heure ou le rapprochement entre les deux Corées, est plus que jamais d'actualité, il est important d'apprendre à trouver les bonnes sources journalistiques pour être bien informé.
Découvrez en plus sur le dernier livre d'Ida Daussy, "Corée à coeur" : https://coreeacoeur.weebly.com
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